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QUATRIÈME ANNÉE. N» 4 15 AVRIL 1868.
employé. L’au teu r n ’a pas reculé ilerrière ses assertions, q u ’il persiste à reg.irder comme
incontestables, mais il a soin d ’insistor en même temps sur les conditions sine quâ non qu ’il
avait indiquées to u t d’abord et q u ’on a paru oublier souvent dans la discussion, à savoir
que le but désiré ne doit être a tte in t que dans les conditions les plus favorables, conditions
de sol, de climat, de débouchés, d ’organisation rigoureuse d ’un ja rd in -ty p e ; il
donne, en le commentant, le compte de culture détaillé, dépenses et recettes ; il affirme
que c ette culture bien comprise .arrivera à tel résultat, mais il ne cache pas que c’est là
le nec plus ulirc'i q u ’on puisse obtenir, e t il se garde bien d’assurer que to u t le monde
l’obtiendra, n ’importe comment, n ’importe où ot quand même. Dn reste, sans prendre
fait et cause pour l ’un ou pour les au tre s, j ’avertis avec plaisir les gens sérieux, non prévenus
et qui n ’ont pas leur opinion faite inébranlablem ent d ’avance, que d ’ici à quelques
années ils pourront p o rte r un jugement certain sur la manière d ’o pérer do M. Du Breuil,
sur l ’emploi des cordons obliques entre autres dont plusieurs o n t contesté l ’importanoe,
sur toute la méthode en un mot de l’habile divulgateur. La ville de Paris, après des
années de retards dont elle n ’était pas maîtresse, a confié au professeur du Conservatoire
la création et la direction d’un immense jardin-école, do la contenance de 7 hectares,
q u ’elle fonde à Saint-Mandé, sur le te rra in de la zone militaire, avec ja rd in d ’expériences,
ja rd in d’exploitation e t cours pratiques e t réguliers pour les ja rd in ie rs ; le to u t
est ou bon chemin et en bonnes mains aussi. Là, — on peut s ’en ra p p o rte r au Directeur,
— les systèmes seront impartiablemcnt étudiés e t jugés, et c’est alors q u ’on pourra
se p rononc e r en parfaite connaissance de cause.
Dans un ouvrage de théorie, en a rb o ricu ltu re surtout, les figures doivent forcément
venir en aide à l’intelligence; intercalées dans le te x te , m archant côte à côte avec lui,
elles lui ap p o rten t l’in té rê t et la c la rté ; l ’oeil va de l ’un à l ’autre, sans peine ni travail,
il confronte, il saisit; c ’e st comme un commencement de pratique sous les yeux d e là
th é o rie ; b ientôt figures et texte se confondent et ne fo rm en t plus qu ’un to u t unique,
a ttray an t et précis. Auteur et éditeurs ont bien compris cela, aussi 577 dessins ont-ils
été disséminés intelligemment dans l’ouvrage, dessins d ’une minutie scrupuleuse, pleins
de goût et d’exactitude.
Avec ces nouveaux éléments attractifs ajoutés à to u t ce que contenaient déjà d ’apprécié
e t d ’utile les éditions précédentes, la Culture des arbres et arbrisseaux à fruits de table
ne laisse plus guère de place à des améliorations p ostérieure s; à p a rt les perfectionnements
que le progrès amènera plus ta rd et auxquels to u te oeuvre humaine est soumise,
c ’est bien là l ’ouvrage solide et complet, savant et clair à la fois, tel que peut le désirer
la science arboricole ; c ’est uu ré p é tite u r pour ceux qui savent, un maître élémentaire
pour ceux qui ne savent pas encore. Ce sont ces livres-là qui, tombés parfois entre les
mains d ’oisifs inciili'érents, o n t révélé des vocations subites ; la gravure a parlé aux yeux
en excitant la curiosité, le texte est arrivé p our la satisfaire ; l ’in té rê t a grandi peu à peu,
puis est venue la douce sensation de l ’intelligence qui a saisi, puis l ’ardeur, puis la passion.
On a voulu mieux connaître, on est allé écouter les paroles du m a ître après en
avoir lu les préceptes, on a suivi les praticiens à travers les rangées d ’a rb re s, on a planté
soi-môrae, bêché, arrosé, taillé soi-même, et maintenant, ad ep te a rd en t et convaincu,
la serpette à la main, la sueur au front, le dos courbé et la tête au soleil, on se reqjose,
oubliant tout le reste, au milieu de c ette n a tu re végétale q u ’on admire dans une contemplation
paternelle et q u ’on reg a rd a it à peine autrefois par-dessus l ’épaule.
B d c u e t e t .
LE VERGER
PUBLICATION PÉRIODIQUE D’ARBORICULTURE ET DE POMOLOGIE
REVUE MENSUELLE
CHRONIQUE HORTICOLE.
Le Comité d ’organisation de la grande Exposition horticole de Gand a largement tenu
ses promesses. Nous revenons enthousiasmé des belles plantes que nous avons vues el de
l ’hospitalité qui a été donnée aux ju ré s et aux visiteurs. Gand a soutenu le crescendo de
ses Expositions quinquennales; la vieille cité des fleurs, avec ses seules ressources, ou à
peu p rès, a te n u en échec les grandes manifestations horticoles qui se sont produites
depuis quatre années dans les principaux centres floraux de l ’Europe. Les salles du
Casino, le ja rd in , les cours de cet établissement, regorgeaient de végétaux des espèces
les plus variées, depuis les nouveautés encore médites, ju sq u ’aux vieilles plantes en
énormes exemplaires. P a r milliers, les Rhododendrons, Azalées, Camellias, Palmiers,
Fougères, formaient de vastes groupes aux couleurs éblouissantes, et des galeries qui
dominent la grande n e f du palais élevé à l’h orticulture gantoise, le coup d ’oeil était vraiment
enchanteur. L’Exposition n ’a pas été seulement une fèto locale pour la ville, la
visite du roi, de la re ine et de la famille royale, qui o n t p résidé en personne à la ré c ep tion
hospitalière faite au ju ry international, ajoutait beaucoup à l ’importance de cette
solennité, et la ville pavoisée était en liesse complète. Nous disons ju ry international.
C’e st q u ’en effet, de tous les points de l ’Europe, é taient venus les hommes qui tiennent
un rang élevé dans l’h o rticu ltu re et la botanique. L’Angleterre, l ’Autriche, la Prusse, le
W u rtem b e rg , la Russie môme, sans p a rle r de n o tre pays, avaient là des représentants,
tous connus les uns des autres, et fort heureux de se ren co n tre r dans ces fraternelles
agapes. Les h o rticu lteu rs gantois ont été vainqueurs sur toute la ligne. L’un d ’eux, le
p rincipal lau ré a t, M. Ambroise Verschaffelt, a récolté cinquante-troismédaüles, parmi lesquelles
le prix d ’honneur de la ville de Gand. Nous eussions préféré, au lieu de c ette avalanche
de pièces d ’or et d ’argent, voir la Commission d ire c tric e convertir _les médailles en
un objet d ’a rt, qui prob ab lem en t eût fait plus de plaisiràM. Verschaffelt. M. Van Houtte,
le célèbre h o rticu lteu r d ire c teu r de l’In stitu t de Genbrugge, qui se décide si difficilement
à exposer, était enfin entré d ans la lutte , et ses apports d ’Amaryllis, de P almiers, P andanées,
Camellias, Azalées, o n t été des plus admirés. Les plantes nouvelles deM. A.Verschaffelt
formaient des lots remarquables, p armi lesquels les regards s’a rrê ta ie n t su rto u t à un groupe
do Palmiers, VAristolochia trifasciata, le Dioscorea nobilis, ce déjà fameux Dalechampia
aux larges bractées roses, le ch arm an t Cordyline Guilfolei, et une quantité d ’excellentes
autres plantes ornementales. M. Linden s ’était à peu près ab sten u ; quelques plantes
nouvelles, et voilà tout. Les palmes de l ’an dernier suffisent à sa gloire. M. de Kerkove,
bourgmestre de la ville de Gand, M. Van den Hecko de Lembeke, su r qui retombe tout
le mérite de celte splendide Exposition, M. le baron Osy, d ’Anvers, formaient un groupe
d ’amateurs doubles collections ont en grande p a rtie contribué au succès. Nous sentons,
malgré nous, les noms arriver sous n o tre plume, et no tre ch ro n iq u e to u rn e r au compte
rendu. Il faut enrayer, le numéro to u t entier du Verger ne suffirait pas à donner une
idée, même sommaire, de cette réunion magnifique des plus beaux végétaux d ’ornement
q u ’on ait pu voir.
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