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ne connaît plus guère de concurrents sérieux que ces oeuvres de luxe, accessibles surtout
aux bourses des ministères, beaucoup mieux nourries en général que celle dos c h ro n iqueurs
et même des lecteurs de chroniques.
Qu.ant .aux études descriptives, leur scrupuleuse exactitude les a posées au p re mier
rang dès le principe. Il n ’on pouvait être a u trem en t ; cultiver avec zèle, avec
amour, pourrais-je dire, to u sle s arbres fruitiers q u ’envoient to u r à to u r les pays civilisés;
é tudier leur port, leur marche, leurs besoins ; comparer ensemble, arb re p a r arbre, les
bois, les feuilles, les bourgeons, les Ileurs, les fruits e t leur cbair, p our dire ; « Ceci est
» bon, ceci est mauvais; voici qui n ’est pas productif, voici qui est excellent pour les
» champs; ceci, malgré son nom prétentieux, est synonyme de cela, avec son nom tout
» simple »; résumer le to u t d ’une façon consciencieuse, clairement, sans grands mots, à
la portée de tous, appelant, bien loin de le redouter, un scrupuleux contrôle en face de
l ’arbre, le livre dans une main, le fruit daus l ’a u tre ; faire to u t cela, c ’é ta it être certain
do produire un ouvrage après lequel il n ’est pas é tonnant que le succès se soit attaché
d ’une façon persévérante, succès que je vois d’ici grandir encore, alors que, réunissant
bientôt en volumes une môme espèce de fruits ou ses variétés de môme époque, les éditeurs
vont pouvoir offrir au public un travail grandement avancé e t dont l’importance
se dessinera davantage.
En me présentant, pour les couvrir d ’encre, les feuillets blancs de la Chronique,
on m’a promis mes coudées franches, e t dussé-je pour une fois — je n ’en abuserai
pas — avoir froissé la modestie de l ’auteur et des éditeurs, sachant que j ’e.xprimais
la pensée collective des souscripteurs du Verger, j ’ai consciencieusement élargi les
coudes.
— Il est un fruit bon à signaler à tous ceux qui coramenoont à songer à leurs plantations
prochaines ; je dis à tous, parce que propriéLaires, pépiniéristes, amateurs de collections
et spéculateurs pour la vcnle des fruits, tous y trouveront leur compte. C’est une pêche,
la pêche Salway, à peine connue chez nous et qui mérite de l’être, obtenue par le
colonel Salway, en Angleterre. Lo Verger W décrite il y a deux ans environ ; on pourra
donc se reporte r à la description complète et du fruit et de l’arbre (1).
A cette occasion je demanderai à rappeler de temps à autre quelques variétés exceptionnelles
déjà recommandées dans cet ouvrage, et je croirai en cela ren d re un service
au le c teu r ; parfois, en effet, un fruit est signalé par le Verger; on le note, on sc ie rap pellera
au moment convenable ! puis on oublie, et l ’on sc prive ainsi d ’une excellente
acq u isitio n ; par-ci par-là, je rafraîchirai la mémoire. Il est aussi quelques fruits n o u veaux
et méritants sur lesquels j ’appellerai l’attention d ’une manière spéciale, en a tte n dant
que, les études étant complètes à leur égard, le Verger leur donne une place dans
ses volumes.
Donc voici les bonnes notes de la pêche Salway.— L’arb re est d’une bonne végétation,
il est rustique et il est fertile ; le fruit, d’un beau volume, se présente avec une peau d’or
rougie par le soleil; la chair, jaune aussi, fine et un peu ferme, est sucrée et relevée
d’un parfum d ’abricot. En to u t cela pourtant n ’est pas encore son principal mérite, que
voici : c’est une pèche tardive parmi les tardives, elle m ûrit fin d ’octobre ; fin d’octobre,
remarquez bien, c ’est-à-dire au moment où l’on avait déjà adressé aux pêches un adieu
de dix mois, où les regards satisfaits s’étonnent de se trouver en face d ’un dessert de
cette sorte, où certains grands restaurateurs placeraient volontiers un nombre respec-
(1) Nous savons déjà q u e MM. Jam in e t D u ra n d , dc Boyrg-ta-lieine, Simon-Louis, dc Metz, Baltet, de
Troyes, e t Ilo rto lès, dc Montpellier, possèdent le Pocher Salway dans leurs p ép in iè re s; si d ’au tre s se tro u v e n t
dans le même c,as e t q u ’ils v eu illen t bien n ous le faire savoir, nous nous empre sserons de les siginalcr, dans
le b u t dc p ro p a g er c e lte variété comme elle le m érite.
table dc décimes dans l’autre plateau de la balance, parce que la Salway est un bon
fruit, une jolie pêche à peau chaude, dorée au dedans comme au dehors, et qui, au
contraire de la p lu p a rt de ses pareilles à cb.air jaune, p e rm e t à son noyau de se séparer
d’elle aussi facilement qu’il le désire. Que celui donc qui aime à p rolonger scsjouissanccs
en fait de desserts, que les fournisseurs toujours trop peu nombreux de la gourmandise
des grandes villes, prolitcnl do l’avis, et que les pépiniéristes se tiennent en garde! Rappelez
vous bien ! _ , «• ,•
— Voici un renfort apporté au parti qui affirme rinfluencc du sujet surlagreffe^ parti
qui grandit tous les jours, à mesure que les preuves s’accumulent en faveur de son opinion.
ü n p ro p riétaire prussien — je n ’ai pu re ten ir ni son nom ni celui de l’endroit qu il
habite, mais je les aurai le mois prochain — un propriétaire donc avait dc grands vieux
pommiers à haute tige, ne produisant que de mauvaises pommes, ainsi que c est trop souvent
l’h abitude dans les vergers. Notez bien que, comme pour narguer ceux qui font aux
mauvais fruits une guerre aussi acharnée que malheureuse, tous ces arbres produisaient
à foison, les uns des pommes toutes rouges, les autres des pommes toutes jaunes. La
bravade des vieux pommiers devait avoir un te rm e ; un beau jo u r le p ro priétaire vous
leur abat une partie des branches et pose à la place des greffons de Calvilles blancs;
les greffons poussent, b ref la récolte a lieu ; sur les pommiers qui produisaient les
pommes jaunes, les Calvilles sc sont montrés tels qu ’en offraient les pieds-mères, mais
sur les pommiers à pommes rouges — et c’est là le fait intéressant - les Calvilles, co n servant
du reste el leur goût e t leur forme, se sont teintés d ’un coloris rouge vif qui
recouvre environ un tiers de leur surface. C’est M. Duchartre qui a fait p a rt de celte
expérience curieuse à l’une des dernières séances de notre Société d ’horticulture, .avec
pommes à l’appui. Je n’ajouterai à cela aucune réflexion. Les adversaires de l ’opmion
fortifiée p a r cette communication vont dire encore : « Qu'est-ce que cela prouve? »
Nalurelleincnt !
— A l ’occasion des étrennes décoratives de 1869, tout le monde espérait que cerlaines
iiigraliluiles de l ’Exposition universelle envers l ’Horticulture allaient se trouver réparées;
to u t le monde en a été p o u r ses espérances. J ’ai ouvert avec la plus grande curiosité
les journaux officiels du quai Voltaire; j ’y ai vu des listes majestueusement fourmes,
qui m ’ont prouvé que 542 de mes compatriotes de l’armée et d e là marine avaient rendu
à la patrie des services on ne p e u t plus signalés ; mais j ’ai dû constater avec désespoi^
que rilo rtic u ltu rc , ingrate envers le pays, n ’avait pas su, elle, lui en rendre le moindre
L’HorlicuUuro est une paresseuse, et je serais honteux, à sa place, en présence surtout
de ces 427 militaires — sur 800 000 — qui o n t trouvé le moyen d ’illustrer la France en
1868, de n ’avoir pas eu seulement à présenter au pays, parmi ses deux raillions
d ’adeptes, un homme digne de ses récompenses, pas un propagateur zélé qui ai
répandu le g o û t dc l’h o rticu ltu re chez tous les habitants d’une région, pas un vieux p ra ticien
qui ait semé partout de beaux jardins et de bons élèves, pas un maraîcher habile
qui ait perfectionné nos cultures el enrichi nos marchés, pas un professeur éminent,
pas un h o rticu lteu r fameux, pas un homme utile ! Tenez, là, vrai, entre nous, Ilorli-
ciilturo est u n e pas grand’chosc ! Bccuetet.
ÉT IQUE T T E POUR ARBRES FRUITIERS.
Tout am a teu r d ’a rbres fruitiers est curieux d ’apprendre à reconnaître facilement,
soit dans son propre ja rd in , soit au dehors, les dilférentes variétés d ’arbres fruitiers
dont sc compose sa collection. Le meilleur moyen que je connaisse pour arnvci a ce