
pas adorer e t tuer, il y a encore, Dieu merci ! un c ertain intervalle, et si, même sans
so rtir du cercle de l ’Horticulture, je devais tu e r tous ceux que je n’adore pas, il m e semble
que je ne tarderais pas à faire gratuitement un voyage à Cayonne. Et pou rtan t ici
que de circonstances atténuantes ! ! !
— Si, en face de la p lu p a rt de ces malheureux arbres fruitiers dc nos campagnes et
dont je me garderais bien de punir les déva liseurs, déjà bien assez punis par eux-mêmes,
des propriétaires intelligents saisissaient la scie cl la serpette et abattaient tout, têtes et
bras, en ne conservant que les jam b e s; si, à la place de ce ramassis de bois abattu, clément
du plus bel auto-da-fé qu’on puisse faire de nos jo u rs , on se prenait à groll'er ces
précieuses variétés, bonnes, rustiques el fertiles, que des zélés coiiseillenl avec une p e rsévérance
digne d ’uu succès mieux dessiné, n ’y aurait-il pas lieu de nous ré jo u ir? et ne
devons-nous pas déjà des félicitations à ceux qui nous font connaître des fruits tout à fait
propres au verger, et qui clierchent à les rép a n d re ? C’est le cas de la Société d h o iti-
cultiire de Saiiit-Qnentin, qui vient de mettre la main sur un poirier dont la graine s’est
semée Loute seule, — et elle ii’y a pas pe rd u ! — il y a soixante ans environ, à Sainl-
Gobaiii, dans le ja rd in d ’un employé de cette im p o rtan te manufacture dont les produits,
toujours flatteurs, ne sont pas négligés, ceux-là, comme ceux qui nous occupent. Plein
de vigueur, il rap p o rta it depuis longtemps sans être guère choyé de personne, lorsque
quelques connaisseurs lo re n c o n trè ren t et soupçonnèrent une bonne acquisition pour la
culture. Le fruit en effet est déjà d ’un volume raisonnable pour le h au t-v en t, — ceux que
j ’ai eus entre les mains, cotte année et les précédentes, pesaient entre 15Ü et2b0 grammes,
— et une culture plus suivie le fera vraisemblablement grossir ; il est a rrondi, pas
bien régulier, ressemblant parfois à un doyenné d’Alençon, ou à un beurré de Luçou
encore b ie n ; la peau est verte e t maculée de b ru n ; la chair n ’est pas toute fine, mais
elle n ’est pas g ranuleuse; bien qu’elle soit fondante, elle a de la fe rm e té ; elle est bien
sucrée, d ’un acidulé agréable e t d’un goût relevé qui lui dorme du mérite. Du re s te, la
Poire de Saint-Gobain, — c ’est le nom q u ’elle vient do recevoir, — peut citer ceci en sa
faveur, à savoir que la Société de Saint-Quenlin en ayant envoyé des échantillons accompagnés
de greffons à la Société centrale de Paris, le Comité d ’a rboricnllurc de celle-ci,
lequel s’est fait uu peu p a rto u t une renommée de sévérité toujours maintenue, après
avoir dégusté les uns, s’est distribué en un clin d ’oeil le respectable paquet destiné h
propager l ’espèce. Voici donc une bonne variété qui pourrait sans doute plus tard courir
avantageusement à travers les rues des grandes villes, e t je ne doute pas que, pour
achever son oeuvre, la Société de Saint-Quentin ne se fasse un plaisir de faire parvenir
des greffons aux autres Sociétés qui voudraient lui venir en aide. Dans quelques années,
d’autre p a rt, les propriétaires et les pépiniéristes de chez nous seront à même de dire ce
que la Poire de Saint-Gobain sera devenue, perfectioimée p a r la culture. Elle a mûri
cette année vers le milieu de novembre.
— Cette fois e ncore, je dois signaler une Pêche, pêche de mérite, tardive, toute
récente, — quelques années à peine, — et que son ob tcn teu r, M. Gauthier, a baptisée
Comtesse de Montijo. L’a rb re , paraît-il, est d ’une vigueur remarquable, et ils se comptent,
ceux-là, parmi les pêchers ta rd ifs! On n ’a pas constaté l’origine du noyau producteur.
Les glandes sont globuleuses, les ileurs sont petites. Pour être juste , il me faut bien diic
que je n ’en ai goûté jusqu’ici que des fruits excellents, pleins de jus, pleins de sucre et
de parfum, fins et fondants. La cbair est d ’un blanc jaunâtre, veinée de rose, avec une
auréole rouge foncé autour du noyau. Le fond de la peau .est jaune e t se recouvre d un
rouge vif qui se termine en stries et en pointillés roses. Jusqu’à présent le volume a été
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moyen, mais les opinions sur la valeur do la pêche ont été unanimes; quand on l’a
dégustée, ce qu’on a de mieux à faire, c ’est d’en inscrire le nom sur son c arn et; je vous
y engage fortement, et aussi à ne pas l’oublier à la plantation prochaine.
Ainsi que pour le pêcher Salway, et généralement pour tous les bons fruits que nous
cherchons à propager au moyen de la Chronique, je suis toul p rê t à signaler les pépiniéristes
qui cultivent déjà cette variété et qui voudront bien se faire connaître ; le Directeur
du Verger m’cn a prié, et il a trop raison en cela pour que je néglige sa recommandation.
(1)
— H est encore uu autre ordre de fruits sur lesquels il serait bien d ’appeler l ’attention
d ’une manière sérieuse ; ce sont ceux qui sont mis à l’étude p a r le Congrès pomologique
dc Franco, et sur un grand nombre desquels on doit émettre, en septembre prochain,
u n avis plus ou moins définitif. Ce serait bien le cas dc les citer ici, afin que les zélés
préparassent bientôt leurs notes sur la manière d’Ctre des arbres, en a tten d an t celles
q u ’ils recueilleront sur les qualités des fruits, m a is ....—Mais quoi ? — Dame! c’est que....
vous comprenez.... il n ’y a pas to u t à fait cinq mois que le Congrès a ten u sa dernière
séance et q u ’il a arrêté sa liste, et, en si peu de jours, il est bien naturel qu’on n ’ait pas
eu le temps de ta p ublie r, non plus que le compte rendu dc la session dernière. Ce n ’est
pas, - oh, non ! — que la rédaction ne soit depuis longtemps toute p rê te , ni qu’il y
a it eu de p a rt ou d ’au tre la plus petite négligence, mais ces imprimeurs sont si traînards.
... à Lyon ! Et puis, quatre mois el demi, pensez donc, c’est si court !
— Il vient de m’être donné, to u t récemment, de jouir d ’un joli spectacle! C’était a
ïh om e ry , chez M. Constant Charmeux, le fameux conservateur de raisins, et dans ras
fruitiers, si l’on peut appeler de ce nom pompeux de simples chambres au premier
étage. Nous étions s e p t; une lampe à main dissipait autour de nous les len eb rc s; sur
leurs longues couches dc paille sèche, 2000 kilogrammes de Chasselas cl aussi dc I ran-
konthal reposaient, dans to u te leur beauté, avec le calme d’une conscience qui connmt
sa valeur. Rappelez-vous tout ce que vous avez vu de plus beau cl de mieux conserve a
cotte époque; c ’est cela,, Sous admirions avec naïveté, comme si nous n eussions pas
dû réserver no tre étonnement pour la chambre suivante. Ici, autour des murs, au cciitic
dc la salle, eu haut, en bas, à droite, à gauche, p a rto u t où l’on se tourne, des grappes
qui p en d en t; on est emprisonné dans les treilles, et Dieu sait si l’on mangerait volontiers
les barreaux de la cage ! De petites fioles pleines d ’eau, de longs cylindres perces
dc tubes remplacent les bras de la vigne et su p p o rten t les sarments détachés auxquels
s’accrochent encore Frankcnthal et Chasselas; les premiers, avec leurs grappes majestueuses
aux grains violets, bien gonllés et fardés de leur poussière bleuâtre , les seconds,
transparents, dorés et tout pleins de promesses ; tous aussi jeunes qu en automne aussi
appétissants qu'en plein soleil. Vous comprenez combien ces magnifiques raisin s
choyés et qui vont commencer bientôt à q u itte r leur retra ite pour aller ornm les lablcs
luxueuses, au prix de 5 ou 6 francs le dcmi-kilogrammc,^ en atteigmuû “
d’avril, vous comprenez, dis-je, combien ils ont dû aussi ® ™ \ f “ ! ó"®
avec quelles précautions on a pratiqué et le cisellement, et 1 effeuillage, el la cueillette.
Que celui qui désirerait à ce sujet des renseignements m inutieux, et qui voudrait essayci
Ï z T u L r n ê m e cette couservatimi à laquelle, un sol favorable é tant donné, chacun pourra
(1) Nous coimaissous d é jà M, Chevalier a în é , à Montrcuil, e t ,l«nihi, à Bourg-la-Iieinc, qui eultiveut le
P èclicr Comtesse de Montijo.