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desideratum do tout pomologiste est, après s’ôtre bien assuré do l ’identité des variétés
de ses a rbres, de placer à chacun une étiq u e tte sur laquelle la vue se po rte facilement;
il faut qu’à chaque pas que l ’on fait dans les rangs des plantations, on puisse se
répéter les noms des variétés que l ’on passe en revue. On aura ainsi b ien tô t pris l ’h a b itude
de ra tta c h e r au faciès de chaque a rb re la qualification qui lui convient, de manière
à le roconnailre p a rto u t où on le rencontrera.
Cette nécessité de l ’usage des étiquettes pour l’in s tru c tio n des cultivateurs d ’arbres
fruitiers bien reconnue, il n ’est pas moins im p o rtan t de savoir quelle est la meilleure
é tiq u e tte . Ce problème n ’est pas aussi facile à résoudre q u ’il le semblerait d ’a b o rd ; je
l'ai cherché longtemps et je crois l’avoir à peu près résolu. Une bonne é tiq u e tte d o it
être d’une confection prompte, facile, d'une longue conservation, et son prix le moins
élevé que possible, su rto u t pour les collections un peu nombreuses.
J e présente ù mes abonnés le modèle que j ’ai définitivement adopté, et après avoir
expliqué sa confection, j ’on forai re s so rtir les avantages. La lame et le fil qui lui sert
d ’atta che sont en zinc. La lame une fois découpée sur la forme
que l ’on préfère, on la fixe d.ans un étau ju sq u ’au p o in t d ’a tta
che du fil, de manière à pouvoir s e rre r c e lu i-c i assez exactem
en t pour qu ’il ne puisse se p ro d u ire aucun mouvement à ce
point. Cette précaution est nécessaire pour p révenir le ballottage
occasionné p a r les vents qui tô t ou ta rd use ou la lame ou le fil ;
l ’étiquette tombe alors c ts e pe rd. Les étiquettes ainsi préparées
sont exposées au grand air, près do te rre , au moins h u it jours
en été et plus longtemps en hiver, avant de s’en servir ; le zinc
subit ainsi un commencement d’oxydation qui lo rend pro p re
à recevoir et à re te n ir l’écriture. L’é critu re se fait to u t s im plement
avec un crayon à la mine de plomb d ’une pâte un peu
d ure . On appuie un peu en écrivant, et la mine se fixe si bien
.au zinc q u ’aucune intempérie ne p e u t ensuite l’effacer. Cette
p ro p riété de l ’inaltérabilité de la mine de plomb attachée au
.Modèlero,iuiic,j«tles p;-op„rti„„s P*'»® Marshal W ilde r, l ’honorable
pcuvouicire.iiigmcniccsàïoioiiio. pré sident de la Société de pomologie des États-Unis, et mes
épreuves ont été concluantes. Quant au mode d ’attache, il est depuis longtemps p ra tiqué
en Allemagne, où toutefois on employait à cet usage le fil de fer verni au lieu du
fil de zinc. La forme du noeud, d ’un grand diamètre, a l ’avantage de p e rm e ttre , p en d an t
longtemps, le rro ssissem en l de la b ra n c b e au to u r de laquelle il est passé, et l’on n ’a plus
à c ra in d re ces étreintes trop serrées qui souvent, dans le cours seulement d ’une saison,
p é n è tre n t une p a rtie dc son épaisseur e t la ren d en t si fragile q u ’elle ne peut résister aux
premiers coups do vent. Elle p e rm e t aussi d ’enlever e t de replacer l ’étiq u e tte avec une
grande facilité.
Sa confection e st des plus p rom p tes ; les lames é lant facilement découpées, liées,
oxydées et préparées en provision, aussitôt q u ’u n e étiquette est nécessaire, en plein
ja rd in , un simple crayon à la main, elle est complètem ent achevée en un instant. La
conservation de l’écriture est aussi longue que celle du zinc, et le to u t revient au modeste
prix dc dix centimes.
J e suis heureux do faciliter p a r ce moyen les études de mes collègues en pomologie.
Je les engage à en faire l’essai, et si je ne m’étais pas suffisamment expliqué, je suis to u t
prêt-à leur donner les éclaircissements qu’ils me demanderaient. Mas.
CINQUIÈME ANNEE. 15 F É V lllE lt 1 8 6 9 .
LE VERGER
PÜCLICATION l’ÉltlUbiOUU IJ’AlUiÜllICULTUUU ET DE l’OMOLOUIE
REVUE MENSUELLE
CHRONIQUE HORTICOLE.
Est-ce bien sérieusement cette fois que le printemps a déposé sa carte chez tous les
amateurs d ’h o rticu ltu re, et q u ’il s ’installe chez nous avec toutes ses promesses? Tout
pousse, to u t s ’anime : feuillage qui va nous réjouir, insectes qui vont nous harceler.
Voici donc q u ’arrivera bientôt, p o u r nos amis bien-aimés les moineaux, le moment de la
rude besogne ; d ’une p a rt b e cq u e te r nos chenilles, d ’autre p a rt ab attre à bec que veux-
tu les fleurs de nos abricotiers, double fo n c tio n—je me plais à lc constater — que je le u r
vois chaque aimée rem p lir avec conscience, la seconde peut-être mieux encore que la
première. Il me semble déjà les apercevoir d ’ici, ces chers petits défenseurs, su r un grand
abricotier à cinq p.as duquel j ’écris ces lignes, et je les contemple avec volupté. Toc ! un
coup de bec, une fleur qui tombe ! Toc ! deuxième coup de bec, deuxième fleur à bas !
Toc !... toc !... et ainsi de suite. Vous me direz à cela : « Mais c’est qu’il y avait un
insecte dans la llciir ! » Oli ! alors, c’est to u t dilféreut, et merci bien, chers petits moineaux,
de m ’avoir délivré des insectes, et, p a r la même occasion, des tracas d ’une récolte
future ! Ce qui me peine toujours, c ’est de voir des gens, que je me permettrais presque
d’appeler grincheux, qui ne com p ren n en t pas ces chosos-là, qui s’irrite n t e t qui déblatèrent
contre ces innocents volatiles.
Après tout, voyons, peut-être y a -t-il du p o u r e t du contre. Je sais bien que pour moi,
qui ai bon coeur, c’est déjà c erta inem ent une satisfaction immense de pouvoir me dire :
« Les pierrots, à l’automne, o n t mangé mes raisins, c ’est vrai ; à l’été, ils avaient mangé
» mes cerises, c ’est vrai encore, mais aussi, en revanche, ils o n t d é tru it les chenilles de
I) M. un toi » ; je ne serais pas étonné cependant — on est si égo'iste ! — de me prendre
un jo u r à désirer que ces charmants becqueteurs, to u t en se gorgeant de chenilles à leur
aise, voulussent bien compter uu p eu moins sur mes récoltes pour donner à leurs petits
cotte p â tu re que Racine leu r a formellement assurée de la p a rt de la Providence, et je
comprends ju sq u ’à nn c erta in point que des gens qui ont le coeur dépourvu d’une sensibilité
exaltée, et le ja rd in veuf de pucerons et de chenilles saisissent, dans un moment
d’indignation, le fusil dc chasse el le plomb n” 12. — « Donc, va-l-on conclure, — et il
I) y a beaucoup de coiioliisions de c ette force ! — vous voulez qu’ou tue les oiseaux'? » —
Eh ! mon Dieu ! non, les pauvres petites bêtes ! D’abord, je n ’ai parlé que des seuls moineaux,
cl puis, les moineaux eux-mêmes, je ne veux pas plus leur ôter la vie qu’ils n ’ont
certainement l’intculiou de m’ôter la mienne; je dis seulement que je ne les trouve pas
toujours adorables, ainsi que les proclament certaines personnes, voilà to u t; entre ne
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