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nique de Gand. Depuis, d’autres sociétés analogues furent constituées en Europe, et les
expositions acquirent une importance croissante.
A soixante ans de là, le progrès en matière d ’exposition a été tellement rapide, que
la taverne gantoise est remplacée p a r un p alais; les plantes exposées se comptent par
milliers. Les sommités horticoles e t botaniques du monde en tie r s ’y donnent rendezvous,
et la Famille royale de Belgique vient p résider à la Fèto des fleurs.
Aux h orticulteurs de Gand revient donc l ’honneur d ’avoir fondé les associations b o r-
licoles, les expositions nationales ou universelles.
Cotte année, les bâtiments du Casino appartenant à la Société ont été agrandis ;
quoique vastes, ils étaient insuffisants p our la huitième Exposition internationale, la
cent trentième de la Compagnie, qui s’ouvrait du 29 mars au 5 avril 1868. Aussi les
fruits, les arbustes de pleine te rre et les produits industriels é taient disposés en massifs
sur les pelouses ou sous des tentes provisoires du ja rd in , tandis que les plantes de serre
et les fleurs étaient aristocratiquement logées dans les salles immenses du Casino.
M. Van Huile, professeur d ’arboriculture et ja rd in ie r en chef du Jard in botanique, en
avait dirigé l’agencement général.
Mon compagnon de voyage, M. Edouard André, a rendu compte des magnificences
florales de cette solennité. Je me bornerai à l’examen des végétaux de pleine terre et
des produits destinés à la consommation. Quoique moins b rillamm ent représentés, ils
n ’on sont pas moins l’objet d ’études de la p a rt de l ’observateur.
F rn iis. — L’Exposition était trop brillante au p o in t de vue ornemental pour que la
partie fruitière ne fût pas sacrifiée. En outre, l ’époque ne p e rm e tta it guère d ’exhiber
une nomenclature pomologique autrement que p a r les échantillons si rigoureusement
exacts de M. Buclietet. Malheureusement notre collègue, débordé p a r la commande,
n’avait pu répondre au désir do la Commission. Le public a dû se contenter des lots de
Poires et de Pommes plus ou moins bien é tiq u e té s à MM. Van Loo, de Biseau, Capeinick;
des Raisins forcés à MM. le baron Osy, le baron d'Hooghvorst, Reyns et Pccsteen-Pecrs ;
des Fraises et Ananas... mais sont-ce des fruits ou des légumes?
La Pomme est très-cultivée dans les pays du Nord. C’est en Hollande ot en Allemagne
que nous avons vu les plus nombreuses collections. Nous étions donc c ertain de re n contrer
en Belgique des Pommes d ’origine flamande, française, anglaise ot allemande.
Les mieux conservées é taient les Reinette de Douai, grise d'hiver, de Bristol, Bosmarm,
Van Mons, des Flandres, noire; les Calville de Thisij, hlanc à côtes et rouge d'Anjou; les
Rambour, rouge d'hiver et de Tournai ; \ t i Newton pippin, Baldwin, Wagener, Copette
blanche, Grégoire, Tlugs new golden pippin, Boiker apfel, Bosen apfel. Olive flamand.
Winter streeping, Pearson plate, Hermingard, Tardive de Joncrel, Winter queen, Cox's
poniona. Van den Abeele, Robin.
La dénomination est-elle exacte? M. Mas, possesseur d ’une collection considérable, et
très-connaisseur à l ’aspect des fruits, ém e ttra it comme nous un point de doute.
Même observation à l ’égard des Poires. Les Fortunée, Angélique de Bordeaux, Besi-
mai. Duchesse d'hiver. Madame Millet, Bergamotte flertrich, k l. de Pâques, Id. Espa'cn, Id.
de Hollande, Passe-crassane, Beurré Bretonneau, Bézi Héric, Sénateur, Mosselmann, Commissaire
Delmotte, Doyenné d'hiver, Prévost, Suzette de Bavay, Anna Nélis, Joséphine de
Malines, Lieutenant Poitevin, Devergnies, é ta ien t parfaitement étiquetées, mais les Calebasse
d'hiver, Alexandre, Beurré d'AusterliU, baron d'Ingelmunsler, Beurré Delongré, Poire
d'Arad, Rameau, e tc ., ne sont-elles pas affublées d ’un nom erroné?
La Gloire de Binehe, dite Beurré d ’Hardenpont régénéré, est un Beurré d’Hardenpont
ordinaire. Il y aurait beaucoup à dire sur ce mot régénéré. Nous reviendrons plus lard à
la question de dégénérescence.
A part les Doyennés d’hiver et d’Alençon, la Passe-crassane, la Joséphine de Malines,
la Bergamotte Espercn, le Beurré de Rance, fondantes et juteuses, les poires tardives
sont à chair cassante et font vivement désirer l ’arrivée des poires précoces.
Sans égaler les grappes énormes de M. Meredith à Liverpool ou de M. Knight à Po n tchartrain,
les raisins forcés, rebondis et vermeils ont excité la convoitise des visiteurs.
La culture de la vigne en serre est parfaitement entendue chez nos voisins.
Légumes.. — M. Van Loo est encore ici le principal exposant. Son plus sérieux conc
u rren t a été, pour les asperges, M. Lhérault-Salboeuf, d ’Argenteuil. Il semblerait vraiment
que l’asperge de Hollande a besoin de venir en F rance pour atteindre des proportions
extraordinaires.
Peu de nouveautés dans les plantes potagères ; comme légumes moins connus, le
Pois à rames iiniflore de Gcnlbrugge, propagé par M. Yan Houtte, et le Radis rose à bout
blanc hâtif. A côté des collections de Carottes, Choux-fleurs, Radis, Pois, Haricots, Laitues,
Pommes de te rre , nous avons noté la Clay tone de Cuba, dont on cueille les feuilles
en hiver, môme sous la neige, lorsqu’elle a été semée fin de l ’élé, et dont le rôle culinaire
est comparé à celui de l ’Oseille, de l'Epinard et du P o u rp ie r; puis les jets de
Houblon, que l ’on nous servait à l ’hôtel à la façon de l ’Asperge. Les Américains no
mangent-ils pas à la même sauce les jeunes tiges de Phytolacca, buttées et blanchies ?
Les Fraisiers Ananas perpétuel, Flisa, Triomphe de Liège, Napoléon I I I , Souvenir, Ju -
cunda, Marguerite, Victoria, Carolina supcrba, Quatre-Saisons, élevés en pots et couverts
de fruits ; les Ananas (Broméliacées) la Trinité, Cayenne épineuse, Rothschild, la Providence,
en parfait état de maturité, complétaient la série des productions alimentaires à
l’état de primeur.
Dans le concours des plantes d ’introduction nouvelle, M. Ambroise Verschaffelt, le
triomphaleur do l ’Exposition (54 médailles, et le prix d ’iionncur offert par le Roi i), exhibait
deux Dioscorea à feuillage coloré : le D. nobilis, importé du Brésil en 1S68; le
D. egregia, venu de Para en 1868. Il n ’est guère possible de voir un feuillage plus rich e ment
p o u rp ré ; l e /) , nobilis est splendide ! mais les nouveaux venus seront-ils de serre
ou de pleine te rre , d ’ornement ou de consommation ?...
N’oublions pas le lot de graines de légumes de la maison Van Houtte. Modeste en
apparence, le casier des semences pures et de bonne qualité présente une valeur réelle.
Arbres rru liîc rs . — Si nous étions à l’automne, nous nous plaindrions du petit
nombre d ’arbres fruiliers exposés. Mais au printemps, quand la séve monte, le sacrifice
d ’arbres fruitiers .arrachés en pépinière est tro p grand pour que l’on se montre
sévère à leur égard.
Les exemplaires dressés dans l’établissement Van Houtte, sous 1 inspection des habiles
professeurs Ed. Pynaert et Burvenich, et ceux de M. Gaujard, dénotent un progrès sensible
dans l’a rt de construire un arbre sous une forme symétrique et rationnelle, do
tailler la branche de charpente et de provoquer le développement do la brindille
fruitière.
Les formes sévères ont été préférées aux formes de fantaisie ; cfost de bon augure. ^
Tout en .co n statan t le progrès accompli, et si nous en juge'ons d’,après les sujets
exposés au Casino, nous devons dire que la Belgique cède le pas à la France pour la
culture des arbres fruitiers à l’air libre, et à l ’Angleterre pour la culture forcée des
arbres fruitiers sous verre ; cc qui n ’empêcho pas nos voisins do compter parmi les arbo-
riciiUeiirs d ’élite, marchant activement dans la voie du progrès.
Accessoires de l ’arborieniture. — Ici se place naturellement une collection de cent
greffes en échantillons vivants, groupés par greffes en ap p ro ch e , en fente, anglaise,
' en couronne, en écusson, de côté, de précision, en placage, de boutons à fruits.
Le public sérieux a pris un véritable intérêt à examiner autant do systèmes de greffage
destinés à la multiplication et à la formation des végétaux utiles ou d ’ornement. Cette
innovation était due àM. Asselin, multiplicateur chez MM. Baltet frères à Troyes.
Une partie des greffes était répétée sur des tableaux, au moyen de gravures dessinées
par M. Royer Dieudonné, artiste peintre à Troyes, pour no tre ouvrage l ’Am de gheffek,
sous presse chez MM. Victor Masson et fils.
Le nom de notre édileur nous conduit à son lot de livres exposés à Gand : lo I erger,
avec ses figures coloriées et son texle consciencieux ; le Livre de la Ferme, encyclopédie