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servatoire et au Jard in de Saint-Maudé, l’infatigable professeur va suivre l ’itinéraire que
vient de lixer le Ministre. C’est la Picardie qui ouvre la marobe : Montdidier au commencement
de mai et Amiens à la fin ; puis, au commencement dc juin, La Rochelle ; de
là un bond ju sq u ’à Lyon pour te rm in e r le mois ; re to u r à Chartres en ju ille t, à Poitiers
en août, enlin à Besançon en octobre. Oulre le bon accueil que retrouvera M. Du Breuil
dans toutes ces localités dont la p lu p a rt l’oiil apprécié depuis longtemps, il y reverra
les nombreux élèves qu'il y a laissés el qui propagent m aintenant de toutes parts ce
mouvement en faveur de l ’a rb o ricu ltu re, que grand nombre d ’autorités locales ont le
m é rite d’a cc é lé re r encore.
Bons ja rd in ie rs et amateurs é c la iré s , voilà ce que l ’on ré co lte ra plus l a r d , et
l’on ne saurait croire combien un homme capable , retoiirn.int au milieu de ses compatriotes
encore enveloppés dans les langes de la ro u tin e, — et ces langes-là sont
d ’une fameuse toile! — peut être utile à un pays tout entier. Tout cela ne vient
pas d ’un bond, non certes, mais en tout il faut du Lemps et do la persévérance.
Notre homme opère au trem en t que les autres, on rit d ’abord ; puis voilà que le voisin
Pierre n ’a pas de raisins, et lui en a ; voilà que Jacques, le grand persifleur, n ’a récolté
que des feuilles sur ses Poiriers et des loques sur ses espaliers de Pêchers, tandis que le
persiflé a des Pêches sur sa table et, dans son fruitier, de belles Poires. Diable ! voyons
donc comment il s ’y prend, to u t de même! — « Tenez, regardez tous; j ’ai taillé ceci,
j ’ai raccourci cela; ici j ’ai mis du fumier, là j ’ai je té du soufre. » Ou trouve bien un peu
que c ’est s in g u lie r, p o u rta n t, dame ! il a une récolte !__ Après c e la , c ’est peut-être
bien du hasard ! Alors le connaisseur ue s’en lie n t pas là. — « Regardez votre arb re et
regardez le mien ; vous, vous n ’allez rien fa ire , n ’c sl-c e p a s ? c ’est b ien , nous verrons!
Tenez, moi, je pince ce rameau, je courbe cette branche, je redresse celle-ci, j ’entaille
celle écorce ; à l ’automne vous viendrez voir. » L ’automne arrive, le fruit au ssi; toujours
rien chez le voisin! Il faut bien se ren d re à l’évidence ; Jacques ne rit plus g u è re , et
Pie rre encore moins. — « C’est bien singulier ! enfin, que voulez-vous; nous essayerons
to u t de même! » Et voilà comment un homme sérieux et capable p eu t taire le bien do
toute une contrée. Courage donc, professeurs, ja rd in ie rs et p ro priétaires !
-S a v ie z -v o u s que le poirier B ergamotte Espéren est un .arbre ¿»j/crtiïe? Non, ii’est-ce
pas? ni moi. Saviez-vous que lo siirgrelfage du Bon-chrétien de Rance su r le Sucré vert
est impossible dans d ’autres pépinières que dans celles de Sannois? Saviez-vous que la Prune
Pond’s seedling est excellente, la Wasliingtou excellente, la Reine- Victoria excellente et
la Reine-Claude rouge aussi, tandis que la Reine-Claude violette est to u t uniment bonnet
Saviez-vous que les arbres soumis à la taille ne vivent pas 5 .ans en moyenne ? Saviez-
vous encore que la Reinette grise hau te -b o n té est un gros fru it et que la Reinette de
Caux est un fruit très-gros, à forme irrégulière, avec la peau d ’uu vert-jaune? Non plus?
Eh bien ! je viens d ’apprendre to u t cela dans un ouvrage que ra ’a prê té un ami pour me
divertir un brin. Il y a là aussi, décrite avec une complaisance paternelle, une opération
délicate et charmante à exécuter sur le Pêcher, le coup de la lancette! qui réussit parfaitement
entre les mains des p ropriétaires et qui rate d ’emblée entre celles des jardiniers!!!
Tout cela n ’est pas vieux — 1862! — e t c ’est so rti, sans aucun e lïb rt, du cerveau d ’un
professeur, médaillé et couronné, et qui donne à entendre q u ’il va révolutionner l ’arboriculture.
Eb bien! soyons francs, là, vrai, n ’est-ce pas que ça nous révolutionne ?
T i i . B u c h e t e t .
P a r is . — Im p rim e rie do E . Mar t in e t , ru e Mig n o n , 2 .
CINQUIÈME ANNÉE. N° 4 15 MAI 1869.
l i :
LE VERGER
PUBLICATION PÉI i lOUlQUE D’ARBORICULTURE ET DE PO.MOLOGIE
REVUE MENSUELLE
CHRONIQUE HORTICOLE.
— Voici qu ’approche la saison oii Timothée Trimm a découvert les cerises anglaises « un
peu sûres, un peu âcres, et qui ne font pas de douceurs au consommateur, n peu avant que le
baron Drisse ait inventé lui-même les Pêches Téton de Vénus hâtives; ce va être
justement aussi le moment de renouveler l ’expérience d ’un procédé indiqué avec
conviction par M. Lahaye, de Monlreuil, pour tenir on équilibre la fécondité des
Poiriers et des Pommiers. Voici quelques aimées que M. Lahaye préconise son système ;
une grande partie des jou rn au x des Sociétés horticoles en ont re p ro d u it les détails, et
il est à croire que les expérimentateurs ont déjà, l ’aii dernier, commencé à agir. Il
sera bon de ue pas s’a rrê te r en route, afin que nous sachions bien tous à quoi nous en
te n ir sur des affirmations que les faits n ’ont pas eu le temps d ’appuyer encore. C’est
qu ’on en a tan t vu et qu’on en voit ta n t tous les ans, dc ces procédés qui vont tout
sauver, récoltes et récolteurs ! qu ’il p o u rra it bien arriver que la satiété laissât échapper
un jo u r une invention véritablement utile. Tout cela vit généralement cc que vivent les
roses, celles des bouquets à la main à Pa ris surtout, et j ’y pourrais jo in d re facilement
une foule de ces rosiers hybrides qui rem o n ten t beaucoup plus volontiers dans les
catalogues que dans les plates-bandes.
On se rappelle sans doute les instructions dc M. Lahaye ; je ne voudrais pas les
dénigrer quand même, — pas plus celles-là que d ’au tre s, — bien qu ’elles ne m’aient
infusé jusqu’ici q u ’une confiance excessivement limitée, mais je suis obligé de d é clarer
que je ne les trouve pas inattaquables. Ou sait ce que veut l’autoui’ : lorsqu’il craint
d ’avoir un tro p grand nombre de boutons k fruits pour l’année suivante, — cela se
craint-il bien souvent? — M. Lahaye se décide à en d é tru ire une partie ; à cet effet, à la
fm de mai ou à la mi-juin, suivant la vigueur des a rbres, il pince (quand donc nous
remplacera-t-on p a r un autre ce mot pincer, qui dit si mal ce q u ’il veut dire?), il pince
dóneles feuilles qui font rosette au to u r des boutons qu’il trouve superflus, a L ’opération,
)) dit-il, les fera avorter. » Avorter! avorter! enfin, passons! « el de cette manière, ils ne
I) sont parfaits que Tannée suivante, ce qui, — voici la morale, — équilibre la récolte. »
J ’avoue que cette promesse de récolte équilibrée me semble légèrement hasardée, car
enfin, supposons q u ’une grande p a rtie des fruits qu’on a voulu conserver, et sur lesquels
on compte parfaitemeut p our Tannée présente, soient perdus pour une cause ou pour
une a u tre , — et il n ’en manque pas, chaque année, de ces causes ! — je ne sais pas si
Ton sera bien satisfait d ’avoir anéanti volontairement une p a rtie de sa récolte, et je me
k