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Poires. — Trois fruits admis. — Chmgneau, bon fruit d ’octobre d ’un beau volume, fm
et d ’excellente qualité, qui avait depuis plusieurs années a ttiré l’a ttention particulière
des Sociétés de Nantes et de Paris. — Fortunée Boisselot. Bonne acquisition p o u r l’hiver,
gain nantais comme le précédent, dont Tarbre est vigoureux et le fru it bien ta rd if, à
cbair fondante et fine. — (incertitude su r l ’orthographe), fruit d ’octobre,
qui commence à se répandre comme il le mérite, e t que M. Ferdinand Jamin a bien eu
raison de recommander dans ses Fruits à cultiver, d o n t je ferais volontiers l ’éloge si je
n ’étais un peu du bâtiment. F o rt volume, bonne chair, arb re fertile.
Pommes. — Seedling affine e t Ménagère. — Tous ceux qui la connaissent font l’éloge
de la première, anglaise d ’origine, d ’un volume assez gros, à chair de re ine tte et de
très-bonne qualité. Beaucoup de ceux qui la connaissent font peu d ’éloges de la seconde,
très-jolie, m a is... C’est le résultat de l’opinion qui a prévalu au Congrès d ’adopter, spécialement
comme fruils d ’ornement, un c ertain nombre de variétés de fort volume et de
qualités douteuses. J ’ai tro p souvent exprimé mou opinion personnelle et bien arrêtée
sur Tadmission des fruits mauvais, fussent-ils aussi gros que la suffisance de certains
théoriciens fantaisistes, p o u r la ré p é te r ic i; la grande majorité a parlé, la toute petite
minorité s’incline.
RaiNins. — Aleatico nero. — Il devait ê tre adopté, d ’après les éloges adressés précédemment
à ce beau muscat.
Figues. — Enfin les variétés Bourgeassotte blanche e t Gourreau blanc sont parvenues à
se faire admettre ! C’eût été dommage qu’une ba rriè re co n tin u â t à s ’opposer à l ’admission
de ces deux bonnes figues, bien répandues dans l’Hérault et chaleureusement a p puyées
p a r son représentant.
Fraises. — Ce sont les plus heureuses cette année ; cinq élues ; Frogmore laie pine.
Duc de Malakoff, la Chàlonnuise, Napoléon III et sir Joseph Paxton ( Victoria l ’était
déjà). Ceux qui s’adonnent à la cu ltu re des fraises savent q u ’on trouvera dans celles-ci
ou la beauté et la saveur, ou la grande fertilité, et parfois les trois qualités ensemble.
Telle a été l’oeuvre de la treizième session. La place me manque, — et c’est peut-être
un bien pour le Verger, — pour a jouter quelques réflexions, lesquelles, — n aturellement,
— me semblaient fort judicieuses. Il y a une chose toutefois que je ne puis omettre,
c ’est la médaille du Congrès, décernée annuellement p a r le vote des assistants, à celui
qui a ren d u le plus de services à la Pomologie. Si les félicitations sincères doivent ne pas
être suspectes, le Congrès me pe rm e ttra de le féliciter d’avoir su je te r les yeux sur
M. Willermoz; les services que M. Willermoz a rendus à la Pomologie, et en même temps
au Congrès pomologique, ne p e rm e tta ien t pas de lui faire plus longtemps a ttendre une
récompense bien méritée et dont le vote, venu de ses pairs, lui a procuré une de ces
vives et douces émotions dont on garde longtemps le souvenir.
Le Congrès a décidé q u ’il se réu n ira à Lyon en 1869. On y tra ite ra la question de la
dégénérescence des fruits. J ’aperçois déjà d ’ici des combats à outrance, rudes mais chevaleresques.
Quant à Bordeaux, je voudrais bien louer comme elle le mérite son hospitalière
Société d ’h o rtic u ltu r e , malheureusement, à côté de la mémoire du coeur, il en
est une au tre plus matérielle contre laquelle, vu les malices de la médisance, on doit
forcément se garder quand même et qui vient dès lors ap p o rte r des limites à l ’expansion
de la reconnaissance. C’est égal, quelle que soit la réception affectueuse et b rillante
dont j ’aie é té là-bas le soixante-douzième objet, cela ne m ’empêchera pas de
conseiller à toute Société qui voudrait p a r la suite recevoir dignement et cordialement
le Congrès pomologique de France, d ’in te rro g er l’un de mes soixante e t onze collègues
sur la façon d o n t sait faire les choses la gracieuse Société bordelaise.
B ü c h e t e t .,
q u a t r iè m e ANiNEE. N® 11 15 NOVEMBRE 1 8 6 8 .
LE VERGER
PUBLICATION PÉRIODIQUE D’ARBORICULTURE ET DE POMOLOGIE
REVUE MENSUELLE
CHRONIQUE HORTICOLE.
Voici que les froids nous gagnent et que les arbres — plus heureux en cela que bien
des pauvres gens qui végètent, eux aussi, mais d ’une autre manière — vont paresseusemen
t s’e n d o rm ir, sans soucis pour l’hiver, ju sq u ’à ce que les chatouillements de la sève
les rappellent au travail; les quelques fruits, échappés cette année à la brutalité des
vents ou à la gourmandise des vers, qui finiront bien tôt ou lard par nous dévorer tous,
a tten d en t au fruitier le contact de nos couteaux d ’a rg en t; le vent souffle e t la bise est
du re ; c ’est le moment de s’asseoir au foyer, d ’é tu d ie r el de lire. Lisons.
D’autant mieux que voici deux livres, deux livres utiles, jeunes tous les deux — ils
viennent de naître — el tous les deux ne demandant qu’à vivre, comme leurs laborieux
au te u rs; oeuvres de praticiens et travaux de conscieiice, sortant ensemble et tout frais
des mêmes presses e t patronnés p a r les mêmes éditeurs, c’est-à-dire surveillés, choyés,
un peu gâtés même au profit du public.
E t voyez ce que c’est que d ’avoir affaire à des hommes de pratique, qui o n t vu to u t ce
q u ’ils disent, qui o n t fait to u t ce qu ’ils conseillent et éprouvé tout ce qu’ils annoncent!
Ici pas de ces théorie s hasardées, de ces conseils à contre-sens comme en prodiguent
certains livres, — que M.*** se ra ssure! je ne v a isp a sie s nommer — pas do ces procédés
extirpés de n’importe où e t maladroitement recueillis au passage, pas de ces assertions
fabuleuses qui ne résistent pas aux ricanements de ceux qui savent ! la théorie grelfée su r
sur la pratique, le savoir greffé sur le travail, pas autre chose.
J ’ai d it greffé, c ’est une tran sitio n , car l ’un de ces nouveau-nés, le plus fort de
volume, est L ’art dé greffer (1), de M. Charles Baltet, que les lecteurs du Verger ont déjà
vu à l ’oeuvre à c ette place même, et que les travaux de la pépinière soustraient parfois à
le u rs sympathies. Avec un pareil titre, il y avait une occasion magnifique pour faire uu
livre savant et pédantesque, bourré de vieilleries, criblé de citations, un bouquin senta
n t le moyen âge et un peu l’alcbimie, parlant des Romains et des Chinois, c itan t Caton,
citant Virgile, Martial et Palladius, citant Columelle, et Gorgole de Corne, et frère Davy,
et Pierre Bellon, e t Landric, La Quintinie, Thouin, Noisette et tant d ’au tre s; M. Baltet
a préféré faire un livre simple et pratique, ne disant ni trop peu ni trop, parlant clair et
b ie n ; to u t le monde l ’en remerciera.
(1) L'art de greffer les a rb re s , a rb risse au x e t a rb u s te s fru itie rs , forestiers e t d ’o rn em e n t, p a r Ch. B altet,
h o rtic u lte u r à Troyes. — P a ris , V icto r Masson e t F ils. — Uu vol. in -1 8 de 320 p age s, avec 1 1 3 figures dans
le tex te. — P rix : 3 fr.
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