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pense. Oh! p a r exemple, lorsque vous aurez affaire à ces copieurs sans vergogne, rao-
coleurs éhontés, flibustiers de l ’ho rticu ltu re, qui pillent partout, à d ro ite e t à gauche,
devant et d e rriè re ; qui chiffonnent dans tous les ta s,le s propres comme les sales ; é tra n gleurs
qui saisissent les praticiens à la gorge et sc sauvent avec leurs procédés qu ’ils
marquent à leur Chiffre; oli ! alors, appelez-moi à votre aide, j ’y courrai toujours,
et tous deux, - aidés d’autres, bien sûr, - nous les déjouerons ensemble, nous signalerons
leurs vols et nous nommerons leurs victimes. C’est à ceux-là, mon ch er collègue,
que nous refuserons les récompenses ! noüs les harcèlerons, les drôles ! n o u s leur
ferons ren d re gorge, et, afin qu’ils n ’aient plus l’envie de recommencer un au tre jo u r,
nous leur frotterons bien fort 1e nez dans leur ouvrage. - Voulez-vous ?
— Puisque je parle de greffer, ne quittons pas encore ce sujet intéressant.
M. Derouet a fait, paraît-il, une fort importante découverte, et je trouve éminemment
regrettable que le monde horticole paraisse si peu la connaître. Il s’agit d’un mastic à
greffer, mais en tièrement nouveau et possédant des propriétés toutes particulières qu’on
a de la peine à ren co n tre r dans les onguents, chauds ou froids, employés de nos jours,
depuis celui dont nos vaches laitières, sous le patronage du bienheureux saint Fiacre,
nous fournissent la base d ’une façon si généreusement tra tu ite , ju sq u ’au mastic Lhomme-
Lefort, qui passait à peu près ju sq u ’ici p o u r mé rite r la palme. M. Derouet, sans doute
encore sous l ’inspiration à je t c ontinu du célèbre professeur qui sait si bien b a ttre la
grosse caisse à la p o rte de sa boutique, s’ap erçu t un jo u r q u ’il manquait un p roduit
sérieux dans ses magasins ; c’est alors q u ’il inventa un mastic à greffer auquel n a tu rellement
— il fit hommage de son nom, si souvent cité p a r l’incomparable professeur.
L’expérience, m ’écrit-on, en a été faite à plusieurs endroits (à un endroit notamment
que je préciserai s’il s’élève quelque doute). Là, 5üO grefles o n t été exécutées avec le
secours du Mastic Derouet; une seule p a r hasard — triste hasard ! — fut oubliée daus la
répa rtition et d u t subir un au tre mastic que je ne nommerai pas, dc peur de l’humilier.
Un mois après, les 499 grett'ons é taient to u t verts, to u t frais et tout gaillards ; le pauvre
oublié seul étendait son corps inerte. — C’est en dire assez, je crois, e t j ’hésiterai d ’auta
n t moins, dès lors, à proclamer la réussite de M. Derouet, que je ne puis oublier
combien il a contribué, pour sa part, à répandre dans le monde le Sécateur Gressent, et
les Palissages Gressent, et les Abris Gressent, et les Charpentes Gressent, et la Serpette
Gressent, et aussi la Lancette Gressent — p our le fameux coup de la lancette sur le Pécher,
vous savez ! Chez M. Derouet encore, — et c ’est ml nouveau titre à la publique re c o n naissance,
— le tro p heureux amateur se promène au milieu de VAlmanach Gressent, de
VArboricidture moderne Gressent, du Potager Gressent et du Verger Gressent, dans lesquels
il a pu lire ces descriptions, modestes comme la violette, de la Taille Ch'essent, des Cordons
Gressent et des Palmettes internes Gressent, auxquels est venu si h eu reu sem e n t s ’a d jo
in d re le Melon Gressent, qui est en tra in , to u t bonnement, de faire le tour du monde.
Donc, je me plais à le rép é te r, M. Derouet a fait une importante découverte.
— Si to u t a été d it su r les divers modes de greffage, to u t ne l ’a pas été su r leurs résultats
; l’idée de l ’influence du sujet sur la greffe n ’a pas encore ta it to u t le chemin qu’on
peut, je crois, lui prédire, et celle de l ’influence de la greffe su r le sujet est encore dans
son enfance. « Bien des secrets, a d it avec grande raison le Présid en t de la Société
d ’h o rliculture de Senlis, M. Vatin, do rm en t encore au sein de la te rre ; » bien des
secrets, p o u rrait-o u dire à aussi ju ste titre , dorment encore dans le cambium des
plantes. C’est pourquoi je tiens à rappeler — un peu d ’avance, afin que les ex p érimentateurs
se p rép a ren t — les expériences qui ont été conseillées depuis quelque
temps pour remédier à l’impossibilité presque générale de ré colte r en plein air des
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Doyennés d ’hiver non tavelés. Il s’a g ira it, dans la seconde quinzaine d ’août, - les
essais faits au printemps n ’ayant pas réussi, — de greffer des boutons à fruit de Doyennés
d ’hiver sur des espèces vigoureuses e t à bois sain. Puisque les expérimentateurs affirment
avoir ainsi récolté des fruits très-sains et non pierreux, to u t porte à c ro ire que d ’au tre s
obtiendraient les mêmes résultats, et ne serait-ce pas, dès lors, une excellente voie to u te
tracée à l’égard du Saint-Germain, de la Crassane e t d ’autres q u i dégénèrent.
Le m o t est lâché, tant pis ! Il me faut d o n c ......
Je demande p a rd o n si je m’a rrê te , — je continuerai to u t à l’heure ; — mais voici
qu’en je ta n t un coup d’oeil sur la lettre que je citais plus h au t, au sujet de l ’importante
découverte de M. Derouet, je m’aperçois d’une bévue que j ’ai commise e t que je m ’empresse
de répa re r. J ’ai tout confondu de la plus triste manière ; c’est le greffon oublié
par le Mastic Derouet, qui se trouve on ce moment to u t vert, tout frais e t to u t gaillard
; les 499 autres, — qui n ’avaient pas été oubliés comme lui, — en sont morts ! ! !
— J ’cn étais donc resté au mot dégénèrent, e t je tombais en plein au m ilieu des b ro u s sailles
de la fameuse question de la dégénérescence des végétaux; mais, beaucoup tro p peu
naïf pour m ’engager dans c ette bataille après laquelle, comme dans certaines autres,
chaque combattant chantera sans doute un Te Demn, je laisse prudemment la place à des
alhlôtos mieux constitués, et ce n ’est qu ’en lançant traîtreusement une flèche ramassée
dans le Bulletin de la Société, de la Côte-d'Or, que je m ’écarte avec soin du champ des m anoeuvres.
— Tout en faisant leur p a rt aux diverses circonstances de te rra in s , de climats,
do saisons et de conduite des arbres, le d o c teu r Laguesse n ’y cache pas son opinion,
partagée grandement p a r d ’autres et qui commence à p ren d re les proportions d’une vérité,
— que le mauvais choix des greffons est la cause principale des échecs que nous subissons
dans la culture des variétés qui tendra ient à disparaître. La place me manque pour d o n n e r
avec détail la suite de ses conseils, qu’on saura bien trouver du reste au n” 5 de l’année
1868; je cite seulement les derniers ; « Instituons donc des expériences comparatives sur
» les bases suivantes: Étant d o n n é s d e s s u je t s v ig o u reu x , francs e t cognassiers, ne se s e rv ir
» que de greffons pris sur des arbres sains e t vigoureux e t dont les fruils seront irré -
» prochables. Planter avec soin les différentes variétés soumises à l ’étude, dans des sols
» do nature difl'érente ; les p lanter à des expositions variées, en espaliers, en contre -
I. espaliers, en plein v e n t; les soumettre aux formes les plus diverses; leu r appliquer
» tous les procédés de taille. — Ces expériences devront ê tre rigoureusement faites ; les
» observations devront être recueillies avec la plus grande ex ac titu d e ; il faudra é carter,
I) dans la mesure du possible, to u te chance d’e rreu rs . A ces conditions, à ces conditions
» seules, vous pourrez, dans quelques années, p o rte r un jugement sans appel. »
Est-ce que cela n ’est pas on ne peut plus sage?
— Puisque la question de la greffe a bien décidément absorbé toute cette Chronique,
je la terminerai, moi aussi, p a r une proposition d ’expérience. — Prenez, d’une pa rt, un
demi-savant ; prenez, d ’autre p a rt, un homme modeste, e t p u is essayez le greffage.
Je parie que cela ne prend pas !
T h . B u c h e t e t .
LA BONNE POIRE A CUIRE OU A SÉCHER.
Les promoteurs de fruits nouveaux, souvent embarrassés pour recommander au public
un gain d ’un mérite douteux, après avoir énuméré avec complaisance ses qualités extérieures,
sa bonne apparence, son volume suffisant, le b rillant de son coloris, terminent