U’oiible dans la ciixiilalion de la séve, qui serait ainsi arrêtée au profil de nouveaux
boutons il ileurs. C’est d ’ailleurs une idée que nous retrouvons dans lo Traité de M. Lau-
joulc t [Culture des arbres fruitiers, pl. IV, fig. 33) et qui a été depuis longtemps appliqué
i la vigne avec succès, par M. Gonrdain et autres, mais qui est digne de plus d ’attenlion
de la part des expérimentateurs.
Lorsqu’en 1865 nous visitâmes Amsterdam et plusieurs régions de la Hollande, nous
fûmes obligé de co nstater l ’infériorité p a ten te des Hollandais pour la taille des
a rbres fruitiers. Nous ne vîmes p a rto u t que les formes les plus élémentaires, et encore
mal dirigées; et les jardins où Ton sc serait a tten d u â voir le plus de tenue, comme
celui de la reine au château du Bosch, près la Haye, é taient ju stem en t ceux où nous
eûmes à conslater le plus de négligence. La vieille Hollande, cette te rre classique de
l ’ho rticu ltu re de luxe, do la Uilipomanie et des savants de tout o rd re, ne vont pas pins
longtemps rosier en arriè re . Le 22 octobre d e rn ie r (c’est encore le Tijdschrift van den
Leeraarskrinq qui nous l ’annonce), a ou lieu la cérémonie d ’installation des Conférences
arboricoles à AA’atergraafsmccr, près d ’Amsterdam. C’a été la p rem iè re leçon faite dans
l’école d ’horticuUure, ouverte le même jour, et fondée au moyen d ’nn capital de
300 000 francs, souscrit p a r une compagnie libre, qui fera de c et établissement une
exploitation en même temps professor,al e t commercial. La fête a été complétée p a r des
leçons d ’arboriculture pratique, sur la taille rationnelle ou nouvelle, faites p a r M. de
Beucker et M. Van Huile (de Gand), gracieusemçnt invités p a r la direction de l ’Ecole.
Nous sommes .assuré que le discours substantiel, prononcé en 1865 p a r M. Van Huile,
au congrès d ’Ainslcrdam, sur cette question, n ’a pas peu contribué à stimuler l’action
des Hollandais dans ce sens, et à h â te r la formation d ’uno école qui est appelée à rendre
de grands services à ce pays si actif et si industrieux.
En France, où nous attendons toujours la création d ’écoles analogues, to u t vient, en
fait de progrès, Tle l ’initiative individuelle. Nous voyons, dans le d e rn ie r Bulletin de
la Société impériale, un procédé imaginé p a r M. Lahayc, et q u ’il serait bon de mettre h
l’essai. M. Lahaye a été frappé depuis longtemps de l ’alternance des récoltes chez les
arbres fruitiers, nolamment chez le Poirier. Une année d ’abondante récolte et rien l ’année
d ’après. Po u r obvier à c et inconvénient, il propose, p our équilibre r la récolte, de pincer
la rosette des feuilles qui est autour des boutons destinés à fleurir l ’année suivanlo; on
retarde ainsi d ’un an leu r épanouissement, et l ’on assure la production de la seconde
année, c ’c st-à-dirc q u ’on règle ainsi à volonté la prod u c tio n annuelle. MM. Andry,
Foresi, Aubrée, ont fait un peu les saint Thomas, avant de se p ro n o n c e r en faveur du
procédé de M. Lahaye; ils voudraient voir, et ju sq u ’à plus ample informé, nous sommes
comme eux, et appelons Texpérimentation do tous nos voeux, en p rian t nos lecteurs
d ’en publie r plus ta rd les résultats.
De nouvelles publications surgissent. ’Trois livraisons de o Jardin Van Mons », autour
'M. Bivort, si bien connu des pomologues p a r son Album de pomologìe e t ses Annales de
pomologie, viennent de pa ra ître . Trente variétés y sont déjà décrites et accompagnées
d ’un croquis au tra it, ce qui est bien insuffisant pour reconnaître les fruits. Nous verrons
plus lard co que deviendra cette publication d ’un pomologue éminent.
Après le grand ouvrage de M. le doc teur Jules Guyot, su r la viticulture, qui est en
p réparation chez MM. Masson ot Fils, et pour lequel viennent chaque jo u r plus nombreuses
les marques de sympathie qui s’appliquent au savant docteur, p our les services
q u ’il a rendus à la viticulture française; nous trouvons peu de livres nouveaux en
France. 11 nous faut cependant dire un mot de uV Atlas des fleurs de pleine te r r e r , complément
du beau livre que MM. Vilraorin-Andrieux et Cie ont publié il y a déjà deux
ou trois ans, album irôs-soigné, ra o n lran t lo p o rt cl le détail, on gravures noires, des
lypes principaux de chaque genre de fleurs de pleine te rre . Mais cela sort du cadre de
la pomologie ot, d ’ailleurs, nous n ’avons que des éloges à donner à co bon livre.
En Angleterre, tous les ans, M. le docteur 1!. IIogg public un volunje de fm d ’année
sous le titre de Gardener’s yeor-book; c ’est un Almanach très-bien fait, à l ’usage des j.ar-
dinicrs, p ro p riétaires et commerçants. Nous n ’avons rien qui vaille cela en Fr.ance, car
il ne faut pas compter nos pe tits Almanachs annuels de l’Agricullure et de Tllorticul-
lu re , faits trop à la hâte et avec peu de renseignements. Dans le Year-Book de M. Hogg
se trouvent, indépendamment de renseignements pratiques, des Iravaux mensuels, des
listes très-complètes d ’adresses de tout ce qui louche au jardinage en Angleterre et une
revue très-soignée des, nouveautés de l’année parues dans toute l’Europe. Les jardins
potager, fru itie r, de luxe, y ont leurs chapitres très-complets. Nous n ’avons q u ’à
signaler ce qui touche à la pomologie. Parmi les pommes, M. Hogg cite : Balcliin’s Pear-
main. Grand-duc Constantin, l’une obtenue p a r M. Balchin, à Dorking, l ’autre d ’origine
russe, vue p our la première fois dans le ja rd in du Révérend W. Kingsley, de South Kil-
vington. La Figue « grosse verte », nouvelle pour l’A ngleterre, est très-connue dans notre
Provence. Dans les Raisins, plusieurs belles variétés : Madresfield court, gagné par
M. Cox, ja rd in ie r près W o rc e s te r; Royal Ascot, qui a fructifié pour la première fois.dans
les serres de M. Standish, à Ascot. C’est un magnifique e t excellent raisin n o ir; le précédent
est couleur opale, un peu comme le Muscat d'Alexandrie. Parmi les Brugnons, il
cite : Albert Victor, Large Elruge, Stanwick Elruge, tous trois délicieux, d it-o n . Les
Pêches, sur lesquelles M. Rivers a donné une opinion très-favorable, sont : E a r ly Beatrice,
E a r ly Louise, E a r ly Rivers, River’s E a r ly York, Lady Palmerston, Nectarine Peach.
Enfin, dans les Poires, nous trouvons, à côté de deux noms qui nous sont peu familiers,
quelques variétés connues, qui sont nouvelles seulement pour l’Angleterre, La liste se
compose de : Beurré de Béguines, Bergamotte de Millepieds, Beurré de Jonghe, Emile
d’IIeyst, Général l'otleben, Madame Appert. Nous donnons simplement c ette liste, sans
commentaires, aux collectionneurs, qui pourraient facilement se pro cu re r ces fruils,
s’ils demandaient des renseignements, à fil. lo docteur Hogg, 171, Fle e t Street,
à Londres.
Terminons c ette chronique, déjà longue, par une hisloriette assez gaie que nous glanons
dans la d ernière livraison de la Flore des serres et des jardins de l'Europe, superbe
publication dont l ’éloge n ’est plus à faire, et qu ’édite, à Gand (Belgique), l’un des hommes
qui ont le plus fait p o u r l’h o rticid tu re en Europe, M. VanHoulte.
Le spirituel h o rticu lteu r rapporte qu’on vend naturellement en Angleterre « le Bananier
nain à fru ils rouges », et il met eu garde les faciles à trom p er contre ce p u ff américain,
en disant que le vendeur ap p artien t à la famille de ceux qui ont inventé: la Gentiane
du mont A rarat à grandes fleurs de tulipes tricolores, le Lraisieren arbre, lesquels n’étaient
autre chose q u ’un Bouleau commun et un rhizome de Nénuphar. Ajoutez-y des Asperges
«grosses comme la jambe », des Cerises plus grosses que des «oeufs de poule » , des
Renoncules « enfilées n a tu re llem en t sur une baguette d ’or », et autres farces de même
farine. Nous nous rappelons tous avoir vu le déballage des frères Balme, do Grenoble
(condamnés plus tard comme escrocs), et avoir vu vendre des plants de Jlarro n n ie rs
pour « Pivoine en .arbro», des filagnolias à Hours bleues doubles, des filelons à goût
(l’Ananas, des Poires de 8 kilogrammes, cto. On nous annonce que de nouveaux exploiteurs
de celte sorte, mais plus habiles, se p réparent ù faire des tournées dans la p ro vince.
Prenez garde à vos poches !
En, André.