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L’auleiir, comme to u t Ihéoricieu qui sait son métier, procède avec m éthode; avant
d ’en trep ren d re Tétude des différents modes de greffage, il en indique clairement le but,
il explique la manière dont opère la nature et prévient de leurs insuccès les grelleurs
d ’occasion, plus nombreux q u ’on ne pense, qui c roient avoir fait merveille lo rsq u ’ils ont
mis les deux écorces en communication inlime. Tout ce qui concerne Toutillage et ses
accessoires est décrit ensuite e t figuré, puis la préparation des greffons, puis celle des
sujets qui devront les recevoir.
C’est alors que le le c teu r a pu bien éUidier ces détails et se re n d re partaitement
compte de ce qiTil va faire, q u ’a n iv e Tctude des procédés de greffage, en trois
grandes divisions : pat' approche, par rameau détaché, par ceil ou bourgeon, avec toutes
leurs subdivisions. C’est ici su rto u t qu ’ou peut ju g e r Tauteur et q u ’on découvre le p ra ticien;
les explications y sont c la ire s; au moyen des 113 planches du volume, étudiées
dans leurs détails avec un soin minutieux, to u t devient simple pour l’opé ra te u r: il y voit
comment il p réparera le greffon et le sujet, comment il p lacera les ligatures p ro te c trices,
comment même sa main devra se poser p o u r agir dc la manière la plus expéditive
ou la plus commode, e t quel aspect définitif devrait offrir l’opération bien faite;
les yeux sont satisfaits et Tintelligcuce ne trouve à re g re tte r l’absence d ’aucun détail.
Une fois le travail accompli d ’après ces bons conseils, le greffcur n ’est pas abandonné
à lu i-m ém e ; on lui indique les soins q u ’il doit p ren d re après le greffage cl les travaux
complémentaires que celui-ci nécessite ; il y a les ligatures à surveiller, les sujets à clô-
te r en temps convenable; il y a la branche greffée q u ’il faudra séparer de sa mère, la
greffe q u ’on devra ébourgeonncr quand se manifestera la végétation; il y a encore les
ennemis à g u e tte r et à détruire, les chenilles, les pucci'ons, les liselles, les escargots, et
le tig re, el le kermès, e t tout le re s te ; puis il faudra parfois palisser la greffe, supprimer
les onglets, voir s’il ne serait pas bon de réduire les bourrelets qui prennent des développements
exagérés : une foule de détails, en un mol, q u ’aurait négligés celui qui manque
d ’expérience.
Ceci tra ité ,— e t bien tra ité , —^M, Ballet ouvre un chapitre p a rtic u lie r aux principaux
arbres, arbrisseaux ou a rb u stes; pour chacun d ’eux il indique quel sujet il faudra choisir,
quel mode de greffage sera le meilleur el les soins paiTiculiers qu ’il ré c lam era; c’est
l’application spécialisée de to u t ce que vient d ’enseigner le livre, et c ’est une nouvelle
occasion de faire valoir l’habileté du praticien et la cl.arté de l’in s tru c teu r.
Voilà to u t ce que, humilié de ce qui mamiue encore à mon expérience en la matière,
j ’aurais pu me i e rmettre de dire sur l’ouvrage to u t spécial de M. Ballet, si un praticien
consommé n ’avait pas été là, de rriè re moi, suivant mon feuilletage p a r dessus mon
épaule, et si, me d o nnant son entière approbation, il ne m’avait engagé à a jouter
quelques lignes, les plus sérieuses de toutes el d ’un homme compétent q u ’on p eu t croire
su r parole.
M. Baltet, m ’a-t-il dit, a bien compris le g en re de livre qu’il devait faire; après les
travaux to u t spéciaux des anciens auteurs, rares parfois, compliqués souvent et presque
toujours faits au seul point de vue scientifique, il a offert là un travail to u t fait au pra tic
ien et à Tamateur; si celui-ci a perdu de vue ou n'a pu bien saisir les e.xplications qu ’il
a entendues aux cours des professeurs, il retrouvera dans L'art de greffer le guide ou le
memento qui lui manque. Les genres de greffes sont bien choisis, d é crits avec soin et
c la rté , avec tous les détails qu ’exige chacune d ’elles, sans q u ’on y ren co n tre , étudiées
outre mesure, des modes qui n 'o n t plus leur raison d ’ê tre . L’au te u r n ’a pas oublié que
la greffe en écusson est une des plus employées et des plus faciles à exécuter, aussi lui
a-t-il consacré to u t l ’espace nécessaire. Les pays qui s'ad o n n en t à la culture du noyer
trouveront de bons avis à leur adresse, et la pa rtie qui sc rap p o rte à la vigne est babilement
et longuement tra ité e ; il était bon de ch erch e r à en p ropager le greffage, au moyen
duquel on peut en si peu de temps transformer la nature des cépages défectueux !
Mon habile pralicien a mi encore avec plaisir cc qui a rap p o rt à la greffe giar sujet-bouture,
bonne à exécuter en certaines circonstances, à celle sur racine, au moyen de
laquelle on remédie à la bizarrerie présentée p a r certains végélaux q u i , comme le
Cognassier du Japon, ne consentent pas à être greffés su r leu r pro p re lige, mais supporte
n t la greffe sur leurs ra c in e s; il re co n n aît l’u tilité du greffage de rameaux écussonnés,^
peu usité ju sq u ’à présent, au moyen duquel les variétés d ’Abricotier et de P êcher q u i
réussissent difficilement au grelfage par rameau, p o u rra ien t ê tre écussonnécs en été sur
des scions de Pru n ier, puis, au printemps suivant, greffées su r P ru n ie r, soit en fente, soit
à l ’anglaise, soit en incrustation ; il approuve le c hapitre du greffage sous verre et il tolè re
au passage les formes-joujoux auxquelles la greff'e a ap p o rté le u r b iz a rre rie ; bref, il
estime Touvrage et le recommande, de sorte que rie n ne p eu t plus m ’a rrê te r p o u r bien
le recommander moi-môme.
J ’a jouterai que M. Baltet n ’emprunte rien à César sans le lui re n d re im médiatement;
à to u t moment, il cite les praticiens qui ont imaginé ou gran d em en t propagé certains
genres d ’opérations q u ’il re com m an d e; s’ils p o rten t un nom connu, il s’appuie de leur
a u to rité ; si cc sont de plus modestes opé ra teu rs, il emploie sa p ro p re inffucnce à les
faire co n n aître ; c ’est agir en conscience.
Malgré la multiplicité des procédés qu ’indique clairement LLart de greffer, je ne doute
pas que quelques soupirs bien sentis ne retentissent çà e t là, à propos de l ’omission de
tel ou tel mode indiqué par te l ou tel au teu r, mode plus ou moins antique, plus ou
moins h a rd i, plus ou moins excen triq u e même ; je sais que toutes les audacieuses
velléités de greff:ige autrefois proposé es trouveraient encore, à bien chercher, des défenseurs
incorrigibles, et je ne serais p a s étonné de revoir p réconiser la greffe du Rosier
sur le Houx et su r le Cassissier, p our avoir des roses vertes ou noires, celle du Pommier
sur la Ronce, pour obtenir des calvilles pourprés, celle de la Vigne sur le Noyer, pour
ré co lte r des grappes pleines d ’huile !!!, et dont M. Baltet rappelle en passant les pré ten dues
réussites si audacieusement affirmées et qui trépignaient si follement sur la physiologie
des plantes. Rions et laissons dire.
Le livre de M. Baltet ren fe rm e plus de 300 pages, et 113 figures viennent a jouter
encore à la précision du texle. C’est la maison Victor Masson et fils qui l’édite, de même
que le suivant; format commode, impression remarquable, soins minutieux dans tous
les détails matériels, simplicité élégante et de bon goût, c’est Tusage chez elle; elle n ’y
a pas manqué cette fois plus que les autres. Bref, je Tespère bien, .L’art de greffer aura
Tart de plaire, ce qui n ’est pas donné à tous les oirvrages, — même d ’h o rticulture, —
non pius q u ’à tous les au teu rs, — même horticoles.
Maintenant voici qui devient embarrassant et j ’en vais faire juges les le c teu rs du
Verger. Supposons que Taulre livre. Les fruits à cultiver (l), moins épais, mais non moins
utile, prenne à pa rtie toutes les espèces de fruits, poires, pommes, pêches, prunes,
abricots, cerises, raisins, fraises, e tc ., p u is q u ’il fasse un choix judicieux et très-restreint
parmi chacune d ’elles, q u ’il les décrive et q u ’il en indique la cu ltu re , après avoir donné
quelques avis généraux sur la préparation des terrains aussi bien que su r la plantation
des a rb re s ; supposons que ce p e tit volume, to u t simple et to u l bonhomme, osant à
peine se p ré sen te r comme un livre et p ré ten d an t n ’è tre qu’un simple, relevé de notes,
étale lo plus simplement du monde, dans ses modestes feuillets, des avis précieux et
( t ) Les fruits à cultiver. — L e u r descripUoii, l e u r c u llu re , p a r M. F erd iiiaiid J am in . — Dn volume in-18
dc 180 pages, P a ris , V icto r .Masson e t F ils . — P rix : 1 tr . 5 0 .