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— Il ne m’a pas élc donné de signaler en temps voulu la dispariliou de deux hommes
bien connus des anialeurs de fruits e t des pomologues : M. Doùmet et le docteur
Nicaise; il ue serait pas bon toutefois qu ’il ne leur fût pas adressé dans le Va-ger
l’expression de regrets sincères bien que tardifs. On sait avec quel zèle M. Hoûmet,
maire de Celte et ancien député, présidait la Société d’horticulture de l’ilé rault, quels
soins particuliers il avait apportés dans ces derniers temps à la description de nombreuses
variétés de figues et avec quelle a rdeur juvénile il défendait encore, lors de la
dernière session du Congrès pomologique, les éludes qu’on avait faites à ce sujet dans
la région q u ’il y représentait. C’est un membre actif de moins p o u r le Congrès, une
perte pour sa Société d ’horticuUure.
Qui n ’avait entendu parler aussi du docteur Nicaise, do cet aimable vieillard toujours
si bon aux siens ! si dévoué à scs amis ! — et ses amis, c ’était tout le monde — si allàble
à tous 1 dont bien des années ont passé paisibles au milieu de scs fleurs, au milieu de ses
fraisiers surtout, auxquels depuis seize ans il n ’avait pas ménagé les soins paternels? Les
semis du docteur Nicaise ont eu du succès dans le inonde horticole, et, signalant parmi
eux les 25 variétés les plus remarquables, le Comité de culture potagère réclamait
récemment de notre Société centrale d ’horticulture une récompense spéciale pour le
semeur désintéressé. C’est sur sa tom b e , ainsi que l’a é crit sa famille , qu’on devra
déposer co sympathique témoignage. La ville qu ’il habita it a servi de marraine à deux
de ses meilleurs gains : Exposition de Châlons el La Châlonnaise, et si le fruit Docteur
Nicaise a vu s’élever à son sujet des dissentiments bien tranchés et fort exagérés peut-
ê tre , il nous représentera du moins la plus magnifique des fraises que nous connaissions
encore, et surtout il nous rap p e lle ra le nom de son o btenleur regretté.
— J ’avais l’intention, après avoir parlé des morts, de p a rle r de quelques vivants, mais
ce seraitpeut-êtro encoreplus triste; je passe doue auxarbres; d u re s te, je ne saurais m ieux
fa ire , puisqu’en un c ertain nombre d ’endroits on a déjà fortem ent recommandé après
moi les deux excellents Pêchers dont j ’ai conseillé la culture. A ceux qui ont bien voulu
me croire sur parole, je demanderai la continuation de leu r coufiauce ; plusieurs savent
que depuis longtemps, bien que jeune débutant dans la carrière pomologique, j ’ai toujours
conservé l’indépendance dc mes appréciations, et que je suis to u t p rê t à déclarer exécrables
les mauvais gains de mes meilleurs amis, comme, au cas échéant, à déclarer excellentes
les heureuses trouvailles dc MM*“ , pour lesquclsje suis loin cependant d ’é prouver
une admiration tapageuse.
Il est un fruil dont je me félicite toujours d ’avoir été, en 1863, l ’avocat officiel auprès
(le la Société centrale d’horticulture, c ’est l'Olivier de Serres. Faiblement préconisé dans
le principe, c’est un peu dans l ’obscurité q u ’il a vu s’écouler sa jeunesse, et l’on ne sau rait
trop en blâmer personne, car il se présentait sous dc minces apparences. Mainlcnanl
que les nouveaux gains nous a rriv en t plus s e rré s, ou est peu porté ualurellemeiit à
accepler ceux de petit volume, bien q u ’oii sache que beaucoup de petits sont d ’une
(jualité excellente, tandis que beaucoup d ’autres, larges on d'une belle longueur, — je
ne parle que des fruits, — ne valent pas grand’cbose. C’est qu ’on craint toujours (je
tomber sur ces malheureuses petites nouveautés dans lesquelles, une fois qu ’on a enlevé
la peau, la queue et l’oeil, il ne reste plus guère k déguster que les pépins et leurs loges.
Heureusement pour l ’Olivier de Serres, il n’en a pas été ainsi à son égard, el maintenant
qu uu certain nombre de planteurs, confiants dans la sincérité des premiers éloges, ont
pu juger par eux-mêmes le semis de M. Boisbunel, voici qu’un revirement s’opère et
qu 011 cite l’excellence et la perfection de la chair do cette poire, dont le volume atteint
une bonne grosseur moyenne; j ’aperçois même d ’ici le moment o ù , si elle grossit
encore avec la c u ltu re , elle va faire une bien rude concurrence à sa soeur aînée, la
Passe-Crassane; elle est plus fine et plus d é lic ate , elle n’est certes pas plus rare sur
l’arbre. J ’ai donc c ru le moment propice pour b a ttre encore une fois le fe r, pendant
qu’il s’échaullé si b ie n , en faveur de mou ancienne p rotégée; j ’engagç ceux qui ne la
connaissent pas à interroger à son sujet tous ceux qui la c u ltiv e n t, je leur conseille de
la considérer conmio un des meilleurs fruits que nous ayons acquis pour l’hiver , et si
quelque ami leur d it un jo u r : « Venez donc me voir, je vous ferai goûter de VOlivier de
B Serres b, qu’ils ne manquent pas à l ’appel 1
— J ’ai parlé de petits fruits d ’une excellente n a tu re ; c’est dans cette série qu’il sera
juste de faire en tre r une petite Poire d ’été, la Poire des Canourgues, déjà admise dans lo
Verger et à la description de laquelle on fera bien de se rep o rte r (1). Voici qui est fin,
vineux, s u c ré , ju teu x et d ’un arorae qui réveille; un arb re de cette variété offre, au
milieu d ’a o û t, un charmant sp ec ta c le , et si la mode continue à ré c lam er, pour les
tables, des desserts que le convive délache lui-même de leur tige, ce sera un charmant
pondant aux Pommiers à ’Api, que ces petits Poirie rs des Canourgues, mélangeant au
vert dc leur feuillage le rouge vif e t agaçant de leurs fruits parfumés; greffés sur
cognassier, leur végétation ne sera pas tro p vigoureuse pour cet usage, el en outre,
greffés sur franc, en plein vent et en plein soleil, les sujets, comme ra rb ro -m è re , donneront
d ’abondantes et fructueuses récoltes (2).
— J ’ai trop bonne opinion de mes collègues de Paris pour ne pas espérer qu’ils
n ’auront prêté qu’une oreille, — bien distraite encore ! — aux louanges qu’ils ont pu
en ten d re , à deux reprises et à quinze jours de distan ce , d ’un Pommier très-fertile , à
fruit très-sucré, ta rd if et assez répandu dans un certain rayon de nos environs: j ’espère
de même que mes collègues de province, lecteurs éloignés du Journal de la Société centrale
d ’horticulture, qui au ro n t eu la chance de n ’entendre l’apologie q u ’à distance et
largement réduite, voudront bien, eux aussi, ne pas trop la prendre à la lettre. Quand
j ’aurai nommé la Pomme de Coqueri.au, j ’aurai probablement réveillé chez les habitants
du Nord e t de l ’Ouest le souvenir d ’un fruit estimé ju sq u ’à un certain point pour la
fabrication du cidre et qui se laisse même manger à la m a in , à défaut d’autre chose,
mais dont le ju s , assez ra re du reste , est assurément mieux à sa place dans un gobelet
d ’auberge que sur la lame d ’argent d ’un couteau à dessert. Aussi me suis-je facilement
expliqué l ’accueil peu empressé fait au paquet de greffons qu ’un de nos Vice-Présidents
avait mis à notre disposition, p o u rlapropaga tiou d e l’espèce, et ai-je c ru ,—ju sq u ’à un certain
point! —à l ’affirmation d ’un mien voisin, q u ’à la fin de la séance le p aquet se serait
même trouvé sensiblement plus fort qu ’au moment de son ouverture, quelques personnes
quiavaient précédemment re çu des greffons du U'ogueraM ayant subrepticement saisi l’occasion
de s ’en débarrasser, en les réunissant à leurs camarades. Je ne veux certes pas
re tire r au pré senta teur le mérite de sa bonne intention, mais je crois qu’il s’est en partie
trompé en recommandant pour le couteau la propagation de cette Pomme à c id re , et
q u ’il n ’a pas mieux réussi peut-être en signalant à notre région de Paris la culture du
P ê ch er de TuUins, qui ne lui convient guère.
— En outre des nombreux cours d ’a rb o ricu ltu re dus au désintéressement des professeurs
ou aux sacrifices bien compris des Sociétés, le Ministère de rag ric u llu re n ’a pas
non plus oublié cette année les missions horticoles q u ’il avait déjà confiées l ’an dernier
au zèle do M. Du Breuil. Après la clôture de son triple cours, rue de Grenelle, au Con-
(1) Tome U , Poires d’été, n ” 37.
(2) Ce sont MM. Bonamy, J e Toulouse, (jui o n t mis a u commerce lo p o irie r des Canourgues.