& H i s t o ir e Natur e l l e
les animaux, paroit être le dernier degré de la timidité
ou de l’iiafenfibilité, elle fe laide enlever Ton agneau
f in i le défendre, fans s’irriter, fans réfilier & fans
marquer là douleur par un cri différent du bêlement
ordinaire.
Mais ce tan i mal fi chétif en lui-même, fi dépourvu
de fentinrent, fi dénué de qualités intérieures, eft pour
l ’homme l’animal le plus précieux, celui dont l’utilité
eft la plus immédiate &. la plus étendue ; feul il peut
fùffire aux befoins de première néceffité , il fournit
tout, à, la .fois de. quoi fe nourrir & fe vêtir, fans
compter les-, avantages particuliers que l’on fait tirer
du fuif-, djU lait, de la peau , & même des boyaux, des
os. & du fumier de cet animal, auquel il femble que la
Nature n’ait, pour ainfi djre, rien accordé en propre,
rien donné que pour le rendre à l ’homme.
L ’amour, qui dans les animaux eft le fentiment le
plus; vif•& le plus;général, eft auffi le feul qui femble
donner quelque vivacité , quelque mouvement au
bélier , il devient pétulant , il fe bat , il s’élance
contre les autres béliers , quelquefois même il attaque
Ion berger ; mais la brebis, -quoiqu’en chaleur, n’en
paraît pas plus animée,, pas. plus, émue., elle n’a
qu’au tant d’inftinéb qu’il en faut pour ne pas refufer
les. approches du mâle , pour ch.oi/ir fa nourriture &
pour, reconnaître ion agneau. L ’i.nftinél eft d’autant
plus fur qu’i l . eft plus, machinal , & , pour ainfidire,
plus inné b 1? jeune agn.eau cherche lui-même dans
tin nombreux troupeau, trouve & faifit la mamelle dé
fa mère fans jamais fe méprendre. L ’bri dit auffi que
les moutons font fenfiblès aux douceurs du chant,
.qu’ils paiffent avec plus d’affiduitéj qu’ils fe portent
mieux, qu’ils engraiffént au fon du chalumeau, que la
mufique a pour eux des attraits; niais l’on dit encore
plus fouvent, & avec plus de fondement, 'qu’ëlle fert
au moins à charmer l’ennui dit berger, & que c’eft à
ce genre de vië oifive & iolitaire que l ’on doit rapporter
l’origine de cet art.
Ces animaux, dont le naturel eft fi fimple, font auffi
d’un tempérament très-foible, ils ne peuvent marcher
long-temps y les voyages les affoibliffent & les exténuent
; dès qu’ils courènt, ils palpitent & font bien-tôt
effoufîés ; la grande chaleur , l’ardeur du foleil les
incommodent autant que l’humidité , le froid & la
neige ; ils font fujets à grand nombre de maladies
dont la plufpart font contagieufes ; la fiirabondance
de la graiffe les fait quelquefois mourir, & toujours
elle empêche les brebis de produire ; elles mettent
bas difficilement p elles avortent fréquemment & demandent
plus de foin qu’aucun dés autres animaux
domeftiquès.
Lorfque la brebis eft prête à mettre bas, il faut la
féparer du refte du troupeau & la ïvèiller afin d’être
à portée d’aider à l’accotichemèrit, l ’agneau fë pré-
fente- fouvent de travers ou par les pieds, & dans
tes cas la mère court rifquë de la vie fi elle n’eft