on les aura fait couvrir, & celui où le chevreau pourra
commencer à paître.
• Lorfqu’on les conduit avec les moutons, elles ne relient
pas à leur fuite, elles précèdent toujours le troupeau ; il
vaut mieux les mener féparément paître fur les collines,
elles aiment les lieux élevés & les montagnes, même
les plus efcarpées; elles trouvent autant de nourriture
qu’il leur en faut, dans les bruyères, dans les friches,
dans les terreins incultes & dans les terres flériles : il
faut les éloigner des endroits cultivés, les empêcher
d ’entrer dans les blés, dans les vignes, dans les bois ;
elles font un grand dégât dans les taillis; les arbres dont
elles broutent avec avidité les jeunes pouffes & les
écorces tendres, périffent prefque tous; elles craignent
les lieux humides, les prairies marécageufes, les pâturages
gras : on en élève rarement dans les pays de
plaines ; elles s’y portent mal, & leur chair efl de mau-
vaife qualité. Dans la plupart des climats chauds, l’on
nourrit des chèvres en grande quantité, & on ne leur
donne point d’étable : en France, elles périroientfi on
ne les mettoit pas à l’abri pendant l’hiver. On peut le'
difpenfer de leur donner de la litière en été, mais il
leur en faut pendant l ’hiver ; & comme toute humidité
les incommode beaucoup, on ne les laiffe pas coucher
fur leur fumier, & on leur donne fouvent de la litière
fraîche. On les fait fortir de grand matin pour les mener
aux champs ; l’herbe chargée de rofée, qui n’efl pas
bonne pour les moutons, fait grand bien aux chèvres,
Comme elles font indociles & vagabonde?, un homme,
quelque robufte& quelque agile qu’il foit, n’en peut guère
conduire que cinquante. On ne les laiffe pas fortir pendant
les neiges & les frimats; on les nourrit à l ’étable,
d’herbes & de petites branches d’arbres cueillies en
automne, ou de choux, de navets & d’autres légumes.
Plus elles mangent, plus la quantité de leur lait augmente ;
& pour entretenir ou augmenter encore cette aboedance
de lait, on les fait beaucoup boire, & on leur donne
quelquefois du fàlpêt'ré ou de l’eau falée. On peut commencer
à les traire quinze jours âprès qu’elles ont mis
bas ; elles donnent du lait en quantité pendant quatre à
cinq mois, & elles en donnent foir & matin.
La chèvre ne produit ordinairement qu’un chevreau,
quelquefois deux, très-rarement trois, & jamais plus
de quatre; elle ne produit que depuis l’âge d’un an
ou dix-huit mois, jufqu’à fept ans. Le bouc pourroit
engendrer jufqu’à cet âge, & peut-être au delà, fi on
le ménageoit davantage ; mais communément il ne fert
que jufqu’à l ’âge de cinq ans. On le réforme alors pour
1 engraiffer avec les vieilles chèvres & les jeunes chevreaux
males que l’on coupe à l ’âge de fix mois, afin
de rendre leur chair plus fijcculente & plus tendre. On
les engraiffe de la même manière que l'on engraiffe les
moutons; mais, quelque foin qu’on prenne, & quelque
nourriture qu’on leur donne ; leur chair n’efl jamais auffi
bonne que celle du mouton, fi ce n’efl dans les climats
très-chauds, où la chair du mouton efl fade & de mauvais
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