jo Histoire Naturelle
aufli, & à trois ans elles font toutes remplacées, elles
font alors égales & affez blanches; mais à mefure que
l ’animal vieillit, elles fe déchauffent, s’émouffent, &
deviennent inégales & noires. On connoît auffi l’âge
du bélier par les cornes, elles paroiffent dès la première
année , Couvent dès la naiffance & croiffent tous les
ans d’un anneau jufqu’à l’extrémité de la vie. Communément
les,brebis n’ont pas de cornes, mais elles ont
fiir la tête des proéminences offeufes aux memes endroits
où naiffent les cornes des béliers. Il y a cependant
quelques brebis qui ont deux & même quatre cornes :
ces brebis font femblables aux autres, leurs cornes
font longues de cinq ou fix pouces, moins contournées
que celles des béliers; & lorfqu’il y a quatre cornes,
Ips deux cornes extérieures font plus courtes que les
deux autres. b
Le bélier eft en état d’engendrer dès 1 âge de dix-
huit mois, & à un an la brebis peut.produire; mais on
fera bien d’attendre que la brebis ait deux ans, & que
le bélier en ait trois, avant de leur permettre de s accoupler;
le produit trop précoce, & même le premier
produit de ces animaux, eft toujours foible & mal
conditionné. Un bélier peut aifément fuffire à vingt-
cinq ou trente brebis; on le choifit parmi les plus forts
& les plus beaux de fon efpèce : il faut qu il ait des
cornes, car il y a des béliers qui n’en ont pas, & ces
béliers fans cornes font, dans ces climats , moins
vigoureux & moins propres à la propagation. Un beau
d e l a B r e b i s , ii
& bon bélier doit avoir la tête forte & groffe, le front
large , les yeux gros & noirs , le nez camus, les oreilles
grandes, le col épais, le corps long & élevé, les reins
& la croupe larges, les tefticules gros, & la queue
longue : les méilleurs de tous font les blancs, bien
chargés de laine fur le ventre, fur la queue, fur la tête,
fur les oreilles & jufque fur les yeux. Les brebis, dont
la laine eft la plus abondante, la plus touffue, la plus
longue, la plus foyeufe & la plus blanche, font au/îi
les meilleures pour la propagation, fur - tout fi elles ont
en même temps le corps grand, le col épais & la
démarche légère. On obferve aufli que celles qui
font pluftôt maigres que graffes, produifent plus fûre-
ment que les autres.
La fàifon de la chaleur des brebis eft depuis le
commencement de novembre jufqu’à la fin d’avril ;
cependant elles ne laiffent pas de concevoir en tout
temps, fi on leur donne, aufli-bien qu’au bélier, des
nourritures qui les échauffent, comme de l’eau falée &
du pain de chenevis. On les laiffe couvrir trois ou quatre
fois chacune, après quoi on les fépare du bélier, qui
s’attache de préférence aux brebis âgées & dédaigne
les plus jeunes. L ’on a foin de ne les pas expofer à far
pluie ou aux orages dans le temps de 1’accoUpIement,
l ’humidité les empêche de retenir, & un coup de
tonnerre fuffit pour les faire avorter. Un jour ou deux
après qu'elles ont été couvertes, on les remet à la vie
commune, & l’on ceffe de leur donner de l’eaü falée, '
B ij