16 H i s toir e Naturel le
été, on les mènera aux champs avant le lever dufoieil,
afin de leur faire paître l’herbe humide & chargée de
rofée. Rien ne contribue plus à l’engrais des moutons
que l’eau prife en grande quantité, & rien ne s’y oppofe
davantage que l’ardeur du foleil ; ainfi on les ramènera
à la bergerie fur les huit ou neuf heures du matin /
avant la grande chaleur , & on leur donnera du fel
pour les exciter à boire : on les mènera une fécondé
fois fur les quatre heures du foir dans les pacages les
plus frais St les plus humides. Ces petits foins continués
pendant deux ou trois mois fuffifent pour leur donner
toutes les apparences de 1 embonpoint, 8t meme pour
les engraiffer autant qu ils peuvent le tre , mais cette
grailfe qui ne vient que de la grande quantité d’eau
qu’ils ont bue, n’eft, pour ainfi dire, qu une bouffiflure,
une oedème qui les ferait périr de pourriture en peu
de temps, & qu’on ne prévient qu’en les tuant immédiatement
après qu’ils fê font charges de cette faufle
grailTe ; leur chair même, loin d’avoir acquis des fucs
& pris de la fermeté, n’en eft fouvent que plus infipide
& plus fade : il faut, lorfqu’on veut leur faire une bonne
chair, ne fe pas borner à leur laifler paître la rofée &
boire beaucoup d’eau, mais leur donner en meme
temps des nourritures plus fucculentes que 1 herbe.
On peut les engraiffer en hiver St dans toutes les
fàifbns, en les mettant dans une étable a part, St en les-
nourriffant de farines d’orge , d’avoine , de froment,
de fèves, &c, mêlées de fel afin de les exciter à boire
plus fouvent & plus abondamment; mais de quelque
manière St dans quelque faifon qu’on les ait en «raides,
il faut s’en défaire auffi-tôt, car on ne peut jamais les
engraiffer deux fois, St ils périffent prefque tous par des
maladies du foie.
On trouve fouvent des vers dans le foie d.es animaux
| on peut voir la defcription des vers du foie des
moutons & des boeufs dans le Journal des Savans (a),
St dans les Ephémérides d’Allemagne (b ). On croyoit
que ces vers finguliers ne fe trouvoient que dans le
foie des animaux ruminans , mais M. Daubenton en a
trouvé de tout femblables dans le foie de l’âne ( c ) , St il
eft probable qu’on en trouvera de femblables auffi dans le
foie de plufieurs autres animaux. Mais on prétend encore
avoir trouvé des papillons dans le foie des moutons:
M. Rouillé Miniftre & Secrétaire d’état des affaires
étrangères, a eu la bonté de me communiquer une lettre
qui lui a été écrite en 1749 par M. Cachet de Beaufort,
Doéleur en Médecine à Montiers en Tarantaife, dont
voici 1 extrait. « L on a remarqué depuis longtemps que
les moutons ( qui dans nos Alpes font les meilleurs de «
l’Europe ) maigriffent quelquefois à vue d’oeil, ayant«
les yeux blancs,, chaftîeux St concentrés, le fàng féreux, «
fans prefque-aucune partie rouge fenfible, la langue«
(a ) année 16 6 8 .
(b ) tome V , années 1 8 7 7 é f 1 6 7 6 .
( c ) Voyez <J'ms fil IV .0 volume de cette Hiftoire naturelle, la
defcription de l ’âne.
Tome V C