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D E S C R I P T I O N
D U C H I E N .
LE chien & le cheval font peut r être, de toutes les efpèces
d’animaux quadrupèdes, celles qui varient le plus par rapport
a leurs diverfes raees ; mais il fe trouve entre les chiens des différences
Bien plus confidérables qu’entre les chevaux, par la grandeur
& par les proportions du corps, par la longueur & la qualité
du p o il, & c . En comparant un petit danois (pl. x l i , fig-1 )
à un dogue de forte race (pl. x l v ) , un baffet à |ambes torfes
ÙP& X X x v , fig. 1 ) à un levrier (pl. x x v u ) , un grand barbet
(pl. x x x v i 1 ) à un chien-turc (pl. x l i i , fig. 1 J , 8cc. on
ferait porté à croire que ces animaux feraient d’elpèces différentes,
fur-tout après s’être convaincu que le cheval & l’âne ne font point
de la meme elpèce, parce que leur produit eft ftérile *. A u
conti ail e , quel que puiflè être le mélange dans l’accouplement
des chiens, les individus qui en proviennent font féconds dans
une fuite confiante de générations; par conféquent, ni les variétés
fingulières qui s’y rencontrent, ni les différences marquées
qui s y perpétuent, ne doivent pas nous empêcher de rapporter
tous les chiens a une feule & même elpèce.
U y 1 donc plufieurs races très-diftinéles parmi les chiens;
& de plus, il y a dans cette même elpèce un grand nombre
d’individus, dont chacun réunit en foi des.caraélères de ces diff
ferentes races : on leur donne le nom de métis, parce qu’ils ont
été engendrés par un mâle & une femelle, chacun de race différente.
On reconnoît aifement dans un métis les races dont il
* Voye^ le tom e I V d e c e t O u v r a g t, page377 i?Suivantes.
prennent : fi nn barbet s'accouple avec une danpi/e, les individus
qu’ils piodnyè# portent ordinairement des cara.élères. de cgs deux
races, qui, quoique mêlés, font-üès-reçpnnpiffàbles, Qudquçfqi$
çes métis, reffèniblent également au père 8ç à la mère, & fe
mélange paraît s;ôtrç fait par moitié ; mais le plus fouvent l’une
des races domine, & les métis ont plus, de rpflèmhlance avçç les
barbets qu’avec les danois, ou au contraire les caraélères des danois
font plus marqués, que ceux des harhets, Il arrive suffi que le
mélange ne fe manifefte par aucune apparence fenfihle, & que
le métis eft fl refîèmbiant au père ou à la nacre, qu’il paraît
être entièrement barbet ou danois. Le double métis, c’eft-à-dire,
celui qui vient de deux métis, a des caraélères fort équivoques:
en ne reconnoît pas facilement de quelles races il dérive, fur-tout
lorlque les deux premiers métis, père & mère du fécond, font
provenus de quatre races différentes, deux pour |e père & deux
pour la mère. Je foppofe, en prenant des exemples dans les extrêmes
, que le père ait été engendré par un barbet une danoife,
& la mère par un ballet & une levrette ; les caraélères de ces
quatre races fi différentes entre elles , qui ont déjà été mêlés
& altérés dans la première génération, fe confondent de nouveau
, & dilparpiffènt prefque en entier dans la fécondé, de forte
que le double métis participe plus ou moins aux caraélères des
quatre races, du barbet, du danois, du baflet & du leyrier, mais
cependant, en diffère au point de pouvoir confirmer une nouvelle
race, s’il trouvoit fon pareil pour fe perpétuer lâns altération.
Les métis étant dès la feeonde génération fi differens des races
connues, ils en différeraient toujours de plus en plus par de
nouveaux mélanges dans la fuite des générations, s’il n y avoit
dans la nature même de l ’elpèce une tendance à reflimer les
caraélères qui conftituent les principales races ; car iorlqu’un métis