en rapportant chacun de ces chiens métis aux deux races
dont ils fontiffus, leur nature eft dès-lors affez connue;
mais à 1 egard des dix-fept premières races, fi l’on veut
connoître les rapports qu’elles peuvent avoir entre elles,
il faut avoir egard a 1 in 11 in c l , a la forme & à plufieurs
autres circonftances. J ’ai mis enfomhle le Chien de
Berger , le Chien-loup, le Chien de SibérieL le Chien
'de Lapponie & le Chien d Iflande, parce qu’ils fe reffem-
tient plus qu’ils ne refTemhlent aux autres par la figure
& par le p o il, qu ils ont tous cinq le mufoau pointu à
peu près comme le renard, qu’ils font les fouis qui aient
les oreilles droites, & que leur inftinét les porte à
fuivre & garder les troupeaux. Le Mâtin, le Levrier, le
grand Danois & le Chien d’Irlande ont, outre la reffem-
hlance delà forme & du long mufoau, le même naturel;
ils aiment à courir, à fiiivre les chevaux, les équipages ;
ils ont peu de n e z , & chaffont pluftôt à vue qu’à l ’odorat.
Les vrais chiens de chafle font les Chiens courans,
les Braques, les Baffots, les Epagneuls & les Barbets;
quoiqu ils diffèrent un peu par la forme du corps, ils
ont cependant tous le mufoau gros ; & comme leur
inftinét eft le même, on ne peut guère fo tromper en
les mettant enfomhle. L ’Epagneul, par exemple, a été
appelé par quelques Naturaliftes, canis aviarius terrejlris,
& le Barbet, canis aviarius aquaticus ; & en effet, la
feule différence qu’il y ait dans le naturel de ces deux
chiens, c eft que le Barbet, avec fon poil touffu , long
&. frifo, va plus volontiers à l ’eau que l ’Jfpagneul, qui
a le poil lifte & moins fourni, bu que les trois autres
qui l ’ont trop court & trop clair pour ne pas craindre
de fo mouiller la peau. Enfin le petit Danois & le Chien-
turc ne peuvent manquer d’aller enfomhle , puifqu’il
eft avéré que le Chien-turc n’eft qu’un petit Danois qui
a perdu fon poil. Il ne refte que le Dogue, qui par fon
mufoau court fomble fo rapprocher du petit Danois plus
que d’aucun autre chien, mais qui en diffère à tant
d’autres égards, qu’il paroît foui former une variété
différente de toutes les autres, tant pour la forme que
pour l’inftinét : il fomble auflï affeéter un climat particulier
, il vient d’Angleterre, & l’on a peine à en maintenir
la race en France ; les métis qui en proviennent,
& qui font le Dogue de forte race & le Doguin, y
réuffiffent mieux : tous ces chiens ont le nez fi court
qu’ils ont peu d’odorat, & fouvent beaucoup d’odeur :
il paroît auflï que lafineffe de l’odorat, dans les chiens,
dépend de la groffeur plus que de la longueur du
mufoau, parce que le Levrier, le Mâtin & le grand
Danois , qui ont le mufoau fort alongé, ont beaucoup
moins de nez que le Chien courant, le Braque & le
Baffet, & même que l’Epagneul & le Barbet, qui ont
tous, à proportion de leur taille, fe mufoau moins
lon g , mais plus gros que les premiers.
La plus ou moins grande perfoétion des fons, qui ne
fait pas dans l’homme une qualité éminente, ni même
remarquable, fait dans les animaux tout leur mérite, &
produit, comme caufo, tous les talens dont leur nature
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