perfonne ne nous a dit encore s’il en réfulte un mulet
ltérile, ou un animal fécond qui puilfe faire fouche pour
des générations nouvelles ou femblables aux premières:
de même, quoique nous lâchions que le bélier s’accouple
avec la chèvre, nous ignorons s’ils produifent
enfemble & quel eft ce produit; nous croyons que les
mulets en général, c ’eft-à-dire, les animaux qui viennent
du mélange de deux elpèces differentes, font ftériles,
parce qu’il ne paraît pas que les mulets qui viennent
de l ’âne & de la jument, non plus que ceux qui
viennent du cheval & de l ’ânelfe, produifent rien entre
eux ou avec ceux dont ils viennent; cependant cette
opinion eft mal fondée peut-être ; les anciens difent
pofitivement, que le mulet peut produire à lage de
fept ans , & qu’il produit avec la jument (a) : ils nous
difent que la mule peut concevoir, quoiqu’elle ne
puilfe perfectionner fon fruit (b); il ferait donc nécef-
làire de détruire ou de confirmer ces faits, qui répandent
de 1 obfcurité fur la diftinétion réelle des animaux,
& fur la théorie de la génération : d’ailleurs, quoique
nous connoiflîons alfez diftinélement les elpèces de
tous les animaux qui nous avoifinent, nous ne lavons
pas ce que produirait leur mélange entr’eux ou avec
(a) Mulus feptennis imglere potejl, I f jam cum equâ conjunâus hinnum
procreavit. A r ift. hift. animal, lib. V I . cap. x x i v .
(h) Itaque concipere quidem aliquando muta potejl, quod jamjailum (JI ;
f id enutrire atque in finem perducere non potejl. Mas generare interdum
potejl. Arift. de générât, animal, lib. I I , cap. v i.
des animaux étrangers : nous ne fommes que très-mal
informés des jumars, c ’eft-à-dire, du produit de la vache
& de l’âne, ou de la jument & du taureau : nous ignorons
fi le zèbre ne produirait pas avec le cheval ou l ’âne;
fi l ’animal à large queue, auquel on a donné le nom de
mouton de Barbarie, ne produirait pas avec notre
brebis ; fi le chamois n’eft pas une chèvre fauvage • s’il
ne formerait pas avec nos chèvres quelque race intermédiaire;
fi les linges diffèrent réellement par les elpèces,
ou s’ils ne font, comme les chiens, qu’une feule &
même elpèce, mais variée par un grand nombre de races
différentes; fi le chien peut produire avec le renard
& le loup ; fi le cerf produit avec la vache, la biche
avec le dain, &c. Notre ignorance fiir tous ces laits
eft, comme je l’ai dit, prefque forcée, les expériences
qui pourraient les décider demandant plus de temps,
de foins & de dépenfe que la vie & la fortune d’un
homme ordinaire ne peuvent le permettre. J ’ai employé
quelques années à faire des tentatives de cette elpèce:
j en rendrai compte lorfque je parlerai des mulets ; mais
je conviendrai d’avance qu’elles ne m’ont fourni que
peu de lumières, & que la plulpart de ces épreuves ont
été làns lùccès.
D e là dépendent cependant la connoilfance entière
des animaux, ladivifion exaéte de leurs elpèces, & l’intelligence
parfaite de leur hiftoire; de là dépendent auffi
la manière de l’écrire & l’art de la traiter: mais puifque
nous fommes privés de ces connoiflànces û néceflàires