parce que les mâtins y font en plus grand nombre ; d’ailleurs
iis paroilfent être les plus agreftes, iis patient leur vie au milieu
des champs , & iis ne reçoivent qu’une éducation rufiique la
moins capable d’altérer la nature, & de changer les caractères
des chiens iâuvages. Le chien de berger n’eft pas moins agrefte
que le mâtin , & même il reffemble au loup & au renard plus
que le mâtin , par la longueur du poil & par la direction des
oreilles qui font droites en entier , tandis que celles du mâtin
font pendantes par l’extrémité. M. de Buflon, après avoir recueilli
plulieurs faits hiftoriques for les chiens qui le trouvent
dans differentes parties du monde, préfome que le chien de
berger eft celui qui approche le plus de la race primitive des
chiens. O n a vû avec quel foccès M. de Buffon rapporte dans
l ’hifloire du ch ien, les caractères que chaque climat a produits
fur les animaux de cette elpèce, & les diverfes races de chiens
qui en font dérivées dans chaque pays : mais comme je me
borne, dans la defoription de ces animaux, aux races connues
en France , je les confidère toutes réunies dans le même climat,
& fojettes à un mélange continuel dans les accouplemens ; c’eft
dans ce point de vue que je diftingue les races principales, les
races métives, & les . races provenues des races métives;
D e même que la race des chevaux les plus communs en
France a été le fojet de la defoription que j’ai faite des parties
intérieures du cheval, la race des mâtins fora aufli lé principal
fojet de la defoription des parties intérieures du chien, parce que
les chiens de la race des mâtins font plus communs en France,
& peut-être plus naturels dans ce climat, que ceux d’aucune autre
race. O n verra que l’énumération foivante des diverfes races des
chiens de ce pays, rangées dans un ordre relatif aux différens
degrés de longueur du mufeau, eft d’accord avec l’énumération
d u C h i e n . 239
des mêmes races faite par M . de Buflon * relativement aux
influences des climats, puifque les races des chiens de chaque
pays fe trouvent placées de fuite dans chacune de ces énumérations
; ce qui prouve qu’ils ne dégénèrent que julqu à un certain
point dans le même climat, & que les caraélères tirés de la
figure du mufeau font les plus fûrs pour diftinguer les differentes
races de ces animaux.
R a c e s p r i n c i p a l e s .
Mâtins.
C e s chiens (pl. x x v ) , ont le mufeau aufli long, mais moins
gros que les grands danois (p l x x v i )• La tete eft alongee &
le front aplati, les oreilles font petites, droites depuis leur naif
Tance jufqu’à environ la moitié de leur longueur, & le relie eft
pendant. Les jambes font longues , nerveufes & allez greffes.
L e corps eft alongé & d’une groffeur proportionnée à la taille,
fans être épais, car il eft un peu levreté à l’endroit des flancs.
La queue fe recourbe en haut, & forme un arc dont l ’extrémité
eft dirigée en avant. Les mâtins ont ordinairement le poil plus
Ion» à la gorge, au devant du c o l , fous le ventre, derrière les
cuiflès & for la queue , que fur le relie du corps, où le poil eft
allez court. Ces chiens font de piufieurs couleurs, telles que le
blanc, le gris, le fauve, le brun, le noir, &c . neanmoins, dans
quelques provinces, & fur-tout en Bourgogne, la plufpart font
noirs avec des taches blanches, mais c’eft peut-être parce qu on
croit que les mâtins noirs font meilleurs que les autres, & quon
les élève par préférence.
♦ Voyez page 22 j de ce volume.