H i s t o i r e N a t u r e l l e
que ceux de Sibérie fa J & ceux que l’on appelle chiens-
loups , font plus gros que ceux de Lapponie, mais
qu’ils ont de. même les oreilles droites, le poil rude
& le mufeau pointu ; que ceux d’Ilïande (b) font aufli,
à très-peu près| femblabies à ceux de Sibérie, & que de
même, dans les climats chauds,comme au cap de Bonnc-
efperance ( c ) , les chiens naturels du pays ont le mufeau
pointu;, les oreilles droites, la queue longue &
traînante à terre, le poil clair, mais long &poûjourshé-
rilTé ; que ces chiens font excellens pour garder les
troupeaux , & que, par conféquent, ils reflemblent non
feulement par la figure, mais encore par l'inftinél à nos
chiens de berger; que dans d’autres climats encore
plus chauds, comme à Madagafcar (d), à Maduré (e) ,
à Caiicut (/)■ , à Malabar (g ) , fos chiens originaires
de ces pays ont tous le mufeau lo n g ,'le s oreilles
droites, & reflemblent encore à nos chiens de berger,
que quand même on y_ tranlporte des mâtins,- des
épagneuls, des barbets, des dogues, des chiens courans,
des lévriers , &ç. ils dégénèrent à la fécondé ou à la
^ V o y e z la planche X X X de ce vôluhie,
(b) V o y e z la planche x x x i de ce volume.
| ( c) Description du cap de Bonne - efpe'rance par Kolhe. Amjîer-
dam, 1 7 4 1 . 1 . " partie', page 30 4 .
(d) Voyage de Fiacourt. Paris, 1 6 6 1 , 'page, 1 y 2.
(e) Voyage d’Innigo de Bierviilas. Paris, 173(1, 1." partie, page
iyd.
( f ) Vo ya g e de François Pyrard. Paris, 1 6 1 p , 1.1, p. 42 6.
(g ) Voyage de Jean Ovingion. Paris, 1 7 2 3 ,1 . I.page 2 7 6 .
troifième
troifième génération ; qu’enfin dans les pays excefifve-
ment chauds, comme pn Guinee *, cette degéneiation
eft encore plus prompte, puifqu au bout de trois ou
quatre ans ils perdent leur voix, qu ils n aboient plus,
mais hurlent triftement, qu’ils ne produifent plus que
des chiens à oreilles droites comme celles des renards,
que les chiens du pays font fort laids, qu ils ont le mufeau
pointu, les oreilles longues & droites, la queue longue
& pointue, fans aucun poil, la peau du corps nue, ordinairement
tachetée & quelquefois d une feule couleur,
qu’enfin ils font delàgréables a la vue & plus encore
au Otonu cpheeurt. donc déjà préfumer avec quelque vrai-fem-
blanpe, que le chien de berger eft de tous les chiens
celui qui approche le plus de la race primitive de cette
elpèce, puifque dans tous les pays habites par des
hommes làuvages, ou même à demi civilifes, les chiens
reflemblent à cette forte de chiens plus qu a aucune
autre; que dans le continent entier du nouveau monde
il n’y en avoit pas d’autres, qu’on les retrouve feuls,
de même au nord & au midi de notre continent, &
qu’en France où on les appelle communément chiens
de Brie, & dans les autres climats tempérés, ils font encore
en grand nombre , quoiqu’on fe foit beaucoup
plus occupé à faire naître ou a multiplier les autres races
qui avoient plus d’agrément, qu’à conferver celle-ci
qui n’a que de l’utilité, & qu on a par cette raifon
* Hift. gén. des voyages , par M. l’abbé Prévoit? t. IV , p> 2 2 p»
Tome V G c