ont confondu leurs traces, forfqu’il croit l’avoir fubftitué
a la mauvaifo fortune, il le quitte plus brufquement
encore qu’il ne l’a joint, afin de le rendre foui l ’objet
& la viétime de l ’ennemi trompé.
Mais le chien, par cette fupériorité que donnentl’exer-
cice & 1 éducation, par cette fin elfe de fondaient qui
n appartient qu a lui, ne perd pas l ’objet de fa pourfuite ;
il demele les points communs, délie les noeuds du fil
tortueux qui foui peut y conduire; il voit de l’odorat
tous les détours du labyrinthe , toutes les fàuffes routes
ou 1 on a voulu I egarer; & loin d’abandonner l’ennemi
pour un indifférent, après avoir triomphé de la rufo , il
s’indigne, il redouble d’ardeur, arrive enfin , l’attaque &
le mettant à mort, étanche dans le fang fa foif & fa haine.
Le penchant pour la chaffe ou la guerre nous eft
commun avec les animaux ; l’homme làuvage ne fait
que combattre & chaffer. Tous les animaux qui aiment
la chair, St qui ont de la force & des armes, chaffent
naturellement : le lion , le tigre, dont la force eft fi
grande qu’ils font fûrs de vaincre, chaffent fouis St fims
art; les loups, les renards , les chiens fauvages fo réu-
niffent, s’entendent, s’aident, fo relaient & partagent
la proie ; & lorfque l ’éducation a perfectionné ce talent
naturel dans le chien domeltique, lorfqu’on lui a appris à
réprimer fon ardeur, à mefurer fos mouvemens, qu’on
1 a accoutume a une marche régulière & à l’efpèce de
difoipline neceffaire à cet art, il chaffe avec méthode, St
toujours avec fuccès.
Dans les pays déforts, dans les contrées dépeuplées, il
y a des chiens fauvages qui, pour les moeurs, ne diffèrent
des loups que par la facilité qu’on trouve à les appri-
voifor ; ils fe réuniffent auffi en plus grandes troupes
pour chaffer & attaquer en force les fàngliers , les
taureaux fauvages, & même les lions & les tigres. En
Amérique, ces chiens fauvages font de race anciennement
domeltique J ils y ont été tranfportés d’Europe ;
& quelques - uns ayant été oubliés ou abandonnés
dans ces. déferts, s’y font multipliés au point qu’ils fe
répandent par troupes dans les contrées habitées, ou ils
attaquent le bétail & infultent même les hommes : on
ell donc obligé de les écarter par la force, & de les
tuer comme les autres bêtes féroces ; St les chiens font
tels en effet, tant qu’ils ne connoiffent pas les hommes.
mais lorfqu’on les approche avec douceur, ils $ adouci
(font , deviennent bien-tôt familiers, St demeurent
fidèlement attachés à leurs maîtres;au lieu que le loup,
quoique pris jeune St élevé dans les maifons, n ell doux
que dans le premier âge, ne perd jamais fon goût pour
la proie, & fo livre tôt ou tard à fon penchant pour la-
rapine St la deftruétion.
L ’on peut dire que le chien eft le foui animal dont la
fidélité foit à l’épreuve ; le foui qui connoiffe toujours
fon maître St les amis de la maifon ; le foui qui ,lorfqu il
arrive un inconnu, s’en aperçoive ; le foui qui entende
fon nom , & qui reconnoiffe la voix domeftique ; fo
foui qui ne fo confie point à lui - même ; le foui qui ,,