d e s c r i p t i o n
limites de la Nature dans les animaux folipèdes | tandis que fi
main toute puifl'ante a produit tant de diverfité entre les taureaux,
les béliers, les boucs, les cerfs, les daims, les chevreuils, &
tant d’autres efpèces d’animaux qui ont deux fibots à chaque pied!
Pour répondre à cette queftion, remontons aux principes qui l’ont
fait imaginer, nous verrons qu’ils font très-mal fondés ; car la
Nature eft également féconde dans toutes fes productions aux
yeux de ceux qui la confiderent fins piejuge.
Q u ’eft-ce, par rapport aux animaux, que ces genres, ces
clafïès, & c . établis fur le nombre des doigts des pieds! Cette
divifion méthodique nous repréfente la Nature bornée dans
un petit nombre d’efpèces de folipèdes, un peu plus étendue
dans celles des animaux à pieds fourchus, & , pour ainh dire,
illimitée dans les efpèces d’animaux fiffipèdes. C e contrafte dè
fécondité dans une claflè, & de ftériïité dans une autre, ferait
une forte de contradiction dans la Nature, s’il s’y trouvoit en effet;
mais c’efl au contraire une erreur de raifonnement, puifque cette
diftribution d’animaux eft purement arbitraire & abfolument
indépendante des L o ixd e la Nature. O n fuppofe que le nombre
des clafïès des animaux dépend du nombre de leurs doigts, &
en conféquence d’une fuppofition, l’on diviiê les animaux en trois
claffes, dont la première, qui eft celle des folipèdes, ne renferme
que trois elpèces ; il y en a cinq ou fix fois autant dans la
claflè des animaux à pieds fourchus, & celle des fiffipèdes eft
quatre ou cinq fois plus nombreufè que les deux autres prifès
enlèmble. Les plus grandes différences entre les efpèces doivent
néceffiirement fe trouver dans les claffes qui en comprennent
un plus grand nombre, parce que chaque caraétere fpécifique
y fait une différence de plus : c’éft pourquoi les' elpèces des
animaux à pieds fourchus different plus entr elles, que celles des
folipèdes,
folipèdes, & il fe trouve des différences encore plus confidérabies
entre les efpèces des fiffipèdes. Mais en diftribuant les animaux
dans un plus grand nombre de claffes, les efpèces auraient à
peu près autant de reflèmblance entr’eiles dans chacune des
claffes : on trouverait parmi les animaux à pieds fourchus, fe
bélier & fe bouc, fe cerf, fe daim & le chevreuil; & parmi
les fiffipèdes, fe chien, fe loup & le renard, le lièvre & le
lapin, la fouine, le putois, la belette, & c . qui ont à peu près
autant de rapports entr’eux qu’il y en a entre le cheval & l’âne.
Concluons donc que fes diftributions méthodiques ne peuvent
nous donner que des connoiflânces très-imparfaites des productions
de la Nature, & qu’elles induiraient fouvent en erreur, fi
on ne diftinguoit ce qu’il y a de réel, de ce qui n’eft qu’imaginaire
dans les méthodes.
Tous les animaux ont des reflèntblances & des différences
les uns relativement aux autres ; ils fe reflèntblent tous par leur
nature, & par la conformation eflèntielle de leurs parties principales;
ils ne diffèrent que par le tempérament, & par 1a forme,
la grandeur, 1a couleur, & c . L ’objet du Naturalifte doit être
de conftater ces différences, & de les fuivre dans les diverfes
elpèces, pour acquérir une connoiffince plus parfaite de chaque
individu en particulier, & des rapports que les animaux ont
entreux,foit pour fes qualités individuelles, foit pour les caractères
fpécifiques. Les principales différences confiftent dans fa
figure & la conformation, dans le défaut abfolu, & même dans
la privation naturelle de quelques parties du corps. Tant que les
mêmes parties fe trouvent dans differentes efpèces d’animaux,
quoiqu elles different par la forme & i’organifition, comme le
cæcum du cheval & celui du taureau, on peut fuivre les traces
de ces changemens, & paflèr d’une efpèce à l ’autre par des
Tome V. D