lorfqu’il a perdu fon maître & qu’il ne peut le retrouver,
l ’appelle par fes gémiffemens ; le feul qui , dans un
voyage long qu’il n’aura lait qu’une fo is , fe fouvienne
du chemin & retrouve la route ; le feul enfin dont
les talens naturels foient evidens & l ’éducation toujours
heureufe.
Et de même que de tous les animaux le chien eft
celui dont le naturel eft le plus fufceptible d’impreïïion ,
& fe modifie le plus aiicment par les caufes morales,
il eft aufli de tous celui dont la nature eft le plus fujette
aux variétés & aux altérations caufées par les influences
phyfiques : le tempérament, les facultés, les habitudes
du corps varient prodigieufement, la forme même n’eft
pas confiante : dans le même pays un chien eft très-
different d un autre chien, & i’efpèce e ft, pour ainfi
dire, toute differente d’elle-même dans les différens
climats. D e - la cette confùfion, ce mélange & cette
variété de races- f i nombrcufes, qu’on ne peut en faire
1 énumération : de-la ces différences fi marquées pour
la grandeur de la taille, la figure du corps, l’alongement
du mufeau, la forme de la tête, la longueur & la direction
des oreilles & de la queue, la couleur, la qualité,
la quantité du p o il, &c. en forte qu’il ne refte rien de
confiant, rien de commun à ces animaux que la conformité
de 1 organifation intérieure , & la faculté de
pouvoir tous produire enfèmble. Et comme ceux qui
different le plus les uns des autres à tous égards, ne
giflent pas de produire des individus qui peuvent fe
perpétuer
perpétuer en produifant eux-mêmes d’autres individus,
il eft évident que tous les chiens, quelque différens,
quelque variés qu’ils foient, ne font qu’une feule &
même efjaèce.
Mais ce qui eft difficile à faifir dans cette nombreufe
variété de races differentes, c’eft le caraélère de la
race primitive, de la race originaire, de la race mère de
toutes les autres races ; comment reconnoître les effets
produits par l ’influence du climat, de la nourriture,
&c! comment les diftinguer encore des autres effets, ou
pluflôt des réfuitats qui proviennent du^ mélange de
ces différentes races entre elles, dans 1 état de liberté
ou de domefticitéEn effet, toutes ces caufes altèrent,
avec le temps, les formes les plus confiantes, & 1 empreinte
de la Nature ne conferve pas toute fa pureté dans
les objets que l’homme a beaucoup maniés. Les animaux
affez indépendans pour choifir eux memes leur climat &
leur nourriture, font ceux qui conferventle mieux cette
empreinte originaire ; & l’on peut croire que, dans ces
cfpèces,le premier , le plus ancien de tous-, nous eft
encore aujourd’hui affez fidèlement reprefente par fes
defeendans : mais ceux que l ’homme s’eft fournis, ceux
qu’il a tranfportés de climats en climats, ceux dont il a
changé la nourriture , les habitudes Sc la manière de
vivre , ont aufli dû changer pour la forme , plus que
tous les autres ; & l ’on trouve en effet bien plus de
variété dans les efpèces d’animaux domeftiques que
dans celles des animaux fàuvages. Et comme parmi les
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