22 H i s toi r e Naturel le , ère.
les béliers de cette race engendrent avec les brebis ordinaires,
ce qui produit une race intermédiaire qui participe
des deux dont elle fort. En Italie & en Efpagne
il y a encore un plus grand nombre de variétés dans
les races des brebis, mais toutes doivent être regardées
comme ne formant qu’une feule & même, efpèce avec
nos brebis, & cette efpèce fi abondante & fi variée
ne s’étend guère au delà de l’Europe. Les animaux a
longue & large queue qui font communs en Afrique
& en Afie , & auxquels les voyageurs ont donné le
nom- de moutons de Barbarie , paroiffent être d’une
efpèce différente de nos moutons, auffi-bien que la
vigogne le lama d’Amérique.
Comme la laine blanche eft plus eftimee que la noire,
on détruit prelque par-tout avec foin les agneaux noirs
ou tachés;, cependant il y a des endroits ou prefque
toutes les brebis font noires, & partout on voit fouvent
naître d’un bélier blanc & d’une brebis - blanche des
agneaux noirs. En France, il n’y a que des moutons
blancs, bruns, noirs & tachés; en Efpagne, il y a des
moutons roux ; en E’coffe, il y en a de jaunes -, mais ces
différences & ces variétés dans la couleur font encore
plus accidentelles que les différences & les variétés des
races , qui ne viennent cependant que de la différence
de la; nourriture & de l’influence du climat.
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D E S C R I P T 1 O N
D U B E L I E R .
Lorsqu’on obferve te bélier & te taureau à l'extérieur, on
ne trouve que peu de reffemblance entre ces deux animaux ;
mais ti ton pénètre dans l'intérieur, on eft étonné de n’y apercevoir
que des différences légères, & on voit clairement que
■ leur conformation eft à très-peu prèsfemblable : car en comparant
les vifeères du bélier à ceux du taureau , on reconnoît que l’un
ne diffère guère plus de l’autre à cet égard, que l’âne ne diffère
du cheval, excepté pour la grandeur. Cependant le fquelette du
bélier, confidéré relativement à celui du taureau, eft non feulement
plus petit, niais il eft aulfi proportionné différemment.
C ’eft pourquoi ces animaux fe reflèmbient fi peu à l’extérieur,
qu’en feippolânt même que le bélier fût revêtu de poil comme
le taureau, au lieu de laine, il feroit encore bien éloigné de lui
reffèmbler pour la figure du corps; il aurait toujours la tête
petite, le rnufeau étroit, le col court, les cornes & les jambes
longues, & c . en comparaifon du taureau.
La reffemblance prelque entière qui fe trouve entre l’âne & le
cheval, fait paraître très - confidérables les différences qui font
entre le bélier & le taureau, parce qu’on eft tenté de croire
que, relativement a leur genre d’animaux à pieds fourchus, il
devrait fe trouver entr’eux autant de rapport qu’il y en a entre
le cheval & lâne, confidérés comme elpèces du genre des foli-
pèdes. Pourquoi donc le cheval, lâne & le zèbre, qui n’ont
qu un lâbot à chaque pied, diffèrent-ils moins les uns des autres
que les animaux à pieds fourchus 1 L e Créateur a-t-il reftreint les