froid pour eux; mais comme il ne donne pas la description
de ces chiens nus , nous ne Savons pas s’ils
étoient Semblables à ceux que nous appelons aujourd’hui
chiens-turcs , & Si l’on peut par conséquent les rapporter
au petit danois, parce que tous les chiens, de
quelque race & de quelque pays qu’ils Soient, perdent
leur poil dans les climats excelSivement chauds ( a ) ; &
comme nous l’avons dit, ils perdent aulfi leur voix; dans
de certains pays ils Sont tout-à-fàit muets, dans d’aütres
ils ne perdent que la faculté d’aboyer, ils hurlent comme
les loups, ou glapiffent comme les renards, ils Semblent
par cette altération Se rapprocher de leur état de nature;
car ils changent aulfi pour la forme & pour l’inlîinét:
ils deviennent laids ( b ) , & prennent tous des oreilles
droites & pointues. Ce n’elt aulfi que dans les climats
tempérés que les chiens confervent leur ardeur, leur
courage, leur làgacité, & les autres talens qui leur font
naturels ; ils perdent donc tout lorfqu’on les tranlporte
dans des climats trop chauds: mais comme fi la Nature
ne vouloit jamais rien faire d’abfolument inutile , il Se
(a ) Hiftoire générale des voyages, par M, l’abbé Prévoit, tome
IV, page 2 2 p ,
( b ) Voyage de la Bouifaye-Ie-Gouz. Paris, i 6y y , page 2 y y;
Voyages de Jean Ovington. Paris, 1 y ay , tome I , p. 2 y6 ; Hiftoire
univerfelie des voyages, par du Perrier de Montfraiîer. Paris, 1 y 0 y ,
page 3 4-4 & /niantes; \ it de Chriitophe Colomb. Paris, 1 6 8 1 ,
part, ƒ.", p. 1 b 6; Voyage de Bolinan en Guinée, &c. Utrecht, 1 y 0y ,
p. 240 ; Hiftoire générale des voyages, par M. l’abbé Prévoit,
tome IV , page 22p.
trouve
trouve que dans ces mêmes pays ou les chiens ne peuvent
plus Servir à aucun des ufages auxquels nous les
employons, on les recherche pour la table, & que les
Nègres en préfèrent la chair a celle de tous les autres
animaux : on conduit les chiens au marche pour les vendre
; on les achette plus cher que le mouton, le chevreau,
plus cher même.que tout autre gibier; enfin le
mets le plus délicieux d’un fellin chez les Negres, elt
un chien rôti. On pourroit croire que le goût Si décidé
qu’ont ces peuples pour la chair de cet animal , vient
du changement de qualité de cette meme chaii qui,
quoique très-mauvaife à manger dans nos climats tempérés
, acquiert peut-être un autre goût dans ces climats
brûlans: mais ce qui me fait penfer que cela dépend
pluftôtde la nature de l’homme que de celle du chien,
c ’elt que les Sauvages du Canada qui habitent un pays
froid, ont le même goût que les Nègres pour la chair
du chien, & que nos Milfionnair.es en ont quelquefois
mangé Sans dégoût. « Les chiens Servent en guife de
mouton pour être mangés en fellin, ( dit le P. Sabard
Theodat ) •: je me Suis trouvé diverfes fois à des fellins
dé chien , j’avoue véritablement que du commencement
cela me faifoit horreur, mais je n’en eus pas
mangé deux fois que j’en trouvai la chair bonne, &
de goût un peu approchant de celle du porc ».
Dans nos climats, les animaux Sauvages qui appro-
* Voyage au pays des Murons, par le P. Sabard Theodat,
Récollet. Paris, 16 3 2 , page 31 1 .
Tome V• D d