fois il ne réfuite encore que des tigres ; qu’on attache les
chiens dans les déferts, & qu’à moins que le tigre ne
foit en chaleur, ils font fouvent dévorés; que ce qui
fait que l’Afrique produit fouvent des prodiges & des
monflres, c ’efl: que l’eau y étant très-rare, & la chaleur
fort grande, les animaux de différentes efpèces fe ren-.
contrent affemblés en grand nombre dans le même
lieu pour boire; que c ’efl-Ià qu’ils fe fàmiliarifent,
s’accouplent 6c produifent. Tout cela me paroît conjectural
, incertain, & mêmealfez fufpeéf pour n’y pas ajouter
foi ; car plus on obferve la nature des animaux, plus
on voit que l’indice le plus fur pour en juger, c’efl:
l ’inftinét. L ’examen le plus attentif des parties intérieures
ne nous découvre que les groffes différences ; le cheval
& l’âne, qui fè relTembient parfaitement par la conformation
des parties intérieures, font cependant des
animaux d’une nature différente ; le taureau , le bélier 8c
le bouc, qui ne diffèrent en rien les uns des autres pour la
conformation intérieure de tous les vifcères, font d’ef-
pèces encore plus éloignées que l’âne & le cheval, & il
èn eft de même du chien, du renard 6c du loup. L ’inf-
peélion de la forme extérieure nous éclaire davantage ;
mais comme dans plufieurs efpèces, & fur-tout dans
celles qui ne font pas éloignées, il y a, même à l’extérieur,
beaucoup pfùs de reffemblance que de différence, cette
infpeélion ne fuffit pas encore pour décider fi ces efpèces
font différentes ou les mêmes : enfin lorfque les
nuances font encore plus légères, nous ne pouvons les
e d u C h i e n . 217
faifir qu’en combinant les rapports de l’inltinét ; c’efl: en
effet par le naturel des animaux qu’on do it jugerde leuï
nature ; 8c fi l’on fuppofoït deux animaux tout femblables
pour la forme, mais tout différens pour le naturel, ces
deux animaux qui ne voudroient pas fe joindre, & qui
ne pourraient produire enfemble, feraient, quoique
femblables, de deux efpèces différentes.
C e même moyen auquel on efl obligé d avoir recours
pour juger de la différence des animaux dans les efpèces
voifines, efl, à plus forte raifon , celui qu’on doit employer
de préférence à tous autres, lorfqu on veut ramener
à des points fixes les nombreufes variétés que l’on
trouve dans la même efpèce : nous en connoiffons trente
dans celle du chien, 8c affurément nous ne les connoiffons
pas toutes. De ces trente variétés, il y enadix-fept
que l’on doit rapporter à l’influence du climat, favoir,
le Chien de Berger, le Chien-loup, le Chien de Sibérie,
le Chien d’Iflande & le Chien de Lapponie, le Matin,
les Lévriers , le grand Danois & le Chien d’Irlande, le
Chien courant, les Braques, les Balfets, les Epagneuls
'6c le Barbet, le petit Danois, le Chien-turc & le Dogue,
les treize autres, qui font le Chien-turc métis, le Levrier
àpoil de loup, le Chien-bouffe, le Chien deMalthe ou
Bichon, le Roquet, le Dogue de forte race , le Doguin
ou Mopfe, le Chien de Calabre, le Burgos, le Chien
d’Alicante, le Chien-lion, le petit Barbet & le Chien
qu’on appelle Artois, Mois ou Quatre-vingt, ne font que
des métis qui proviennent du mélange des premiers; &
Tome K E e 3