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dont l’ufâge continuel, auffi-bien que celui du pain de
chenevis & des autres nourritures chaudes, ne manquerait
pas de les faire avorter. Elles portent cinq mois,
& mettent bas au commencement du fixième ; elles ne
produifent ordinairement qu’un agneau, & quelquefois
deux : dans les climats chauds, elles peuvent produire
deux fois par an ; mais en France & dans les pays plus
froids , elles ne produifent qu’une fois l’année. On
donne le bélier à quelques-unes vers la fin de juillet
& au commencement daout, afin d avoir des agneaux
dans le mois de janvier; on le donne enfuite à un plus
grand nombre dans les mois de feptembre, d’odobre
Sc de novembre, Sc 1 on a des agneaux abondamment
aux mois de février-, de mars & d avril : on peut.auffi
en avoir en quantité aux .mois de mai, juin, juillet,
août & feptembre, & ils ne font rares qu aux mois
d ’oétobre, novembre & décembre. La brebis a du lait
pendant fopt ou huit mois, & en grande abondance,
ce lait elt une affez bonne nourriture pour les enfans
& pour les gens de la campagne ; on en fait auffi de
fort bons fromages, fur - tout en le mêlant avec celui
de vache. L ’heure de traire les brebis eft immédiatement
avant qu’elles aillent aux champs, ou auffi - tôt
après qu’elles en font revenues; on peut les traire deux
fois par jour en été, & une fois en hiver.
Les brebis engraiffent dans le temps qu elles font
pleines, parce qu’elles mangent plus alors que dans les
autres temps ; comme elles fe bieffent fouvent &
qu’elles avortent fréquemment, elles deviennent quelquefois
flériles & font affez fouvent des monftres ;
cependant, lorfqu’elles font bien foignées, elles peuvent
produire pendant toute leur vie, c ’efl-à-dire, jufqu’à
f’âge de dix ou douze ans; mais ordinairement elles
font vieilles & maléficiées dès l ’âge de fept ou huit ans.
Le bélier, qui vit douze ou quatorze ans, n’efl bon
que jufqu’à huit pour la propagation; il faut le biflourner
à cet âge & l’engraiffer avec les vieilles brebis. La
chair du bélier, quoique biftourné & engraiffé, a toujours
un mauvais goût; celle de la brebis eft molaffe
& infipide, au lieu que celle du mouton eft la plus
fucculente & la meilleure de toutes les viandes communes.
Les gens qui veulent former un troupeau & en tirer
dû profit, achettent des brebis Sc des moutons de l’âge
de dix-huit mois ou deux ans ; on en peut mettre cent
fous la conduite d’un feul berger : s’il eft vigilant & aidé
d ’un bon chien, il en perdra peu ; il doit les précéder
lorfqu’il les conduit aux champs, & les accoûtumer à
entendre fà voix, à le fuivre fans s’arrêter & fans s’écarter
dans les blés, dans les vignes, dans les bois Sc dans les
terres cultivées, où ils ne manqueraient pas de caufer
du dégât. Les coteaux, & les plaines élevées au deffus
des collines, font les lieux qui leur conviennent le
mieux ; on évite de les mener paître dans les endroits
bas, humides & marécageux. On les nourrit pendant
l ’hiver à l’étable, de fort , de navets, de foin, de
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