O B S E R V A T I O N S .
Tous les naturalistes , tant anciens que modernes , confondaient
les arachnides, les uns avec les crustacés ,
les autres avec les insectes ; et Linnoeus, dont la classification
des animaux fut suivie généralement, réunissait
les arachnides et les crustacés dans le dernier ordre de
sa classe des insectes; lorsqu’en 1800, j’établis, dans
mon cours public au Muséum , la classe des arachnides,
comme embrassant des animaux qui ne pouvaient appartenir
ni à celle des crustacés, ni à celle des insectes.
Dans son Tableau de l’histoire nattfrelle des animaux ,
M. Cuvier rangeait encore les arachnides , ainsi que les
crustacés , parmi les insectes ; mais , au lieu de les placer
, comme Linnæus , à la fin de leur classe , il en formait
sa troisième division des insectes, les crustacés occupant
la première ; nos myriapodes la seconde ; les
araignées, etc., la troisième ; les névroptères la quatrième ;
et de suite le reste des insectes.
Ainsi, l’on tenait encore tellement à la classification
des anitnaüx de Linnæus , que ma classe des arachnides ,
dès lors néanmoins suffisamment motivée , et qui fut publiée
dans la première édition de mon Système des animaux
sans vertèbres , ne fut point admise.
Cependant la nécessité de reconnaître cette classe particulière
se fit enfin ressentir ; e t , en 1810 , M. Latreille
admit la classe des arachnides dans son ouvrage intitulé :
Considérations générales sur l’ordre naturel des ani-
maux [p . i o 5 ]. Ce savant vient encore de la reproduire,
mais partiellement j dans la partie dont il s’est
chargé, de l’Ouvragé de M. Cuvier, intitulé : le Règne
animal distribué d’après son organisation.
SANS VERTÈBRES. ’ 3
Ce n est cependant pas tout-a-fait comme résultat des
observations anatomiques faites sur ces animaux, dans
ces derniers temps, que les arachnides obtiennent le fondement
de leur distinction particulière ; car la diversité
qu’on remarque dans certaines parties de l’organisation
de ces animaux, même de ceux qui sont entre eux évidemment
liés par l’ensemble des rapports, et les grandes
différences à cet égard qu’offrent leurs diverses familles,
ne permettraient nullement d’assigner à leur classe, un
caractère anatomique ayant la simplicité nécessaire , à
moins de la réduire aux araignées et aux scorpions qui
constituent sa dernière famille, (Nous allons essayer de le
prouver.
On sait que, parmi les animaux vertébrés , ceux qui
ont des pattes , n en ont jamais plus de quatre , et que
parmi les invertébrés, ceux qui, étant tout-à-fait développés,
sont munis de pattes , n’en ont pas moins de six.
Parmi les invertébrés munis de pattes, les insectes en
ont essentiellement le moindre nombre ; car ceux de
tous les ordre^ et ,de toutes les familles, étant parvenus à
l’état parfait, n’tm ont jamais plus de six.
I l n en est pas (de même des arachnides et des crustacés
; la plupart ont toujours plus de six pattes. Certains,
parmi ces animaux , n en ont qtie six au moment de leur
naissance ; mais à mesure qu’ils se développent, leurs
autres pattes paraissent. Enfin, parmi eux encore il
s’en trouve un petit nombre qui n’obtiennent que six
pattes; mais, outre leur caractère classique qui décide
leur rang , l’ensemble de leurs rapports et l’analogie
de leur famille avec celles qui les avoisinent, montrent
qu ils ne sont point des insectes.
A cette première considération , qu’il importe de ne