n’est assurément pas le même que celui des vrais mollusques.
Jusques-là , je m’étais borné à les distinguer comme
un ordre parmi les mollusques ; mais considérant enfin
les particularités importantes de l’organisation de ces
animaux, je les en séparai entièrement , dans mon cours
de 1816, et les présentai, comme classe particulière,
sous la dénomination que je conserve ici.
Cette coupe était déjà exposée comme classe , par
M. Cuvier , sous la dénomination d’acéphales ou de
mollusques acéphales ; dénomination subordonnée que je
ne pus adopter, parce qu’elle est Contraire aux principes
convenables et de tout temps ^dmis, sur la manière de
diviser les productions de la nature.
En effet, ce savant n ’attache plus au mot classe, l’idée
qu’on en avait eue généralement avant et depuis Linné,
celle de réunir toutes les races d’un groupe naturel,
sous une dénomination générale et commune ; puisque
maintenant le groupe d’animaux auxquels il donne le nom
commun de mollusques, est divisé, par lui, en six classes,
qui ne sont que des coupes secondaires. Aussi ses acéphales
se trouvent-ils être la quatrième division de ses mollusques.
[Cuv. règne animal, vol. 2 , p. 453.]
Lorsqu’on ne veut pas bouleverser tout ce qui a été fait
en histoire naturelle, ni détruire l’ordre si simple, établi
dans la manière de subordonner les divisions, on ne
forme point des classes dans une classe. Si quelqu’un
avait la fantaisie de donner le nom de classe à chacun des
ordres des insectes, et conservait néanmoins Je nom d’insectes
aux animaux de toutes ces coupes, je dirais que,,
dans le fait, les insectes seraient encore une véritable classe
pour lu i, et je pense la même chose des mollusques de
M. Cuvier. Pour moi , les conchifères sont tout-à-fait
étrangers aux mollusques.
Ces animaux, véritablement particuliers, n’ont effectivement
point de tête distincte , jamais d’yeux , jamais de
vrais teutacules. Leur bouche, toujours cachée sous le
manteau, entre les points de réunion de ses deux lobes ,
n’offre ni trompe , ni mâchoires, ni dents cornées, en
un mot, aucune partie dure, et ne paraît propre qu’à
donner entree aux alimens, dans l’organe de la digestion.
Cette bouche, qui n’est que l’orifice d’un oesophage court,
est assez grande, et présente quatre feuillets minces,
triangulaires, qui paraissent tenir lieu de lèvres, mais qui
ne sont point des tentacules.
Ces mêmes animaux ont un coeur placé vers le dos ;
des vaisseaux artériels et des vaisseaux veineux; par conséquent
, la circulation en eux est complètement établie.
Neanmoins leur coeur est petit, caché, plus difficile à
apercevoir que celui dès mollusques.
Il n y a pas de doute que les animaux dont il s’agit,
n aient réellement un cerveau , et qu’ils ne jouissent du
sentiment. Mais ce cerveau, qui paraît ici très-imparfait,
est dans sa nature essentiellement unique et indivisé ; ce
qui est évident pour ceux qui se sont fait une juste idée de
sa fonction. Cependant M. Cuvier le dit formé de.deux
ganglions séparés , savoir, un sur la bouche et un autre
vers la partie opposée, ajoutant que ces deux ganglions
sont réunis par deux cordons nerveux qui embrassent up
grand espace [ Anatom. comp. vol. 2, p. 309 ]. Il me
paraît probable qu’un seul de ces ganglions ^ celui qui est
au-dessus de la bouche, esi le véritable cerveau , et qu’il
contient le foyer ou centre de rapport pour les sensa