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tions. Si ce cerveau est si peu développé , c’est qu en
effet, dans les animaux dont il est question, le sentiment
est encore très-obscur, ce que l’observation d une
îiuître , d’une moule , etc., atteste suffisamment, Au reste,
il n’y a dans ces animaux, non plus que dans tous ceux de
la série à laquelle ils appartiennent, ni cordon médullaire
ganglionné , ni moelle épinière.
Tous les conchiferes paraissent privés de sens parties
liers et réduits à très-peu-près au sens général du toucher.
Dans beaucoup d’entr’eux néanmoins , ce sens parait se
particulariser dans les filets tentaculaires qui bordent les
lobes du manteau, ou seulement certains endroits de
leur bord. Ces filets tentaculaires, qui paraissent très-
sensibles, qui sont au moins très-irritables, sont nombreux
en général, courts, très-fins , et s agitent quelquefois
avec une vitesse extrême.
Il résulte toujours de cette réduction des sens à un
seul, que les conchiferes sont inférieurs en perfectionnement
et en facultés aux vrais mollusques ; mais ils sont
les seuls qui s’en rapprochent par leurs rapports
généraux*
Les conchiferes semblent aussi avoir certains rapports
avec les tuniciers, et néanmoins ils en sont éminemment
distingués par leurs caractères ^ par le plan même de leur
organisation. J’ ose dire plus, les conchifères sont moins
rapprochés des tuniciers qu’on ne l’a pensé ; car, outre
leur forme tout-a-fait particulière , la nature et la situation
de leur organe respiratoire, n’offrent rien d’analogue
ni de comparable dans les tuniciers ; e t, quelque faible
que soit le sentiment en eux, on ne saurait douter qu’ils
en jouissent, tandis qu’il est plus que probable que les
tuniciers en sont privés.
Tous les conchiferes se reproduisent sans accouplement
et paraissent être hermaphrodites. Sans doute ils se
suffisent à eux-mêmes, ou bien ils se fécondent les uns les
autres, par la voie du fluide environnant, qui sert de
véhicule aux matières fécondantes.
Leur corps, enveloppé dans un ample manteau , n’a pu
développer sa tête, et des yeux , nécessairement sans
usage, n’ont pu s’y former. L ’ample manteau de ces conchiferes
nous offre quelques particularités remarquables,
qui caractérisent certaines familles de ces animaux. Tantôt
il est ouvert par-devant, et offre deux grands lobes bien
séparés, et tantôt il l’est seulement aux deux extrémités,
imitant un fourreau cylindracé, ouvert aux deux bouts.
Ce même manteau fournit, dans plusieurs familles, des
replis prolongés, conformés en tubes, plus ou moins
saillans au-dehors, et auxquels on a donné le nom de
trachées ou de siphons. De c,es trachées , qui sont au
nombre de deux, l’une conduit l’eau aux branchies et à
la bouche de l’animal, l’autre lui sert pour ses déjections.
Les conchiferes ont un foie volumineux, qui embrasse
l’estomac et une grande partie du canal alimentaire. En
général, on peut dire que le système des parties paires
semblables est presqu’aussi marqué à l’intérieur qu’à
l ’extérieur , dans ces animaux.
Leurs branchies sont externes : elles paraissent plus
particulièrement telles dans ceux qui ont le manteau
ouvert par-devant ; car étant placées au-dehors , sous le
manteau, on peut les observer sans détruire aucune partie
de l’animal, en soulevant les lobes qui les recouvrent.
Ces branchies sont opposées, plus grandes que celles des
mollusques, et offrent, dans leur situation et leur forme,
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