J’ai dit que les évents fervent communément
d’organes à l’odorat. En effet, dans les
Baleines, les Monodons, 6c les Cachalots y il
n’y a point de narines extérieures, 8c les nerfs
olfadifs fe trouvent en quantité dans la cavité
des évents. Les Dauphins font les feuls animaux
connus dans cette claffe, qui aient deux
petites ouvertures à l’extrémité du mufeàu,
pour recevoir les fenfations de l’odorat.
'Oreilles. Cet organe dans l'es cétacés offre la
même ftrudure que celui des quadrupèdes ;
on y découvre une ouverture extérieure, la
membrane du tympan, le tube d’Euflache,
le tympan, 8c les autres petits os qu’on trouve
dans l’oreille, du taureau. I l y manque feulement
le cartilage extérieur qui forme l’entonnoir,
cette partie , en oppofant une réflf-
tance continuelle au fluide , eût retardé la
vîteffe de l’animai. Tout l’appareil qui fe
préfente à l’extérieur , confifte donc en un
orifice prefque imperceptible, fitué derrière
les yeux. Ce tuyau,, qui pénètre , en ferpen-
tant, dans l’intérieur de la tête, fe prolonge
enfuite un peu obliquement jufqu’à la membrane
du tympan, où il fe termine : il efl
eompofé , dans toute fa longueur, de cartilages
réunis enfembie par une membrane
, cellulaire, fufceptiLIe d’extenfîon & de con-
tradion c’eft fans doute afin qu’il puiffe
s’alonger ou fe raccourcir à mefure que l’animal
devient plus ou moins gras.
Blanc de Baleine. Toutes les efpèces qui
eompofent la famille des Cachalots y renferment
dans la vafte capacité de leur tête une
quantité plus on moins, grande' de matière
blanche comme de la bouillie. Cette fubf-
tance,, connue fous le nom de blanc de
Baleine, 6c qu’on appelle encore improprement
fperme de Baleinéy éft contenue dans
deux eompartimens inégaux qui remplirent
l ’intérieur d elà tête, l’un en deffus 6c l’autre
en défions ; ils font féparés par une membrane
très-nerveufe, placée horizontalement depuis
le bout du mufeau jufqu’à la nuque. Les
canaux hydrauliques traverfent obliquement
ces deux chambres. La plus haute eft environnée
en deffus 8c par les cotés, de l’enveloppe
de la tête Lavoir, de la peau, d’une
couche de graifle de quatre doigts d-épàif-
feu r , 6c d’une membrane entrelacée de nerfs
au (fi gros que des ficelles. Le blanc de Baleine
qu’on trouve dans ce compartiment efi
en moindre quantité , mais d’une qualité
fupérieure ; on en retire environ fept petits
tonneaux d’huile. Immédiatement au deffous
de cette première chambre, il y en a une
autre dont la bafe efl: appuyée fur le palais y
8c qui a fouvent depuis quatre jufqu’à fept
pieds 8c demi de hauteur, félon la gro fleur de
l’animal. Le blanc de Baleine qu’elle contient
eft paffemblé, comme celui de la chambre
fupérieure, dans des cellules ligamenteufes,
femblables à la pellicule intérieure d’un oe uf,
dont les partitions font perpendiculaires :
Cette chambre fournit environ onze petits
tonneaux d’huile. A mefure qu’on en retire
le blanc de Baleine, il eflauffi-tot remplacé par
celui du canal de la moelle épinière qui
vient s’y décharger. Cette veine, qu’on nomme
fpermatique , eft groffe , près de la tête 9
comme Ja euiffe d’un homme ; 8c fe divifant
enfuite en une infinité de petits vaiffeaux ,
elle tranfmet celte fubftance jufques aux extrémités
du corps. Quand on extrait le blanc
de B a le in e il eft dans un état fluide;, mais
il fe coagule à mefure qu’il fe refroidit : il
refiemble alors, dit M. Humer y à la fubf-
? ’ tance interne du melon d’eau. On a remarqué
que lorfqu’il eft mêlé avec l’huile, il fe fond
à un moindre degré de chaleur que quand il
eft feul : voilà peut-être pourquoi il refte-
fluide dans le corps du Cachalot. Tout le
monde fait que le blanc de Baleine forme
une branche de commerce affez confidéra-
ble ; mais on lui fait fubir auparavant une
préparation bien Ample. Après qu’on l’a
retiré de là tête du Cachalot, on le fait
fondre fur un petit feu,. & on le met enfuite-
dans des formes femblables .à celles où orc
; jette le fuere. Lorfqu’il eft refroidi , & après
qu’on en a fait égoutter l’huile, on le retire-
du moule & on le refond ,■ jufqu’à ce qu’il
foit bien purifié 8c très-blanc. On le coupe
enfin en écailles,- telles qu’on les voit dans
le commerce. On fait aufii ufage en médecine
du blanc de Baleine, pour le traitement
de certaines- maladies. « C ’eft un onguent
» fouverain pour les plaies récentes , dit
! » M. Chappuis; plu fieu rs ouvriers , occupés
» à dépecer les Cachalots échoués dans la
» baie d’A u d ie rn e e n ont éprouvé l’effica-
» cité y malgré la profondeur de leurs bief-
» fures >x.
D o s . Il n’y a d’autre différence entre le dos
des animaux de cette claffe 8c celui des
poiflons, que celle qui réfui te de leur grandeur.
Dans les uns 8c dans les autres$ cette
partie du tronc eft tantôt plate, tantôt con- !
vexe; quelquefois ronde, 6c fouvent amincie
en carène.. La couleur noire qui. domine
ordinairement dans les cétacés, eft plus foncée
fur le dos que fur les parties inférieures
du corps.
C ôtés. Toute la furface latérale, comprife entre
le dos 6c l’abdomen, 8c qui s’étend depuis
les nageoires latérales jufqu’à l ’origine de la
queue , eft plus ou moins convexe , félon
- la groiTeur de l’animal : fa couleur s’éclaircit
à mefure qu’elle s’éloigne dii dos.
Parties de la génération. Si les cétacés fe
rapprochent des poiflons par quelques ref-
femblances, ils s’en éloignent aufii par des
caràdères bien plus marqués. Cette différence
fe manifefte fur-tout dans la ftrudure
' des parties de la génération : elles reffemblent
exactement à celles des quadrupèdes.
Le mâle eft pourvu de deux tefticules,
fitués l’un à côté de l’autre fur les mufcles
abdominaux, & d’un balenas de fix., fept,
ou huit pieds de longueur , qui fe renferme
dans une efpèce de fourreau. Ce membre eft
eompofé des mêmes parties que celui des
1 animaux ruminans; on y voit les branches,
: un corps caverneux, l ’urètre, un corps fpon-
gieux, 8c plufieurs mufcles éredeurs 8c accélérateurs.
La femelle préfente aufii la même organi-
fation qu’on remarque dans la vache où la
jument; Si on confulte la planche 4 , fig . 2 ,
011 verra les grandes lèvres défignées par les
lettres L L ; le clitoris par C ; le méat urinaire
par M ; le vagin par V ; L’anus par A.
Mamelles. Les femelles des cétacés ont de
part. 8c d’autre, v is -à -v is les parties de la
génération, une mamelle deftinée à allaiter
leurs petits ( pl. 4 , fig. 7 , m ). Ce font deux
corps conformés en manière de- cône , 8c
placés dans un fi lion formé par la couche
extérieure de graiffe 8c les mufcles abdominaux
( pl. 4 , fig. 7 , ss ). Ces deux mamelles,
qui ne dépaffent prefque pas le fillon
avant l’accouplement , ont dix ou douze
pouces de longueur 8c un pied de diamèt
r e , iorfque la mère nourrit fes petits. J’ai
fait graver la figure intérieure 8c extérieure
de ces filions ( pl. 4 , fig. 8 , 9 , 6c 10.)
Au milieu du mamelon , on diftingue un
orifice qui pénètre dans l’intérieur de la ma-
* nielle ; il reçoit dans fa longueur une infinité
de petits vafffeâux, qui diffèrent entre eux
par leur longueur 6c par letfr direction. Les
parties latérales du fillon , où la mamelle eft
renfermée, font plus lâches que le refte de
la peau. On y trouve encore des plis difpofés
tranfverfalement ; c’eft fans doute afin que la
mamelle puiffe fe détendre pendant l’allaitement
6c céder avec plus de facilité à la fura-
bondance du lait.
A mbre gris. On a donné ce nom à une
fubftance légère, graffe, opaque, affez fouvent
d’une couleur cendrée, 6c parfemée de
paillettes blanchâtres ou noires : elle s’amollit
à la chaleur, 6c devient ondueufe 6c odorifé^
rante ; mais cette odeur fe développe plus
puiffamment encore, lorfqu’elle eft mêlée a
une petite quantité d’autres aromates. Les
Naturaliftes ne font pas d’accord fur la nature
6c l’origine de cette fubftance , dit M. Val-
mont de Bomare; les uns prétendent que
c’eft l’excrément de la Baleine ; les autres »
que c’eft une fiente d’oifeaux. Ceux-ci dilent^
que c’eft de la cire 6c du miel uxgérés 6c
cuits par le foleil 6c le lel marin ; ceux-là
penfent que c*eft une efpèce de bitume qui
coule du fem de la terre dans les eaux de
la mer , où il fe condenfe 6c s’agglutine.
Enfin il y a des Auteurs qui croient que
c’eft le produit du Cachalot que nous avons
appelé Trumpo, 8c que fon origine 6c fa
formation font à peu près femblables à celles
du irnifc. Ce fentiment eft appuyé fur
des faits qui Je rendent très-probable. On
a trouvé dans quelques individus , qu’on a
ouverts, notamment dans celui qui échoua
près de Bayonne en 1741 -, on a trouvé,
dis-je, i’ambre gris fous la forme de boules
de trois à douze pouces de diamètre. Elles
pefoient depuis une .livre 6c demie jufqu’à
vingt, 6c étaient renfermées dans une bourfe
ovale de trois à quatre pieds de lo n g , fur
deux ou trois de large, fufpendue direde-
ment.au deffus des tefticules : elle fe termi-
noit en deux tuyaux, dont l’un alloit, en fe
rétréciffant, jufqu’au balenas -, l’autre venoit
des reins 6c aboutiffoit à l’autre extrémité.
Cette bourfe éfoit prefque remplie d’une
liqueur jaune, moins épaiffe que l’h uile, &
dont l’odeur étoit encore plus forte que celle
qui s’exhale des b o u le sd? ambre y qui nagent
dans ce fluide. Chaque boule étoit compolée
de couches concentriques , femblables à
celles de l’oignon : il n’y en a jamais plus
de quatre dans une bourfe. O11 en a vu une
qui pefoit vingt livres, mais elie étoit feule.