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à laquelle on attribue fouvent de fauffes dimenfions (r), Ceft ainlï que les
moyens qui devraient ' contribuer aux progrès de la fcience, ne fervent" an
contraire qu’à en augmenter la confufion : tant il eft vrai qu en Hiftoire Naturelle
on a befoin d’une méthode , même dans les claffes les moins nombreufes ! Ce ne'
fera donc qu’en diftribuant tous les cétacés fuivant 1 ordre d un arrangement
méthodique, & en donnant des notions claires & exactes fur chaque efpece, quon
parviendra à dïffiper les ténèbres dont cette partie de 1 Hiftoire Naturelle eft
encore enveloppée? T e l eft: auffi le but que je me." fuis propofé dans cet
.Ouvrage. i ?■
J’ai cru d’abord qu’i l ’étoit néceflaire de compofer un* titre court & précis, qur
manquoit dans notre laîlgiié, pour défigner l ’objet de la fcience dont je vais
m’occuper. .J’y ai confaçréTè mot C e t o l o g i e , compofé des deux racines
grecques Kztoç, Aoyûÿp'dônt l’une lignifie animal marin d une grandeur extraordinaire y
& l ’autre, difçours. ’Les -mots ornithologie & ichthyalogie , qui font déjà en ufage ;
l ’un pour exprimer la fcience qui traite dés oifeaux ; 1 autre celle qui concerne les*
poiffons ; ont paru m’autorifèr à introduire- cette nouvelle dénomination?
L ’Hiftoire des cétacés1 ayant' été traitée fort fuccinâement dans le Dictionnaire
encyclopédique ? je me fuisüétèrminé à joindre quelques détails curieux & hiftoriques*
à la fuite dés deferiprions, afïnÿque l ’Encyclopédie , dont cet ouvrage-doit faire le*
complément, renferme à peu près la lomme totale des connoilfances- que nous*
avons en Hiftoire;Naturelle;'.y.
C e traité , quoiqu’il ne foié pas volumineux", m’a coûté Beaucoup de" peine &
de travail.' "Je ne me fuis pas' contenté de copier fervilement ce que les Auteurs*
ont écrit ; j’ai examiné, j’ai comparé ce que*les anciens Naturaliftes nous ont laiffé
avec ce que les modernes ont d it,* pour voir ce que je pouvois admettre & ce que
je devois rejeter. En fuivant à peu près la méthode de Linné , j ai tracé les-
caractères des genres avec plus dé détail qu’on n’avoitfait jufquici ton ne fauroit
mettre trop de clarté dans une matière aufli confufe; Je me fuis permis auffi de
changer les phrafes fpécifïques de la plupart des Auteurs, parce que je crois que
le principal devoir du Naturalifte confifte à mettre toujours en oppofition les-
caractères qui diftinguent les efpèces. Tout ce* que j’ai dit fur les moeurs, les
habitudes, la génération-, la-nourriture, la pêche, & les-avantages quon retire*
(i) On a annoncé dans le Courrier de l’Europe du 26 août J788, page 135* , & dans plufi'eurs-
autres papiers publics, que le 21 du même mois ,, une Baleine de cent trente-fix pieds- de
longueur, fur quatre-vingt-feize de circonférence, avoit échoué à deux cents pas de la jetee de:
Margate. J’ai écrit en Angleterre pour a v o i r des renfeignenrens:fur un animal dune gtoffeur aulfi.
extraordinaire; & l’on m’a répondu , qu’à la- vérité ce jour-là., une Baleine morte avoit été pouffée
fur le rivage, mais qu’elle étoit prefque pourrie & qu’elle n’ayoit que quarante pieds dé long-.
A V E R T I S S EME N T . v
des cétacés, étoit difperfé dans une infinité de livres, de notes, ou de mémoires
qui m’ont été adreffés ; il a fallu le recueillir. Il n’exiftoit prefque rien fur l’anatomie
de ces animaux; c’elt la partie qui a exigé le plus de foins & de recherches. En un
mot, je n’ ai rien négligé pour donner à mon travail toute l ’cxaclitude dont il étoit
fufceptible. Je le devois aux engagemens que j’ai pris avec le public, & aux
encouragemens qu’urr grand nombre de fouferipteurs de l’Encyclopédie & plufieurs
favans ont bien voulu me donner depuis la publication de mon premier volume fur
V Ichthyologie.
M. Chardon, Maître des requêtes & Intendant des- pèches, a' eu la bonté de me
communiquer des notes curieufes & intéreffantes fur la pêche de la Baleine.
M.- Camper, ce favant Anatomifte à qui l ’Hiftoire Naturelle eft redevable d©
découvertes précieufes, a bien voulu me donner des éclairciffemens fur plufieurs
articles, & me fournir l ’oftéologie comparée du crâne des cétacés, dont j’ai donné
deux figures pl. 1 .-
M. Chabert, Di-rerieur de l ’Ecole' vétérinaire d’Alfort ; & M. Flandrin 9
Profeffeu-r à la- même Ecole , ont eu- la complaifance, non feulement de m©
montrer trois individus defféchés- de la plus belle confervation & les préparations
anatomiques dont ils, ont-enrichi ce Cabinet-; mais encore ils ont permis que je lifte-
deffiner les parties intérieures & le fquelette du Dauphin dont on voit la figure pl. ÿ .
M- l ’Abbé le C o z , Supérieur du féminaire de Quimper,- & M. Chappuis ont
eu l’honnêteté de m’envoyer des renfeignemens & plufieurs deffins des trentc-urv
Cachalots• qui échouèrent dans la baie d’Audierne le 2 o mars 1 7 8 4.
Il ne me refte qu’à exhorter les perfonnes qui fe trouveront à portée de voir
quelques cétacés , d’obferver foigneufement la forme du corps & fur-tout la conformation.
de la tête; de voir quelle eft la pofition des évents, la figure du- mufeau,
le nombre, la difpofition, & la ft-ruêtur-e des dents, la fituation des nageoires, la
couleur de la peau, & les proportions de l ’animal. Quelle facisfàûion pour les
Naturaliftes, fi en- adoptant le -nom qu’ils ont" confacrd pour défigner les efpèces
connues, on banniffoit les mots vagues de Souffleurs ou de Baleines qu’on donne
indiftinêlement aux Chiens.de mer ( 1) & à tous les- poiffons d-’une taille extraordinaire!'
I l ferait d’autant plus aifé de corriger cet abus , qu’il eft très-facile de-diftinguer la
famille des Chiens de mer, de connoître les cétacés, & même leurs différentes efpèces.
Le cararière particulier à cette dernière claffe,. c’efl: ci avoir le corps liffe & dépourvu
d’écailles, un ou dfeux évents fur la partie fupérieure de la tête', la nageoire de la queue*
(1) Pài vu Fêté dernier, fur leboufévart de l’Opéra, un individu de l’éfpèce de Chien de mer
que nous avons-appelé le Très-Grand.- Oh le montrait fous le nom de Baleine ; & pour tendre
cette Sauffe dénomination plus probableou avoit coupé la nag.eoire de la queue.