que par Ia couleur & les dimenfions du corps,
Sa tete & les lames de corne qui garniffent la
mâchoire fupérieure font beaucoup plus
petites; le tronc eft plus mince & d’un brun
qui tire un peu for le blanc. On a encore
obfervé que la mâchoire inférieure étoit
moins alongée & plus arrondie que celle de
la Baleine-Franche. Comme il eft très-dangereux
de harponner cet animal à caufe de fon
extrême agilité , Anderfon attribue aux Iiïan-
dois une manière bien ingénieufe de le pêcher.
« Lorfqu’ils s’aperçoivent x dit-il, que
» cette Baleine donne la chaffe aux- Harengs,
» ils fe jettent promptement dans leurs canots,
» munis de harpons, de lances, de couteaux,
» & autres uftenfiles néceflàires : ils la pour-
» fuivent par derrière à force de rames, en
»• l’approchant autant qu’il eft pqffible. Si le
^ vent fouffle vers -la c ô te , ils verfent dans
» la mer, devant leurs canots, quantité de
» fang,. dont ils ont toujours bonne provi-
» lion avec e u x , 8c à mefure que les flots-
» l’emportent vers la cote» en le tournant le
» plus près de terre qu’ils peuvent. Le poif-
» Ion fe Tentant pourfuivi, veut regagner la
» haute mer;.mais en apercevant le fang , il
» s’effraye ; & plutôt que de nager à travers»
» il fuit vers les côtes, où il échoue bientôt
» fur les rochers. Si au contraire, le vent
» fouffle du côté de la terre » les pêcheurs
»' entourent la Baleine par derrière, comme
» dans le premier cas,* & auffi-tôt qu’elle
» veut s’en retourner en pleine mer, iis jet-
» tent làns eeffe- de leurs canots, quantité
» de pierres au devant du poiffon » en pouf-
» Tant de grands cris, & faifant un bruit car
» pabie de l’épouvanter 8c de- le chaffer vers
» la côte, où il échoue enfin fur le fable ». Ce
ré c it, quoiqu’àccoinpagné de circonftances &
de détails propres à perfuader, eft cependant
contredit 8c défavoué par Horrebows, qui a
féjourné pendant deux ans dans cette î l e , &
qui a été plus à portée qu’Anderfon de s’inf-
truire à fond des détails de cette pêche. «Dans
» tout cela, il n’y a pas un mót de v rai, repii-
» que-t-il ; les Ifland,ôis nefont ni- affez hardis
» pour attaquer la Baleine■ de cette façon , ni
» affez heureux & affez habiles pour là pren-
» dre fi aifément. L’unique manière dont on
» fait ufage, confifte en ce qu’une barque
» s’approchant de la Baleine, un harponneur
lui darde un grand harpon de fe r , 8c la
> barque fe retire promptement. Le harpon
» porte la marque dç celui qui l’a lancé*
» Au cas que le coup ait éré bien potte’, &
» que la Baleine périffe fur les côtes où elle
» vient échouer affez fouvent,- celui à qui
» eft le harpon » a , fuivant la loi d’Iflande,
» une certaine portion de la B a le in e8 c le
» refte appartient à celui fur le fonds duquel
» elle a échoué. Voilà tout l’artifice 8c toute
» la fcience des Iflândois dans la pêche de la
» Baleine »r
Le Nord-Caper ne donne- communément
que dix,, v ingt, ou tout au plus trente tonneaux
de graiffe.- Il fe nourrit de planorbes,.
de médufes,, 8c de harengs : il habite dans
les mers du No rd, près des côtes de Norvège
8c d’Iflande. Anderf. Hiß.- d 'ifi. p .
Briffon ,■ cetacées:, p . 35*0. Horrebows , def-
cript. d'Ifl. p , 30p. Klein,, p i f c. miß, 2,
p: 12.'
Klein diftingue deux variétés dans cette
efpèce, 8c i f leur donne le nom des différentes
parties de la mer où' on les trouve.
a. L e Nord-Caper du Sud (, Auflralh■ ). a
le dos très-apiati.
b. Le Nord-Caper de VOueß ( Öcciden-
talis ) a le dos un peu moins plat.«
Ce Naturalifte défigne encore celui que je
viens de décrire , par la dénomination de
Nord-Caper du Nord ( Borealis ),
* * Efpèces' qui ont une nageoire ou des bojfes
fu r le dos,.
L e Gibbar 3 - B . Phyfalus B . maxillis oequa-
libus-, acutis : laminis corneisbrevibus, coeru«•
leis : pinna in dorfb*>
Les- mâchoires égalés 8c pointues : les<
fanons courts 8c d’iine couleur bleue : une
nageoire fur le dos (;i). ( PI. fig. 2. ).
Suivant le témoignage des pêcheurs »
le Gibbar eft atifli long , mais moins
gros que la Baleine-Franche. Lorfque les»
mâchoires font fermées s la tête repréfente’
un cône qui occupe à peu près-lè tiers de
là longueur dé l’animal ,• 8c fe termine
par un mufeau pointu. -Sur le fommet de la- *I
(r) En France, on l ’appelle Gibbar ; en Angleterre,
Fin-fish ; en Allemagne, Finnfisch'; en Hollande,
F invis ch ,• en Norvège, Ror-Hual, Finne-fisk', Tue-
Qïialy. St or-Hv al; en Suède, Finn-fish ; en Laponie ,
Reideri ®n Mande, HùnfuBahs ,* ' en Groenland, Turc-
I nulik , Kepolak , Kepokarfôafu.
tête i on voit «leux évents fendus en lo n g ,
par lefquels cet animal rejette l’eau avec plus
de violence que la Baleine-Franche. La
mâchoire fupérieure eft garnie , comme dans-
Pefpèce que je viens de nommer, de lames
de corne, frangées à leur extrémité, 8c dif-
pofées de la même manière-, mais elles font
de couleur bleue 8c beaucoup plus courtes :
leur longueur eft de dix à douze pouces
elles font prefque aufti larges à la bafe. Les
longs crins qui terminent les fanons , s’entortillent
de manière, que les bords de la
mâchoire fupérieure paroiffent couverts d’une
groffe corde entrelaffée. Les yeux font fitués-
très-bas, dans la diredion des angles de la
gueule. Vers l’extrémité .poftérieure du dos »
s’élève une efpèce de nageoire triangulaire,
qui a trois ou quatre pieds de hauteur, 8c
dont le fommet eft recourbé en arrière : les
nageoires latérales font d’une figure ovale »
8c longues de fix> ou fept pieds ; celle de la
queue eft divifée en deux lobes, qui forment
à peu près un angle droit. Cette efo
pèce fe nourrit de harengs ,- de maquereaux
f d’une efpece de falmone que nous
avons nommée l’arctique, 8c d’autres petits !
poiffons d’une groffeur médiocre.' La fur-
face fupérieure du corps eft brune 8c lui-
fante; le ventre 8c le deffous de la mâchoire
inférieure font d’une blancheur éclatante. On
le trouve dans les mers du Groenland y dans
l’Océan de l’Europe, dans l’Inde, 8c dans-
le Nouveau Monde. En mars 1673 , Martens
vit lin individu de cette efpèce dans le détroit
de Gibraltar* Comme la maffe du corps
ne fait que le tiers- ou le quart de celle de la
Baleine-Franche , le lard eft moins épais *
ôn n’en retire, dit-on, que dix tonneaux ou
environ* Par eonféquent, on s’attache peu à
lé prendre ; le produit qu’on en retire ne
compenfe point les frais 8c les peines qu’il
en coûte pour lui donner la chaffe : H y a
même du danger à l’approcher. Martens
raconte que des'pêcheurs de fa nation,- ayant
lancé par méprife le harpon fur un Gibbar,
il tes entraîna tout d’un coup avec leur chaloupe,
fous un glaçon » 8c qu’ils furent fub-
naergés. Selon la remarque des pêcheurs,
ajjffî-tôt qu’ils paroiffent dans la mer du
Spitzberg, on n’y voit plus- de* Baleines-
Franches. Du refte, en Groenland , la chair,
les nageoires ,- la peau , 8c les tendons de
ce cetacé fervent à- la nourriture des pauvres
feuûfles» s& les o s r à une infinité d’ù fa^ s
domeftiques. On affure que fa chair a le
même goût que celle de YEflurgeon. Linn.
f i n. 106. Briffon, cetacées, 3J2. Oth. F ab rie.
faun. Groenl. p .^ f .
* L a Baleine-tampon 4 * B . Nodofa B. pinnis
lateralibus albis : gibbo unicopropè caudam 9
capite humano majore.
Les nageoires latérales blanches : une boffe
auprès de la queue, plus groffe que la tête
d’un' homme (i)*
Jufq.ii’ici,. nous n’avons que peu de détails
fur cette efpèce de Baleine qu’on trouve
dans la nouvelle Angleterre. En recueillant
ce qu’en a dit Dudley dans les Tranfaâions
philofophiques, 8c plufîeurs autres Naturalistes
qui en ont parlé,- nous favons qu’à la
placé de la nageoire du dos, on trouve vers
la queue une boffe penchée en arrière, qui
a un pied de hauteur & un peu plus d’épaif-
four que la tête d’un homme. Les nageoires
latérales ont dix-huit pieds de longueur;- elles,
font fort blanches 8c fituées prefque au milieu
du corps. Sa graiffe reffemble beaucoup'
à celle du Gibbar. Suivant Klein , fes barbes
font peu eftimées » quoiqu’elles foient meilleures
que celles de la Baleine que nous
venons de citer* Tranf. philofoph. n°. 3 8 7 ,
p.’ 2y&, art. 2. M-.- Brijfon, cetac. p . 3 ,
Baleine de la nouvelle Angleterre. Anderf.
Hiß. du Groenl, i l , p . 101. K le in , miß.'
p i f e 1 1 , p. 12. Hottuin, nat. Hiß. 111 »
p. 48 8. C ra nG ro en l*p . 146* Mult. Natur*
* L a Baleine A bosses ƒ. B . Gibbofà B .
laminis corneis albis- : gïbbis f e x in dorfb.
Les fanons blancs fix boffes fur
dos (2).
Tous les Naturaliftes qui ont fait mention'
de cette efpèce »s’accordent à dire que par fa
conformation extérieure » elle fe rapproche de
la Baleine-Franche. Suivant Anderfon elle eft
à peu près- de là même couleur, & produit la
même quantité de graiffe. Comment donc con- *(i)
(f) On l’appelle en France Baleine- Tampon, Baleine
de la nouvelle Angleterre7 en Angleterre, Bunch ,
Humback- JFhale ,• en' Allemagne , Pfiochfifck ; en
Hollande, Penvifch.
(i) On l ’appelle en France la Baleine à boffes, 2&
Baleine à f ix Boffes ; en Angleterre, Scrag- VFhale £
en Allemagne , Knotenfifch ÿ en Hollande » Knobbel-
v if ch , Knabb elvifch,-