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grenue, offrent une nuance mêlée de brun- '
rougeâtre ou de blanc-gris. Lorfque l’animal
eft provoqué' en plein air 8c fans être exténué
, il prend la teinte de vert-bleu. Lorfqu’il
eft foible & qu’il eft privé de l’air
lib re, la teinte dominante de fa peau devient
d?un vert-jauneV Dans quelques autres cir-
conllances, mais principalement à l’approche
d’un animal de la même efpèce, n’importe
le fex e , ou lorfqu’il fe trouve environné 8c
, inquiété par une quantité d’infedes que 1 on
■ aura jetés fur lu i, alors, prefque en un mo-
ment, il paffe alternativement par les trois
finances de vert. Si on leYÏâifïe mourir fur-
tout de faim, dans ce cas, la couleur jaune
. ■ d’abord domine -, puis au premier^ degré de
putréfàdion , elle fe change en couleur de
feuille morte. La caufe de fes divers chan-
gem'ens femble pouvoir être attribuée, continue
toujours le même Naturalise, à ce que
le fan g du Caméléon eft bleu-violet, couleur
qu’il conferve même pendant quelques minutes
fur le linge 8c fur le papier, particulièrement
celui qui a été pénétré d’eau d’alun.
En ’fécond lieu , les différentes tuniques de
fes vaiffeaux font cônRaniment jaunes dans
leurs troncs1 comme dans leurs ramifications.
Quant à êi peau , la partie extérieure ou
épiderme fëparce du relie, eft tranfparente
fans aucune couleur ; la fécondé peau eft
jaune, ainfi que tous les petits vaiffeaux qui
. y aboutiffent. D ’aprcs ces aperçus , il eft
probable que lés changemens de couleur in-
diqués dépendent du mélange de jaune 8c
de bleu ; d’où ré fuite un vert de di ver fes
nuances. A ih fi, lorfque l’animal fain 8c bien
nourri eft provoqué , le fang fe porte en
plus grande abondance , du coeur vers les
extrémités. Alors le bleu du fang, dont les
vaiffeaux qui tapiffent la peau font gonflés,
prédomine fur le jaune ; 8c de la réfulte la
nuance dé vert-bleuâtre qui paraît au travers
> de l’épiderme. Si au contraire 1 animal eft
foible,. exténué, 8c privé de l’air libre, alors
les vaiffeaux extérieurs étant moins remplis ,
leur- couleur prend le deffus, 8c donne le
vert-jaunâtre, juîqu’à ce que l’animal, rendu
à la liberté, bien nourri, 8c fans trouble,
reprenne la couleur cjoniinante d un. affez
beau vert, réfultant de l’équilibre des liqueurs
dans l’état le plus convenable à cette efpèce.
Ce reptile grimpe le long des arbres , fç
1 nourrit d’infedes qu’il faifit avec fa langue
çnduite d’une humeur vifqueufe; 8c fe retire
L O G I E.
dans les trous des rochers. Sa feirtelle pond
de neuf à douze oeufs ovales, qui ont à peu I
près huit lignes- dans leur plus grand diamè* I
tre. Du refte, il eft fi doux qu’on petit lui I
mettre le doigt dans la bouche 8c l’enfoncer
très-avant, fans qu’il cherche à mordre. On
trouvera d’autres détails fort intéreffans fur
ce reptile, dans le Dictionnaire des quadruA
pèdes ovipares, par M. d’Aubenton. J’ai fait
graver le fquelette du Caméléon fur la planche
déjà indiquée. Li/in, f . n, 364. Jé A fie J
V Afrique*
a. Ne poùrroit-on pas regarder comme
variété de cette efpèce un autre Caméléon^
dont parle M. Laurenti ? Sa tête eft angu-
feufe de part 8c d’autre : le fommet du capuchon
qui eft fur .la tête, fe dirige en arrière. I
L e dos forme une carène obtufe. Tout le I
corps eft couvert de tubercules d’une blancheur
éclatante. Il eft auffi beaucoup plus
grand que les autres. Laurent, fpec,
4 6 , n. 63.
* Le C. du C ap 2. C. Capenfis C. occiput I
lobis exficto : g ula in jla tâ : dorfo carinatoA
ferrato : corpore albo coeruleoquè variegato.
Une faillie fur l’occiput, divilèe en lobes:
la gueule renflée : le dos relevé en carène &
dentelé : le corps bariolé de blanc & de bleu. I
(P I .7 ,% . 3.)
Cette efpèce a beaucoup de rapports avec
la précédente par fa conformation exte*l
rieure , fes habitudes , 8c fa manière de
vivre. Voici les principales différences (f j
les diftinguent. Le Caméléon du Cap n’a point I
de faillie pyramidale fur la tete ; o.n diftingue
feulement à la place une membrane qui le
partage en trois ou quatre lobes un peure-j
courbés en arrière. Le deffous de la gufj,6]
forme dans celui-ci un renflement condej
râble , qu’on n’aperçoit point dans le H
méléon ; le dos eft aminci en carène M
dentelé jufqu’à l’origine de la queue ■
pattes font auffi plus déliées , 8c fa quel 1
plus groffe. Du refte, fur l’un & fur 1 autre,
le tronc eft couvert de tubercules & peint .
diverfes couleurs. Le blanc 8c le bleu on |
nem fur celui-ci. Petiver Gaçoph. toi- . ) 1
L'Afrique.
I I F . S E S K E.
CRO CO D ILE , Crocodilus. Linn. f . «• î40,
Lacerta. Crocodilus. ^
Corpus quadrupes, oaudatum,figmen
tuberculis ïnftruaum.
E R P É T O L O G I E . 3 3
Caput oblonguni) antice definens in rof-
ttum t modo conicum , modo depr$Jfum,
Oculi magni, prominentes , fib i approximate.
Dentes in utrifque m a x illis , acquales aut
inoequale's, Lingua nulla, Nares elevaux. ;
foraminibus lunulatis.
Dorfum convexum , latum,
Pedes anteriores p en ta d a ä y li, f i j f i ; pofle-
riores te tra d a ä y li, palmati. Ungues v e l omnibus
digitis a d fu n t, v e l quibufdam tantürn.
Cauda long a , compreffa , J'urfum fquamis
crißatis uirinque ferrata.
Animal oviparum : foepe ad tr i genta pedes
exerefeit. Fugten tibus atrox, Curfus in via
redä. , velocißimus ; in tortuosd, tardus.
Le corps a quatre pattes, avec une queue,
couvert de fègmens 8c de tubercules.
La tête oblongue, terminée antérieurement
parmi mufeaü tantôt conique, tantôt aplati.
Les yeux gros , faillans , 8c très-rapprochés
l’un de l’autre. Des dents égales ou inégales
aux deux mâchoires. Point de langue. Les
ouvertures des narines fendues en croiffant,
& placées fur une petite faillie.
Le dos large, convexe.
Cinq doigts féparés aux pattes de devant, 8c
quatre palmés à celles de derrière. Il y a des
ongles a tous les doigts, ou à quelques-uns
feulement,
La queue longue , comprimée : la furface
fupérieure eft garnie , de part 8c d’autre,
d’écailles relevées en crête dentelée.
Cet animal eft ovipare .* il parvient quelquefois
à la longueur de trente pieds ; il eft
redoutable, fur-tout à ceux qui prennent la
fu ite. Sa marche eft très-rapide lorfqu’il avance
en ligne droite-, mais fort lente lorfqu’il fuit
une route tortueufe.
Le C r o c o d i l e i . C. A llig a to r C . pedibus
| P°fterioribus y ctra d a d y lis , p a lm a tis , triun-
guiculatis : rojlro fubconico, elongato,
Les pieds de derrière partagés en quatre S doigts réunis par une .membrane ; il n’y a
que trois doigts garnis d’ongles : le mufeau I a> g é 8c d’une forme conique. ( P L i ,
1 % }■ )
l a tête de cet animal redoutable eft alon-
gçe, aplatie fur le fommet, fortement ridée,
& terminée par un gros mufeau un peu arrondi,
qui imite la figure d’un cône. L’ouver-
ture.d e la gueule s’ouvre jufqu’au delà des
oreilles. Les mâchoires ont quelquefois plusieurs
pieds de longueur ; celle d’en haut
s’élargit vers le gôfier, de manière à déborder
I de part 8c d’autre , la mâchoire d’en,
bas ; elle fe rétrécit enfuite , 8c la laiffe
dépaffer jufqu’au mufeau , où elle s?élargit
encore, 8c recouvre la mâchoire inférieure.
Il réfulte de là , que tes dents font tantôt à
découvert, 8c tantôt cachées par les mâchoi- ■
res. On en compte environ trente-fix à chaque
mâchoire; elles font coniques, pointues, un
peu recourbées vers la gueule, d’une grof-
îeur inégalé , 8c difpofées fur une feule
rangée : il y en a deux de chaque côté ,
l’une dirigée en haut 8c l’autre en ba s , qui
font plus groffes que les autres, 8c prolongées
comme des dents canines. Les dents les
plus antérieures de la mâchoire d’en ba s ,
s’enfoncent dans la mâchoire fupérieure ,
lorfque la gueule eft fermée , la traver-
fent en entier , & s’élèvent au deffus
du mufeau, où leurs pointes ont l’apparence
de petites cornes. Ces ouvertures
font très-marquées fur un petit individu de
quatre pieds de longueur, que je pofsèdô#
Sur l’extrémité antérieure 8c fupérieure dut
mufeau , fe trouve un efpace rond rpmpli
d’une fubftance noirâtre, molle, fpongieulè j
c’eft là où font placées les narines ; leur forme
repréfente celle d’un croiffant dont les cornes
fe dirigent en arrière. Les yeux font gro s ,
fitués prefque fur le fommet de la tête, 8c
pourvus d’une membrane clignotante. Les
oreilles, placées très - près 8c au deffus des
y eu x , font recouvertes par une peau fendue
& un peu relevée, de manière à repréfenter
deux paupières fermées. Tout le corps, excepté
le deffus de la tête, eft revêtu d’écailles
qui forment une armure impénétrable ; celles
qui recouvrent les flancs, les pattes, & le
c o u , font arrondies , de grandeur inégale,
8c diftribuées irrégulièrement ; celles qui
défendent le dos 8c la furface fupérieure de
la queue, font carrées, 8c difpofées fur des
rangées tranfverfales. Sur le milieu du d o s ,
on voit aulfi deux rangées tranfverfales d’écait-
les à tubercules ; l’une de quatre pièces ,
l’autre de deux. De chaque côté de la queue,
s’étendent deux rangs de tubercules relevés
en forme de crêtes, qui la font paraître hé-
riffée de dentelures; ces tubercules fe réunifient
en un feul rang, à une certaine diftance
de fon extrémité. Les pieds de devant ont
cinq doigts libres 8c féparés ; ceux de der*v
rière n’en ont que quatre réunis par une
membrane. A chaque patte 3 il n’y a que les