
gaîne : les femelles ont deux mamelles pour
allaiter leurs petits & les parties de la génération
fur le ventre ; enfuite il y a l'ouverture
de l’anus*
Trois ou quatre nageoires charnues : deux
latérales ; une à l’extrémité de la queue y celle
du dos eft fouvent remplacée par une faillie
qui parcourt toute la longueur de cette
partie.
L e NarhwAL i . (i ) M. Monoceros M . dente
comuformi , fipirali , rarius duplici , exjerto
in maxillà fuperiore : dorfo impinni.
Une dent en forme de corne, tournée en
fpirale, & inférée dans la mâchoire fupérieure
; il eft rare qu’il y en ait deux r point
de nageoire fur Te dos. (PI. y , fig. i . )
L e Narhwal a le corps dune forme ovale
& alongée ; le dos large , convexe, &
aminci vers, la queue ; la tête ronde, petite,
renflée fur le fommet, 8c terminée par un
mufeau1 obtus: & arrondi. Il n’y a point de
dents dans la gueule ; mais il fort de la
mâchoire fupérieure, tantôt du côté droit,
tantôt du côté gauche,.une longue dent cannelée
en fpirale & fîniffant en pointe. On a
cru pendant long-temps que cette défeiife
offeufe étoit la corne d’un quadrupède extrêmement
rare y qu’on appeloit Licorne ; 8c en
conféquenee, on la vendoit très-cher. Les
héritiers de Chriflian-Frilîus en Danemarck,
en eftimoient une 8000 impériaux. Chaque
dent a jufqu’àneuf ou dix pieds de longueur ,
& participe de la nature de l’ivoire. Il eft néanmoins
facile de la diftinguer de cette fubf-
tance, tant parce que fes fibres font plus
déliées, que parce qu’elle eft plus eompaéfe,
plus pefante , & n’èft pas. fi lujette à jaunir
que l’ivoire. Cet animal n’a ordinairement
qu’üne feule défenfe; 8c on trouve de l’autre
c ô té , au deflous de la peau commune de
la tête, l’alvéole, 8c le rudiment d’une autre
dent qui n’a pas encore pris fon accroifle-
ment. Cependant on a vu r en différens
temps, des individus qui en avoient deux, à
peu près de la même longueur. L ’un de ces ;
animaux, qui étoit femelle, fut pris * en 1684,.
par le Capitaine Dirk-Peterfen , commandant .
(1) On l’appelle en France Narhwal, Licorne de mer;
en Norvège, Narhval, lÀghval; en Iflande , Narhval ;
en Groenland , Tauvar , KilleUuak x Kermhtoh,
, J ugalik.
le vaifleaü le Lion tFor r 8c H apporta à
Hambourg l’os de la tête , avec les deux
dents qüi y étoient encore inférées. Nous
avons donné la figure de cette rare production,
planche y , figurez, 6* 3 . Les deux
dents Portent en ligne droite de la partie antérieure
du crâne *, elles ne font éloignées
que de deux pouces à l’endroit de leur infer-
tion 8c vont un peu en divergeant ; en*
forte qu’à l’e x trém ité le s pointes font éloignées
l ’une de l’autre de dix-huit pouces*
La dent qui eft à gauche a fept pieds cinq
pouces de lon g, fur neuf pouces de circonférence
*, celle qui eft à droite a fept pieds
de longueur , fur huit pouces de circonférence
à la bafe. Elles entrent l’une 8c l’autre'
de treize pouces dans l’os de la tête, qui w
deux pieds de lo n g u eu r fu r dix-huit pouces
de large. Zorgdrager r dans fa Pêche de
Groenland y fait encore mention d’un autre'
crâne de Narhwal, armé de deux- dents
qu’on montroit à Amfterdam. En général y
l’ouverture de la gueule eft très-petite. Suivant
Anderfon , qui' a vu à Hambourg un
de ces animaux vivant, elle n’excède pas la
largeur de la main- : la langue a prefque'
les mêmes dimenfions. La tête fe termine'
par un mufeau arrondi. La lèvre inférieures
eft mince 8c plus courte que celle de def-
fus. Les' yeux font fitués vis-à-vis l’ouverture'
de la gueule ; ils font environnés d’une elpèce1
de paupière. Sur l ’extrémité fupérieure de la;
tête, il y a un évent qui s’ouvre 8c fe referme*
à volonté y par le moyen d’un opercule'
frangé. Les nageoires latérales ont environ-
un pied de longueur fur huit pouces de-
large : celle de la queue eft comme partagée-'
en deux lobes ovales 8c obtus. A la place1
de la nageoire du d o s , on remarque fur
cette partie une faillie haute d’environ trois;
pouces, qui s’étend, depuis l’event jufqu’à;
la bafe de la nageoire qui termine le tronc ;;
elle diminue infenfiblement die' hauteur en
approchant de la queue. La peau a un pouce
d’épaiffeur. Le fond de fa couleur eft d’uni
blanc grisâtre r parfemé d’une multitude de-
taches noires, qui pénètrent bien avant dans la
fubftance de la peau :1e ventre eft entièrement
blanc, luifant,- 8c doux au toucher comme du
velours.. Le Narhwal ne donne pas beaucoup
d?huile, mais elle eft d’une qualité fupérieure
à celle de la Baleine-Franche. Il vit de
planorbes & d’une efpèce de pleuronecle que
nous avpns nommée la pôle. Il n’y a aucune
partie fur cet animal dont les Groenlandois ne
tirent quelque avantage : iis font très-friands
de fa chair qu’ils mangent cuite, féchée à la
fumée B 8c prefque corrompue : le lard leur
fournit l’huite à brûler: ils font cuire les
inteftins qu’ ils regardent comme un mets
délicieux : du gofier , ils retirent plufieurs
veflies dont ils font ufage pour la pêche : les
tendons leur fourniffent des ficelles excellentes
.* des dents, ils font olufîeurs inftrumens
pour la chaïfe 8c des pieux pour conftruire
leurs cabanes. Les Rois de Danemarck ont
un trône magnifique, compofé de défenfes
du Narhwal : on le-conferve au château de
Rofemberg, 8c on dit que la valeur de cet
-ouvrage eft de beaucoup fupérieure au prix
de l’or. La chaffe de ces animaux feroit peu
abondante, fi on attaquoit chaque individu
féparément 8c en pleine mer* car ils font
très-bons nageurs , & fe fervent avec une
agilité étonnante de la nageoire de la queue
pour diriger leur courfe ; mais comme ils
habitent des climats très-froids 8c qu’ils ne
peuvent relier long-temps fous la glace fans
refpirer, ils cherchent les anfes dépourvues
de glaçons. L à , ils fe raffemblent en troupes
nombreufes, qu’ils font obligés de mettre
les dents fur le dos les uns des autres. Dans-
cet état, ils ne peuvent ni fe plonger ni fe
fouftraire aux coups de ceux qui les pour-
fuivent. Ils ont communément de vingt à
vingt-deux pieds de longueur , fur douze
de circonférence. Selon quelques Auteurs ,
on en a trouvé qui avoient foixante pieds
de longueur» Ils font leur féjour ordinaire
dans l’Océan feptentrional de l’Europe 8c
de l’Amérique, principalement dans le détroit
de Davis & fur les côtes d’Iftande.
Suivant le rapport de M. le Chevalier de
Pagés, ils habitent vers le quatre-vingtième
degré de latitude. Anderfi Hifi. du Groenl.
p . 102. Linn. f i n. io y . Otho Fabric. faun.
Groenl. 29. Mull. %ool. dan. prod. 44.
a. Certains Naturaliftes prétendent qu’on
trouve des tubercules fur le dos du Narhwal
; d’autres difent avoir vu des dents de
cet animal qui n’étoient point tournées en
fpirale, mais liftes d’un bout à l’antre. Dans
ces ca s , il y auroit plufieurs efpèces de Mc-
nodons différentes de celles qui nous font
déjà connues. On ne pourra cependant établir
exactement ces différences, que lorfqu’on
aura des renfeignemens plus pofitifs.
* L’A narnak 2. M. Spurius M . dentibus
dùobus minutis , recurvis in maxillâ fiupe-
riore : dorfio pinnato.
Dçux petites dents recourbées 8c placées
à la mâchoire fupérieure : une nageoire fur le
dos.
C ’eft à M. Otho Fabricius que nous
devons la defcriptiori de cette nouvelle
efpèce. D ’après ce qu’il dit dans fon ouvrage
intitulé, la Faune de Groenland, il
paroît qu’il n’étoit pas décidé à laifler cet
animal dans la famille des Monodons. Cependant,
lorfqu’on obferve la difpofition des dents,
on voit qu’il fe rapproche plus de ce genre
que de tout autre. Son corps eft alongé,
arrondi, 8c d’une couleur noire. Il n’a point
de dents dans la gueule > mais il eft remarquable
par deux petites défenfes qui fortent
de la mâchoire fupérieure ; elles font d’une
forme conique , un peu recourbées à l’extrémité
, 8c longues d’environ un pouce*
Indépendamment des deux nageoires latérales,
il en a encore une petite fur le dos*
lSAaarnak forme une des plus petites efpèces
de cette clafle : il refpire, comme les
autres cétacés, par un évent qui eft fitué
fur la tête. Il eft rare qu’on aperçoive la
nageoire de la queue lorfqu’il plonge dans
la mer ; mais lorfqu’il vient refpirer l’air, il
s’élève au deffus de la furface de l’eau jufqu’à
i’infertion des nageoires latérales, 8c montre
toujours le derrière de la tête, ayant le mufeau
tourné vers la direction du vaifleaü. Sa
chair 8c fon lard font regardés comme un
violent purgatif : de là lui eft venu le nom
à’Anarnak , que les Groenlandois lui ont
donné. Il vit en pleine mer 8c s’approche
rarement du rivage : on le trouve dans les
mers de Groenland. Otho Fab/ic. Fautu
Groenl. 31.