
e a main qu’un bâton d’un bois très-dur, ou
une verge de fer d’environ huit à dix pouces ,
de long, & bien affilée par les deux boutsi Ils
tiennent cette foible arme par le milieu ; &
au moment où le reptile, qui avance contre
eux , ouvre fa large gueule, « ils y enfon-
» cent cette verge de fer qu’ils redreffent fubti-
» lement ; de façon que le monftre fe trouve
» les mâchoires enferrées. Alors la douleur &
» l’inftind le portent à fe plonger dans i’eau,
» où bientôt il périt fuffoqué & perdant fon
» fang (i) ». Oh dit auffi qu’il y a des Nègres
affez hardis pour aller, en nageant, jufques
fous le crocodile, lui percer la peau du ventre,
qui eft prefque le feul endroit_où le fer puiffe
pénétrer. Dans certains pais on ufe de ftrata-
gême pour prendre cet animal rédoutable. En
Égypte on creufefur fes traces un foITé profond,
que l’on couvre de branches & de terre :
- on effraye enfuite à grands cris le crocodile, qui,
reprenant, pour aller à l’eau, Je chemin qu’il
avoit fuivi pour s’écarter de fes bords , paffe
fur le foffé, y tombe, & y eft affommé ou
pris dans des filets. Les Indiens emploient
avec fuccès un autre moyen pour le détruire ;
ils renferment dans le corps d’un petit animal
nouvellement tu é , un paquet d’arfenic
hou de chaux vive , difpofé dè .façon que
l ’humidité ne puiffe y pénétrer. Cet expédient
eft le plus sûr & le moins dangereux (2). .
D urée de la vie. Quand on réfléchit fur la
nature des reptiles, dont le fang eft prefque
froid, qui tranfpirent à p eine, qui peuvent
fe paffer de nourriture pendant plufîeurs
m o is , qui ont fi peu d’accidens à craindre,
& qui réparent fi facilement les pertes qu’ils
éprouvent, on n’a pas beaucoup de peine à
fe convaincre que des animaux ainfî organi-
fés doivent vivre très-long-temps 5 mais,
d’un autre cô té , quand on confidère que leur
féjour n’eft pas confiant, qu’ils vivent tour
à tour dans reau ou hors de l’eau , & qu’ils
font fans ceffe expofés à l’intempérie de l’air
8c aux viciffitudes des faîfons, on conçoit
que cette alternative de feç 8c d’humide, de
froid 8c de chaleur} doit néceffairement agir
fur les organes effentiels a la v ie , & môdi._
fier la longue durée de leur exiftence. Ce, I
pendant, en calculant les avantagés & B
inconvéniens qu’ils ont à éprouver, on fÿ |
qu’en générai ils parviennent a un âge très« I
avancé. L e crapaud ÿ félon Roefel, eft'en B
état de fe reproduire au bout de quatre ans, B
8c v i f près de quarante, fuivanf les obferva-B
tions dé M. A fco tt ( i) . Il faut vingt ans au*B
tortues-franches pour qu’elles atteignent leiitB
entier développement 5 8c elles vivent plujH
d’un fiècle. M. Cetti à vu en Sardaigne unel
tortue-grecque 9 qu’on nourriffbk depuis B
foixante ans dans une maifon où on la re<B
gardoit comme un vieux domeftique (2). LaI
tortue-bourbeufectoït pendant très-long-tempsB
ainfi que les tortues cle mér; mais le tehipsB
qu’il leur faut pour atteindre à leur accroiffe-l
ment parfait, eft moindre que' celui quiell
néceflaire aux tortues franches ; auffi ne vivent I
elles pas un fi long efpace de temps* O111B
cependant remarqué que lorfqu’elles n’éprouB
vent point d’accïdens , elles parviennent jufB
qu’à l’âge de quatré-virigts- ans , 8c plus. Per-B
fonnene coniioît précisément quelle eft la difB
rée de la vie du crocodile : quelques Natura-B
liftes , après avoir calculé lé temps qu’ilB
met depuis l’inftant où il fort de l’oeuf , -jufB
qu’à ce qu’il eft parvenu à la longueur (fl
vingt-pouces , ayant d’ailleurs égard fà toiitesB
les caufes qui peuvent accélérer ou retarde™
le développement, ont trouvé qu’un
de vingt-cinq pieds ne peut acquérir foiB
entier accroiffemént avant trente-deux ans®
demi (3). En fuppofant donc que la durée I
entière de la vie foit à peu près fept fois plus I
grande que celle, du. développement; o»l
trouvera que cét animal doit vivre plus ®B
deux cents ans. Cette carrière paroîtra fanj
doute trop longue à ceux qui hë voient dan*
ce reptile qu’un animal, abject:, nuifible,®
malfaifant : mais connoiffons-nous les vucsj
fecrètes dé la nature, & le rang qu’occupe« I
crocodile parmi les êtres créés ?
(I) B ritif h. Z 0 0 L vol. 3 , p. 311. •
(J) Hifi. Nat. des amphibies & des poijfons
Sardaigne, p. 9- . ■ •- v i'1 * 3,, » .
(3) M. le C. Je U Cepêde, Hiji. Nat. des quoi. Ml
P. i l T.
(1) EJJais philof. fur h crocod. p. 31.
(*) Efais philof.p.]*.
P R É C I S A N A T O M I Q U E
D E S R E P T I L E S ,
lîvec texplication de quelques mots techniques quon emploie ordinairement dans
les defcriptions.
T l v a beaucoup de rapports entre les B
vidus de. cet ordre & les quadrupèdes, abl- I nadion faite de leur grandeur : de la vient
I ttue plufieurs célèbres Naturaliftes leur ont
B donne le nom de quadrupèdes ovipares ;
■ cependant les traits de cette reffemblance ne
■ font purement qu’extérieurs.
I l est PORTÉ,sur quatre pattes (Quadrupes).
| j , e s p i e d s q u i f o r m e n t e x t é r i e u r e m e n t J e c a -
B r a f t è r e l e p l u s f e n f i b l e , f o n t d i f p o f é s c o m m e j
I c é \ i x d u c h i e n , d i t c h e v a l , d e u x p a r d e v a n t ,
K & d e u x p a r d e r r i è r e : t o u s l e s Reptiles.
^ P o u r v u , d ’ u n e ^ u e u e ( Caudatum) . C e t t e
k p a r t i e d i f f è r e d e c e l l e d e s q u a d r u p è d e s , e n c e
■ q u ’ e l l e n ’ a p a s d e p o i l : l e s Tortues, l e s Ca-
K tnéléons, l e s Crocodiles, les Lenards 9 8cc .
î ^ - S a n s q u e u e ( E caudatum y. O n c o n i i o î t
R j u f q u ’ i c i t r o i s f a m i l l e s d e r e p t i l e s q u i f o n t
B d é p o u r v u e s d e q u e u e : l e s Grenouilles, l e s
K. Raines, l e s Crapauds.
L - ÀlongÉ ( Elongatum ) . L e d i a m è t r e d e f a
R l o n g u e u r f u r p a f f e c o n f i d é r a b l e m e n t c e l u i d e
R. ' f a l a r g e u r : l e s Crocodiles, l e s Lenards.
VP - Arrondi ( Rotundatum) . L e c o r p s , v u p a r
■ d e f f u s , p r é f e n t e u n e f o r m e o r b i c u l a i r e : l e s
i Tortues, q u e l q u e s Crapauds.
* * Surface du corps.
I l est nud (Nudum ). La peau n’a jamais du
(■ poil , mais quelquefois des écailles : les
B Reptiles fans queue , les Salamandres, quel-
■ quès Lézards.
Couvert de verrües ou ©e pustules
Lézards, plüfiéurs Grenouilles 8c Crapauds.
— C ouvert U’üne écaille en dessus et par
DESSOUS ( Teflâ undiquè veflitum )• Ç®ue
K { Verrucofutn , pujhilofum ). Toute la furfece
l . eft hérifiée de points faillans, qui repréfen-
I tent des yerrues ou des pullules : quelques
enveloppe offeulê met l’animai a labri des
atteintes des corps extérieurs : les Tortues.
On peut dfVifer le corps des reptiles en
parties extérieures 8c en parties intérieures.
Les parties extérieures renferment quatre
parties principales , la tê te , le tronc, la
queue, 8c les pattes. Sous le nom de parties
intérieures, on comprend le fquelette $
les mufcles, 8c les vifeères.
P A R T IE S E X T É R I E U R E S D U CORPS^
§. Ier.
L A T Ê T E .
La tête ( caput) eft la partie la plus antérieure
du corps; elle s’étend depuis le bout
du mufeau jufqti’à l’articulation du ciane
avec la première vertèbre du cou.
Elle est arrondie {Rotundatum ). Sa fur-'
face extérieure ed arrondie dans tous les fens s
les Tortues. . ,
— A platie{Deprejfum). Elle eft comprimée
de haut en bas : prefque tous les Reptiles.
_T riangu laire ( Triangulare). La tête, vue
par deffus, repréfente un triangle : plufieurs
Crapauds Si Grenouilles.
La tête comprend la bouebe, le mufeau p
les mâchoires, les dents, la langye, les narines,
les yeux, & les oreilles.
I. L A BOUCHE ( Os ) eft cette cavité corn-
' prife entre les mâchoires, & terminée antérieurement
par le bout du mufeau, pofteneu-
tement par le gofier.
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