
Dauphins en ont plus ou moins ; les premiers
feulement à la mâchoire fupérieure; les féconds
à celle de déficits ; & les troifîèmes
à l’une & à l’autre. Mais ce qu’il y a de
particulier dans cette claffe , c’eft que ,
quoique les dents varient fuivant la diverfîté
des genres & même félon la difFérehce des
efpèces , elles font toutes également conformées
dans le même individu : ainfî celles
qui font (huées fur le devant de la mâchoire
d’un cetacé quelconque, font femblables à
celles qui occupent l’entrée du gofier. Quelques
efpèces de Cachalots offrent une
exception à cet égard, puifque, félon l’ob-
fervation de M. Otho Fabricius 8c les remarques
que M. Chappuis a faites fur les Cachalots
échoués en Bretagne en 1784, la
mâchoire fupérieure elt garnie, de- diftance
en diftance, de petites dents émouffees , aplaties
, & affez femblables aux machelières des
quadrupèdes.
On peut indiquer en générai quelle' eft
la forme- des dents des cétacés. Les Monodons
ont une ou deux dents inférées horizontalement
fur le devant de- la mâchoire
fupérieure 9 elles font longues d’environ fix
ou fept pouces, & contournées en fpirale.
Une efpèce particulière, décrite dans la Faune
do Groenland ,.a ces deux dents très-courtes &
recourbées. La plupart des Cachalots ont la
mâchoire inférieure armée de dents en forme
de cône, longues de fept ou huit pouces, &
plus ou moins recourbées au fommet. Hans
Ta famille des Dauphins , les dents font
minces , tantôt coniques, tantôt cylindriques,,
quelquefois tranchantes ou aplaties, & fou-
vent émouffées;.
M. Humer, qui-a obfèrvé avec beautoup
de foin les dents des cétacés, prétend qu’elles
ne fe développent pas de la même manière
que celles des autres animaux.- « Hans les •
t> quadrupèdes, d i t - i l , les- dents croiffent
» dans la mâchoire 8c s’élèvent avec la gen-
» cive qui en recouvre toute la bafe ;■ dkns
» les cétacés au contraire, la dent paroît toute
» formée dans Palvéole ; & quand elle
» s’a longe ,• elle s’enfonce dans la gencive,
» au lieu de pouffer en dehors; Dàns; la
yy plupart des poifïons 8c même dans les
» quadrupèdes, la mâchoire fe prolonge en
» avant, 8c le nombre dès dents augmente
» vers l’extrémité antérieure, à mefure que
» l’animal grandit & fe développe ; dans les
i> cétacés au contraire 3 le prolongement de
» la mâchoire fe fait vers la partie poftérieurev
» 8c le nombre des dents s’accroît vers le go-
» fier, à proportion que l’animal prend fon
» accroiflement. De là vient que dans l e
» grand Cachalot les alvéoles font d’autant
» plus profondes, qu’elles s’approchent da-
» vantage du bout dur mufeau » .
Langue. Dans les cétacés,, qui font privés 4
jufqu’à un certain point, de l’ufage de la
v o ix , la langue n’eft qu’une fubftance molle,,,
graiffeufe,. fpongieufe, 8c plus ou moins-
fufceptible de mouvement. Une des principales
fondions de cet organe étant de fer-
vir a la maftication 8c à la déglutition des-
alimens, il étoit néceffaire qu’il fut mob
ile , en raifon de la difficulté que l’animal
éprouve1 pour faifir fa proie ou pour
l’avaler. Ainfî dans la Baleine-Franche, qui
prend fa nourriture en ouvrant fimplement
la gueule, & qui i’ecrafe fans peine fous le
tranchant de fes lames de corne, la langue
confîfte en une groffe mafle de graifle dépourvue
de mufcles & prefque immobile. Dans-
les Cachalots,. qui ont la gueule fur la partie-
inférieure de la tête 8c qui. font obligés- de*
fe retourner pour faifir leur proie , dans les-
Dauphins, dont l’ouverture de la gueule efb
peu fpacieufe, la langue eft garnie de mufcles
qui la rendent plus forte 8c plus adive;
Y eux. Les obfervations que j’ai recueillies fur
la ftrudure des yeux des cétacés-, font d’àu-
tant plus précieufes , qu’elles ont été faites-
fur des animaux qu’on voit très-rarement 9
8c qu’elles exigent une infinité de connôif-
fances qu’il eft difficile de trouver réunies
dans un Obfervateur. Les meilleures quo
nous ayons en ce genre fe- trouvent dans le
volume des Tranfàclions philofophiques ,
année- 1787 :• nous en femmes redevables à-
M. Hunter. Suivant ce favant A-natomifte,.
les yeux des cétacés ont à peu près'la même;
conformation que ceux des quadrupèdes t
on ne remarque à cet égard que quelques
légères différences. Ne vivant point habituellement
dans l’eau & étant obligés de venir
fouvent à la furface pour refpirer ,• lèurs yeux
font entourés de paupières qui ont peu de
mouvement ; elles ne font pas à la vérité
compofées d’ une membrane cellulaire ni auffï
détachée que celle du boeuf 8c de l’éléphant 5
mais d’une peau graiffeufe comme celle du
corps; Les mufcles, deftinés au mouvement
des paupières, font longs 8c tièsrforts -, ils
prennent leur origine dans la tête, autour du
nerf optique. On peut les divifer en quatre ;
le fupérieur , l’inférieur , 8c un. à chaque
-angle. Outre ces quatre mufcles, il y en a
encore deux autres beaucoup plus grands qui
enveloppent le nerf optique.
La tunique conjonctive, à l’endroit où elle
forme le pli des paupières , eft toute couverte
de petits corps glanduleux, percés dans
le milieu 8c difpofés circuiairemem. Il fuinte
de ces mamelons une mucofité femblable à
celle qu’on trouve dans les yeux de la tortue
& du crocodile. Ces mamelons fuppléent aux
fondions de la glande lacrymale, qui n’a ni
points, ni conduit dans aucune efpèce de
cette claffe.
La felérotique entoure tout le globe de
l ’oe il, qui fe partage en deux hémifphères ;
l’un antérieur, 8c l’autre poflérieur. Le pof-
térieur forme une ellipfe, dont le grand axe
avoit deux pouces trois lignes dans la Baleine
à bec; 8c le petit axe, deux pouces 8c
un huitième. La felérotique eft fort épaiffe
fur l’émifphère poftérieur : l à , elle paroît
eompofée de fibres tendineufes, mêlées de
cartilages qui donnent cependant paflage à
quelques vaifleaux. A mefure que cette membrane
s’approche de la cornée, elle diminue
graduellement d’épaiffeur, 8c devient enfin
mince 8c tranfparente.
La cornée a auffi la figure d’une ellipfe un
peu alongée. La corhoïde imite celle du
boeuf ; fa furface interne eft -d’une couleur
argentine , marquée d’un point noir q u i ,
paffant fur la couronne ciliaire, s’étend jniques
dans l’intérieur de l’iris.
La rétine 8c le criflallin ne diffèrent prefque
pas de ceux des quadrupèdes. U humeur vitrée
eft adhérente à la rétine , vers l’entrée du
nerf optique, dont la longueur eft très-con-
fidérable, 8c proportionnée à la largeur de la
tête.
En général, tout ce que nous avons dit
fur la conformation de l’oeil des poiffons,
peut s’appliquer aux cétacés. Les humeurs,
les membranes, 8c les mufcles qui entrent
dans la ftrudure de ces organes , font les
mêmes de part 8c d’autre ; 8c en outre , les
individus qui compofent ces deux clafles,
vivent dans le même élément.
Events. Les cétacés, comme tous les animaux
terreftres , ont des ouvertures qui fervent en
meme temps de paffage à l’air qu’ils refpi-
rem, Sc communément d’organes à l’odorat.
Ces canaux, qu’on nomme évents, panent
de l’entrée du gofier , parcourent plus ou
moins obliquement l’intérieur de la tête, 8c
viennent aboutir fur le fommet, tantôt fepa-
rés en deux orifices, tantôt réunis en un feul.
Dans la famille des Baleines, ces deux tubes
hydrauliques, après avoir traverfé obliquement
les os du crâne, fbrtent, l’un à côté de
l’autre, fur le milieu de la partie fupérieure
du mufeau, où iis forment deux gros tubercules.
Dans les genres des Monodons, des
Cachalots , 8c des Dauphins, les évents ,
quoique féparés en deux canaux dans l’intérieur
de la tête, fe réunifient dans la partie
membraneufe qui recouvre le fommet, 8c ne
forment qu’un feul orifice, dont la pofition
varie félon la diverfîté des familles. On peut
voir ces différentes diredions fur la pl. i ie. ,
fig , 1 & 2, L ’évent des Monodons eft défigné
par les deux lignes pondu ces AM Bm ( fig.
1 ) ; il va aboutir derrière le fommet de la
tête. Celui des Dauphins fuit les lignes
ponduées A C B C (fig. 1 ) , 8c s’ouvre fur
le fommet de la tête, au deffus des yeux.
Les deux évents des Baleines font marqués
par les lignes ponduées A D B E ( fig. 2 ) ,
8c aboutiffent vers le milieu du mufeau.
Celui des Cachalots ftiit la diredion des
lignes ponduées A F B G ( fig. 2 ) , & fe
prolonge jufqu’à l’extrémité anterieure du
mufeau.
Ces. tubes ont leurs parois revêtues intérieurement
de cartilages , parfemées de
glandes , 8c couvertes de rides fur toute
leur longueur. La conformation intérieure
de ces organes, leur diredion, 8c la place
qu’ ils occupent font très-analogues à l’ufage
auquel ils ont été deftinés : ils font fermes a
l’entrée du gofier par la réunion de la glotte
8c de l’épiglotte, afin que le fluide ne puifle
pas pénétrer fur les poumons; 8c ils occupent
la partie la plus élevée du corps, afin qu’ils
foient à découvert auffi-tôt que le cetacé
paroît fur la furface pour refpirer : ca r ,
quoique ces animaux puiffent relier quelque
temps fous l’eau, à caufe de la circulation du
fang, q u i, fans paffer par les poumons, eft:
établie par la communication des veines avec
les artères, il eft néanmoins certain qu’ils
périroient, fi l’air leur manquoit abfolument.
C’eft ce qui arrive à l’égard des individus qui
tombent dans les filets. S’ils ne peuvent fe
débarraffer ou fi Je pêcheur tarde trop longtemps
à les relever, ils meurent d’afphixie.