
On ajoute encore qu’on ne les trouve que
dans les Cachalots \ieux & dans les mâles
feulement. Suivant l ’opinion de quelques
Savans, la bourfe eft la veffie de l’urine ; &
les boules qu’elle contient font une concrétion
des particules huileufes 8c puantes du
fluide qu'elle renferme. Mais d’.où viennent
ces gros morceaux $ ambre qu’on trouve
quelquefois fur les bords de la mer des Indes,
auprès d,es-îles Moluques, des Maldives, de
Madagafcar , 8c fur les côtes d’Afrique f D ’où
venoit cette grande mafle du poids de cent
quatre-vingt deux livres, que la Compagnie
des Indes orientales de Hollande avoit achetée
du Roi de Tidor onze mille écus? Et cette
autre du poids de cent vingt-cinq livres, que
la Compagnie des Indes de France expofa à
la vente de l’Orient en 1755* ? D ’où venoit
enfin cet autre morceau que pofledoitun riche !
Négociant de Marfeille, 8c q u i, au rapport
de M. de Bomare, fut vendu cinquante-deux
mille livres ? Un Cachalot efl>il en état de ;
produire une boule d’un volume fi confidé- ,
jrable l
Les divers mélanges qu’on trouve fréquemment
dans les boules Cambre, ces petits corps
noirs pointus qui reflemblent à du verre, à
des fragmens de coquilles , ou à des becs
d’oifeaux, femblent annoncer que cette fubf-
tance eft produite par une autre caufe que
celle que nous venons d’affigner. Mais on
répond, à toutes ces objeâions, en difant que .
ces globud^si'détachés du corps de l’animal
après /a mois ,,fe font revêtus des dépouilles
des oifeaux, 'des "teftacés, ou des poiflons,
en roulant dans la mer ou fur les rivages. On
peut encore' conjecturer, à moins qu’on n’ait
des preuves décifives, qu’on a fait fondre
plufieurs boules enfemble, pour en eompofer
(Ces maffes extraordinaires qu’on a vues en
différens temps. Enfin il fautcônclure de tout ce
que je viens de dire fur Cambre g r is , qu’on
én a trouvé dans le corps de plufieurs Cachalot
s-Tmmpo ; mais qu’on ne fait point
encore fi cet animal eft le feul qui en' produire..
Q ueue. Cette partie du corps, qu’on confond
prefque toujours avec la nageoire qui la
termine, prend fon origine à l’ouverture de
l’anus, 8c finit où la nageoire commence ; elle
eft Ordinairement ronde, très-mince relativement
à la grandeur du tronc, 8c garnie intérieurement
de mufcles forts 8c vigoureux. Ç’eft
dans cette partie que réfide la principale force
de i’animaL
N ageoires, Les cétacés, comme les poiflons,
n’ont point de pieds & ne peuvent fe mouvoir
que par le moyen des nageoires ; d’où il luit
que ces membres, qui loin deftinés à fup-
porter i,e poids de l’animal t & à le tranfportet
d’un lieu dans un autre, deyroient augmenter
en nombre 8c en volume, à raifon de la mafle
du corps 5 cependant le contraire arrive à
l’égard des cétacés. Les plus grofles Baleines
, celles qui ont cent pieds de longueur f
n’ont que trois nageoires $ tandis que le
merlan, qui n’a pas un pied de longueur 9
en a neuf : mais la nature, dont les re Sources
font infinies , a c.ompenfé le défaut des nageoires
par une furabondance de graille,.
Cette fubflançe , fpécifiquement plus légère
que l’eau , allège le poids du corps, 8c le met
en équilibre avec cet élément, La plus foible
puiffance fuffit alors pour lui donner fe mouvement
progreffif.
Nageoires latérales, Si l’on confidère ces
nageoires quant à leur forme extérieure , on
voit qu’elles font abfoiument femblables à
celles des poiflons. Çe font deux faillies
plates, un peu échancrées en faux, ovales
ou arrondies , qui paroiflent deftinées à établir
l’équilibre entre la tête 8c le tronc, à
produire divers petits mouvemens à droite
8c à gauche , 8c à favorifer l’afcenfion du
cetacé, lorfqu’il veut s’élever à la furface de
l’eau -, mais quand on examine leur conformation
intérieure, on y découvre une différence
bien grande. Dans les poiflons , les
nageoires pedorales font compofées de
rayons réunis enfemble par des membranes ;
dans les cétacés, on trouve, à la place de ces
rayons , des os articulés 8c figurés comme
ceux de la main & des doigts de l’homme g
revêtus de mufcles 8c de beaucoup de chair
tendineufe, 8c enfin recouverts d’une peau
épaiffe, femblable à celle qui enveloppe le
refte du corps. On peut voir les os des nageoires
latérales du Dauphin , planche p ,
figure 3.
Nageoire du dos, On ne trouve pas tou-»
jours de nageoire fur je dos des cétacés, La
Baleine-Franche 8c le Nord-Caper en font
absolument dépourvus. Dans d’autres efpè-
ees, il y a , à la place d’une nageoire proprement
dite, une ou plufieurs excroiffances
4 ’unp forme tantôt conique, tantôt trianguïaire,
difpoféês fur la partie fupérieure du
tronc.
Nageoire de la queue. La pofuion de cette
nageoire forme un des principaux caraâères
diffinâifs de cette claffe. Au lieu d’être verticale
comme celle des poiflons , elle eft
fimée horizontalement, & compofée de deux
lobes ovales ou échancrés, dont le jeu imite
celui d’une rame de bateau, & dont les inflexions
répétées donnent a l’animal le mouvement
progreflïf.
Peau. Les tégumens qui recouvrent le corps
des cétacés confiftent dans l’épiderme &
dans la peau. L ’épiderroè eft l’enveloppe la
plus extérieure ; c’eft lui qui donne la couleur
au cetacé , & qui reçoit les premières
impreflîons des corps étrangers. Il reffemble
alfez à la première peau de la plante des pieds
dans l’efpèce humaine } fon tiffu eft com-
pofé de plufieurs couches qui fe déchirent
fucceffivement par la putréfaâion. La couche
la plus interne eft ordinairerfient dure &
épaiffe} dans le grand Cachalot, elle préfente
une furface veloutée} dans quelque
autres efpèces , elle eft rude & raboteufe , à
caufe de l’innombrable quantité de pores dont
elle eft revêtue.
La peau proprement dite fe trouve par
deffous l’épiderme , & termine la membrane
cellulaire du corps } elle eft feulement plus
u n ie , plus ferrée , & beaucoup plus com-
paâe. Ce changement dans la texture de
cette membrane le fait quelquefois par une
gradation fi peu marquée , qu’il^ n’eft pas
poffrble de déterminer alors les limites qui
fépareiM la peau de la membrane. Cela a
lieu principalement dans la Baleine-Franche,
qui eft plus- chargée de lard} au lieu que
dans les efpèces maigres , les cellules intermédiaires
étant dépourvues de' graiffe , on
aperçoit plus- diftinâement la féparation de
ces deux fubftances. . Dans cette claffe ,
comme dans celle des quadrupèdes, la peau
eft frès-épaiffe , & beaucoup plus fur certaines
parties que fur d’autres } car elle eft
deftinée à fervir tout à la fois de défenfe &
de tégument à l'individu. La grande quantité
de graiffè dont elle eft fuucha rgé e la rend
en général très-peu fufceptible de contraction
& de dilatation. Cette qualité ferait fans
doute nuifible au mouvement, progreffif &
retarderait la vîteffe du corps } mais fur les
parties où le mouvement devient plus- wéeeCfaire,
comme aux paupières, à l’articulation
des mâchoires , aux parties de la génération ,
autour des mamelles, la peau eft beaucoup
plus flexible. Ce degré de flexibilité augmente
encore confidérablement fur la poitrine
de trois efpèces connues. Le Rorqual,
la Jubarte, & la Baleine à bec ont le deffous
de la partie antérieure du corps très-élallique
& couvert de p lis , depuis le bout de la mâchoire
inférieure jufqu’au nombril. On ne
connoît pas encore l’ufage de cette conformation
particulière ; ce n’eft pas certainement
pour donner à la poitrine la facilité de
fe dilater, puifque fon volume eft prefque
invariable. Ne pourroit-on pas conjeâurer
que cette peau fe gonfle & fe remplit d’air a«
gré de l’animal, iorfqu’il veut refter longtemps
fur la furface de l’eau i
Sens. Il y a dans tous les animaux des fens
qui paroiffent indépendans des corps intermédiaires
} leur impreffion fe communique
toujours par l’application immédiate de l’objet
fur les organes de l’animal, fans le concours
d’aucun milieu environnant : tels font les
fens du goût & du toucher. Il en eft d’autres
au contraire, qui dépendent abfoiument du
milieu intermédiaire. Les organes de l’odo-
ra t, par exemple, ne reçoivent la fenfatiort
qu’autant que l’air -tranfmet les parties odoriférantes.
Le fon ne fe fait entendre que
lorfque le tympan reçoit la vibration des
molécules de l’air ;- & les- yeux ne reçoivent
l’impreffion des objets- , qu’après que les
rayons vifuels ont fubi plufieurs réfraétions
dans les différens corps intermédiaires , où ils
paffent avant de parvenir fur la rétine qui
tapiffe le fond de l’oeil. Sous ce rapport, les
cétacés doivent offrir de grandes différences ,
puifqu’iis vivent dans l’eau , qu’ils refpirent
l’a-ir, & qu’ils participent tout à la fois de la
nature des poiflons & de i’organifation des
quadrupèdes.
Sens du toucher. J’ai déjà dit , en parlant
des poiflons, que le fentknent qui refaite
du toucher , dépend en général du contaâ &
de l’application immédiate de 1a- fuperficie de
quelque corps étranger fur celui de l’animal 5
& que la fenfation eft d’autant plus v ive &
plus délicate , que les parties du corps font
plus mobiles, plus flexibles, & plus propres
à être appliquées fur la furface de l’objet
étranger. D ’après ce principe, il eft certain
que ie fens du toucher doit être plus parfais