
pcces, elle eft renfermée, prefque en entier,
dans un fourreau, d’où l’animal peut la faire
fortir en l’alongeant : il peut même la^darder
fans ouvrir la gueule, la mâchoire d’en bas
ayant une échancrure aflez ouverte pour
la lailTer pafler. On voit en effet les deux
pointes de cet organe déborder la mâchoire
inférieure, lors même que le ferpent eft en
repos.
Les dents qui garniflent l’interieur de la
bouche font de deux fortes ; les unes font très-
apparentes , plus ou moins longues, & recourbées
vers la gueule. L’animal s’en fert uniquement
pour retenir fa proie. On en compte fou-
vent plus de cinquante de cette efpèce aux
deux mâchoires. Les autres, qu’on nomme aulfi
crochets à venin, font à peine vifibles, étant
communément couchées en arrière ; mais
elles fe redreflent au gré de l’animal. I l s en
fert pour diftiller Je poifon fubtil, qui fou-
vent cauje la mort un inftant apres la moifure.
Ces dents venimeufes, au nombre de deux,
font longues, crochues, & placées lune a
droite, l’autre à gauche fur la mâchoire lu-
périeure, entre les yeux & les narines. Celles
de la vipère font creufes, & renferment un
double tube, dont l’un eft contenu dans la
partie convexe de la denj, l’autre dans la
partie concave (i). L e premier de ces conduits
traverfè la dent dans toute fa longueur ;
le fécond n’eft ouvert qu’à la b a fe , ou il
reçoit les vaiffeaux & les nerfs^ qui attachent
la dent à la mâchoire. Ces memes crochets
font renfermés , jufqu’aux deux tiers de leur
longueur , dans une efpèce de gaîne com-
pofée de fibres très-fortes ; & correfponaent
àveG une véfîcule où*réfide le venin, qui eft
fituée au deffous du mufcle dé la mâchoire
fupérieure. Au moment où l ’animal lailit la
proie avec les dents , le mouvement du
mufcle preffant çette véfieule, en fa^t fortir
le venin, qui arrive, par un conduit, a la
racine de la dent, traverfe la gaîne qui 1 en*
veloppe, entre dans la cavité de cette dent
par le trou fitué près de la b a fe , en jo r t par
celui qui eft auprès de la pointe, & pénétré
dans la bleffure. Le lue contenu dans ces ve-
fiçujes eft le feul poifon que contiennent lçs
fO Voyez l’ouvragé de M. l’Abbé Fontana &r les
poifons, 8c particulièrement fur celui de la vipère. Flo-
fjhçe, 1781, vol. 1 ,fag.. «,
ferpens venimeux ( i ) , puifqu’on fait tju’aprcj
en avoir emporté la tête , les habitans de
l’Afrique 8c des grandes Indes mangent la
chair des Crotales 6c des Serpent à lunettes.
fans éprouver le moindre mal.
Auprès de la bafe des crochets & hors de
leurs alvéoles, on trouve dans les enfonce-
mens de la gencive, un certain nombre de
petites dents d’une conformation femblable à
celle des dents venimeufes; elles parodient
deftinées à remplacer les deux g r a n d e s , lorf.
que le ferpent les perd par quelque accident.
Dans la vipère, on en compte depuis deux
jufqu’à huit (2).
É c a il l e s .* Tous les ferpens, excepté ceux qui
compofent la famille des CoeciLes, font revêtus
d’une multitude d’écailles, dont la forme
& là grandeur varient félon les diverfes parties
qu’elles recouvrent.
(r) Le P. Plumier n’eit pas de cet avis, du moins par
rapport au Fer de lance. Voici comme il s’exprime dans
uue note qui fe trouve à la fuite de la figure qui repréfente
ce ferpent. ti Le J 8 avril de l’année r 6$ 5, j’obfervai, à la
» Martinique, les dents ou crocs d’un ferpent long de trois
» pieds & demi. Les deux principales dents étoient accom-1
» pagnées chacune de fu autres de différentes grandeurs, K
» toutes enfermées dans la même capfule ; dans laquelle le
» principal croc s’enchâffe, lorfque l ’animal le met en fa
o fituation ordinaire. J’obfervai qne tous ces crocs, tant
» les moindres qne les principaux, étoient tous remplis ée
» fang, Un peu auparavant qu’il fût tué, il avoit étébleite
» d’un coup de fufii, 8ç il étoit fl fort irrité, que, nouob'f-
» tant fa bleffure, il s’élança de«} fois fur la perfonne ,
» fans pourtant pouvoir la mordre. La perfonne, à 1*
» deuxième fois, acheva de le tuer avec un bâton , ac jar-1
» rivai au même moment. Confidérant bien ces dents.en I
» corç pleines de fang , qui ne venoit point affnrémentde
n ia bleffnre d e l’jmiroal, à quoi je pris bien garde, je
B jugeai que çe fpng étoit introduit dans le çreux e eçs
,, dents par la véhémence de la colère de l ’apimal ;
» qu’ainfi c’eft le fang même de l’qnimal qui eft « «"
n ou qui enferme en foi le venin, 8c non pas cette a »
b ou humeur jaunâtre qu’on trouve dans jes gencr/es ^ I
B l’anjmat. Ce qui me confirme dans ma conjecture, e
B le tuyau dont la dent eft percée en toute fa Ion&“e“ ’ U
b les deux trous j un â chaque bout de la dent , par le ^ I
» le fang de l’animal entre du cerveau dans la de"t,
» la dent dans la bleffure ; d’o i s'enfuissent tous les y r
y tânies & fâcheux accidens à ceux qui ont elé “ °L fJi
Manufc, du P . Plumier, communiqué par Ht.
Do Heur- Me'deci n à Berlin. M
(») Traité des poifons, par M. l’Abbe Fon ’
p, h*
la plupart des Couleuvres ont fur le fom-
mpt de la tête neuf plaques d’une figure ir-
rSmlière, difpofées tranfverfalement lur quatre
rangs. La première 8c la fécondé rangée
du côté du mufeau font compofées de deux
pièces ; la troifième en a trois ; & la quatrième
deux. On a obfervé que prefque tous
les ferpens venimeux, & même quelques-uns,,
de ceux qui ne le font pas, comme le Da-
hoie, ont le deffus de la tête couvert d’écailles
femblables à celles du dos.
Les écailles qui recouvrent le dos 8c le haut
des côtés font tantôt ovales 8c relevées par une
arête, tantôt rhomboïdales ou prefque rondes,
8c entièrement lilfes; celles qui garnif-
fent le bas des côtés font communément un
peu plus grandes, & d’une forme différente
de celles du dos.
La furface inférieure eft la partie du corps
qui offre les principales différences, par la
figure, le nombre & la difpofition des écailles
: aufli Linné a-t-il établi les fondemens de
fa méthode que nous avons adoptée dans ce
Traité, fur l’arrangement & la conformation
des écailles dont cette furface eft revêtue.
Les Crotales ou Serpens à fonnettes ont fur
le ventre, depuis la mâchoire inférieure juf-
qu’au bout de la queue, de grandes plaques
exagones, étroites, aiongées 8c difpofées à
recouvrement. La queue fe termine aufii par
une ou plufieurs pièces mobiles & bruyantes.
Les Boas ont pareillement de grandes
plaques fous le ventre & fous la queue, mais
ils font dépourvus de fonnettes.
L’abdomen des Couleuvres eft garni de
plaques exagones , depuis la tête jufqu’à
1 anus ; & le deffous de la queue eft revêtu
de deux rangées de petites plaques également
exagones ou d’écailles arrondies fi).
On trouve fous le ventre & fous la queue
des Anguis, des écailles femblables à celles
du dos.
Le tronc & la queue desAmphisbènes font
entourés d’anneau* écailleux.
L’individu, compris dans le genre du Lang
ea , préfente tout à la fois les caractères
ff11 diftinguem les trois derniers genres pré-
eedens. II a de grandes plaques fur la furface
inférieure & antérieure du corps; du côté
, W Voyez la forme & la difpofition des plaques & des
| '. ?s ^ recouvrent la furface inférieure des Couleuvres,
\P ' A > f o r, & f i g , z & 3.
de l’anus, on voit des anneaux écailleux ; 8c
à l’extrémité de la queue , de très-petites
écailles.
UAcrochorde de Java forme un genre
particulier, dont le caraâèrediftinétifconfifte
a avoir de petits tubercules fur le corps 8c
fur la queue.
Enfin les efpèces connues fous le nom de
Cccciles, ont le corps nu ^ & une rangée longitudinale
de plis fur les côtés.
D iversité des couleurs. Comme il y a peu
d’animaux dont les formes extérieures foient
plus fimples 8c moins variées que celles des
lerpens, il n’y en a point aufli, excepté les papillons
8c les oifeaux, dont les couleurs foient
plus agréablement diverfifiées. On necon-
noît, dans cette tribu, que quelques efpèces
dont la parure foit uniforme ; les unes font
tachetées, panachées, ou couvertes de teintes
plus ou moins éclatantes; les autres ont toute
la furface fupérieure ornée de bandelettes,
tantôt tranfverfales , tantôt longitudinales ,
mais difpofées avec tant d’ordre & de fymé-
trie, que l’art peut à peine les imiter : quelquefois
même on voit briller fur un fond
d’or les reflets étincelans des pierreries. Le
Boiga, par exemple, femble réunir toutes
les couleurs du ciel 8c de la. terre. I l feroit
aufli difficile d’imiter que de décrire ce mélange
incomparable d’azur, de blanc, de
jaune, de rouge, & de noir, difpofé fur un
glacis d’or & d’argent. Ces teintes, quelquefois
merveilleufement fondues, fouvent oppofées
entre elles , mêlent encore la douceur de
leurs nuances à la vivacité de ces divers reflets
: de telle forte que quand l’animal fe
meut, on aperçoit à la fois le feu du diamant,
l’éclat du rubis, le luftre du topaze, du fa-
phir, & de l’émeraude.
Mouvement des Serpens. Il femble , au
premier coup-d’ocil * que les ferpens font
privés de tome efpèce de mouvement, 8c
qu’ils font uniquement deflinés à v iv r e ,
comme les plantes, dans le lieu où le hafard
les a fait naître ; cependant il y a peu d’animaux
qui aient autant de vîteffe dans leur ondulation
progreffive , 8c de promptitude dans leurs
circonvolutions. Ils rafent la furface de la
terre avec tant de rapidité, qu’ils deviennent
prefque invifibles ; ils s’élèvent fans peine
jufqu’à la cime des arbres ; & franchiffeat
fouvent, avec la même facilité, des intervalles
confidérables. J ci on ne voit point à
la vérité la même organifation extérieur