
vj A V E R T I S S E M E NT.
defcriptions , que des connoiffances vagues , indéterminées, parce qu elles (ont
prefque toujours entremêlées de quelque récit fabuleux. Parmi les Modernes, il eft
très-peu de Naturaliftes qui fe foierit occupés des ferpens. Séba eft l’Auteur qui ena
réuni un plus grand nombre mais les efpèces font trop multipliées, & fes defcriptions
trop abrogées. Catesbi s eft attaché à peindre & à bien colorier fes ferpens,
plutôt qu’à expofer les traits qui les caradérifent. Il règne beaucoup d’exaditude &
de précifion dans les écrits de Gronou : en général, fes defcriptions font bien détaillé
e s , mais il n’a point nommé fes efpeces. Le célèbre Linné a paru aptes tous ces
Naturaliftes ; il a profité de leurs lumières, de leurs découvertes, de celles du Dodeur
Garden, y a ajouté les Tiennes, & a rangé- tous les ferpens félon les r è g le s de h
méthode que nous venons de développer. A la vérité , les caradères diftindifs qu’il
donne dans fon Syjictne de la Nature, font très concis ; il n eft pas toujouts poflible
de reconnoître une efpèce d’après le' nombre des plaques & 1 indication générale des
couleurs; néanmoins, en recueillant dans fes autres ouvrages les détails qu’il a
laiffés fur certains individus, on peut compléter beaucoup de defcriptions , & donner
une idée fuffifante de l ’objet qu’on cherche à connoître. J’ai donc confulté fes Ami-\
jiités académiques, le premier & le fécond volume de la defcription du Cabinet dir
R o i Adolphe, ouvrage rare, où l ’on trouve des détails intéreffans , & d excellentes
gravures dont j’ai enrichi mon volume de planches. L, Hijloire Naturelle desJerpens
que M. le Comte de la Cepède vient de publier, m’a fourni de bonnes obfervations,
& la connoiffance de vingt - deux efpèces nouvelles qui n’avoient pas été encore
décrites, par aucun Naturalifte, & qui font partie de la colleaion du Cabinet du
Roi,
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I NT RODUC T I ON.
Q u e l fpeCtacIe pour l’homme ! lorfqu’au
fortir de l’hiver, la terre, ranimée par l’ha-
leine des zéphyrs , déploie à Tes yeux tous
les tréfors de fà magnificence. Le*s arbres,
parés d’une verdure tendre , les prairies
émaillées de fleurs , .les bois retemifl’ans du
concert des oifeaux, les cieux brillaqs d’azur,
& la Nature entière lui offre en ce moment,
çians l’harmonie des trois règnes, le tableau
le plus varié, le plus riche, le plus magnifique.
Il contemple , il admire toutes les
merveilles de la création; fes fens ne peuvent
fuffire à tant de charmes. Mais, hélas l
au milieu de tant de beautés , fe préfente
tout à coup lin objet de terreur. Sous un ra-
meàû d’aube-épine , entre quelques fleurs
éparfes de bleuet & de coquelicot, paroît
un ferpent monflrueux. Replié fur lui-même,
& formant plufîeurs cercles concentriques,
/dont la tête devient le centre , on diroit que
l’animal prend les douceurs du repos ; mais
■ à.l’afped de l’homme, il lève fièrement fa
tête; il fe redrejfe fur la queue. Ses yeux
1 étincelans, fes fifflemens aigus expriment fon
} courroux; il eft prêt à s’élancer fur lui. Heu-,
reniement il a pu fe dérober par la fuite à
fes atteintes dangereufes ; car tel efl l’effet
déplorable que,le ferpent produit à l ’égard
| de ceux qui le rencontrent. Rejeton abjeél
dune race maudite, il femble porter, dans
j & conformation & dans fa marche baffe f§
rampante, le caraâère de fa réprobation. Sa
feule préfence infpire toujours la frayeur;
« la moindre de fes bleffures caufe quelqtie-
( la mort dans l’efpace de quelques mi-
. mites. )
Définition des Serpens. On comprend fous
cette dénomination tous les animaux cou-
verts d’écailles., dont la refpiration s’exécute
Par le moyen des poumons, qui font" dépourvus
de pieds, de nageoires, & de tout
Membre propre au mouvement. Ce font là
es principaux caractères qui diftinguent les
erpeiis des animaux qui ont du fang. Il y a
ucore plufieurs autres qualités fecondaires
in!J‘ a.ÇPar^en,lent exclufîveinent à tous les
tviclus de cet ordre , comme on le
verra dans la fuite .de cette Introduction.
F orme du corps et de la t ê t e . T ous les
ferpens préfentent à pêu près la même conformation.
Leur corps eft long , arrondi,
quelquefois cylindrique , ordinairement un
peu plus gros vers le milieu du tronc, 8c
aminci vers les deux- extrémités. Les efpèces
qui compofent les familles des Boas
8c des Couleuvres , ont la queue longue.,
effilée, 8c terminée en pointe; dans la tribu
des An guis, des Amphisbènes , 8c des Coe~
elles, cette partie conferve une groffeur , à
peu près égaie à celle du tronc, 8c fe-.termine
par un bout tantôt- pointu, tantôt arrondi
, dont la configuration imite celle de
la tête : de .là vient que quelques Voyageurs
ont appelé ces aminaux Serpens à deux têtes ,
Doubles-marcheurs,
La tête eft la partie du corps qui offre un
plus grand nombre de différences'; elle eft
tantôt ovale ou triangulaire., tantôt ronde
ou alongée, quelquefois renflée fur le fom-
met, très-fouvent aplatie , 8c terminée antérieurement
par un mufeau plus ou moins
lon g , plus ou moins arrondi. Il n’eft pas
rare de trouver, fur-tout dans J a Louifiane
& en Italie , des ferpens à deux têtes,.comme
celui qui eft repréfenté pl. 42 , fig . §.
G u e u l e . Auffi-fêt qu’on ouvre la- gueule-
d’un ferpent, 011 aperçoit la langue 8c les
dents.
La langue eft ordinairement étroite, mince,
déliée, & partagée, vers les deux tiers de
fa longueur , en deux efpèces d’aiguillons
très-mobiles (1). Pline & Senèque ont écrit
que la 'langue des ferpens eft fendue en
trois parties à fon extrémité (2). Ils ont cru
fans doute voir ces trois divifîons , parce
que l’individu qu’ils ont obfervé i’agitoit
vivement ; mais elle n’eft réellement que
partagée en deux. Dans la plupart des ef-
. (1) PI. A , fig. 4 > L y&pl. 7., fig. A.
(i) — Serpens corpus immenfum trahit irifidamqui-
linguam exert a t, & qiuzrens quibus monifera venial,
Scaecc. in Medci, verf. 686.