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U N I V E L L E M E N T
D e la route de Paris à Brefl & à Tobolsk en Siberie.
i L i a partie de l’intérieur de la terre foumife à nos connoiffances
eft compofée de différentes couches de terre, de fable , de marne,
d’argile, de pierres vitrifiables & calcaires. On trouve dans toutes
ces couches des coquilles marines ; elles forment fouventdes bancs
qui traverfent des Provinces entières. Toutes ces couches, produits
des fédiments que les eaux ont dépofés dans les révolutions que le
Globe a éprouvées, offrent dans les montagnes, les plaines & les
vallées, des phénomènes analogues à ces événements ; ils en fixent
l’ordre & les époques relatives : mais la folution de ces différents
problèmes fuppofe que l’on connoît la hauteur de ces différentes
couches par rapport à un niveau commun, l’inclinaifon qu elles
obfervent dans les montagnes, la direâion de leur pente, la pofi-
tion des métaux, des minéraux, de toutes les matières qui font les
produits des fubftances animales & végétales, la hauteur des montagnes
, des rivieres & leur pente.
II. Les connoiffances nouvelles que nous p'réfente le nivellement
du Globe embraffent l’hiftoire de la Nature : il offre dans tous
les genres les découvertes les plus intéreffantes.
III. Avant les dernieres mefures des degrés du méridien, une
courbe circulaire , dont tous les points étoient placés à égale diftan-
ce, déterminoit le niveau auquel on rapportoit toutes les opérations
du nivellement. L’applatiffement de la terre vers fes pôles a fait con-
noître que le niveau de la mer décrit dans la direction des mériD
diens une courbure , dont les lignes droites, tirées de la furface du
Globe dans la direction de la pefanteur, forment par leur inserfec-
tion une courbe, que M. Bouguer appelle gravicentrique. Toutes
ces lignes déterminent dans cette courbe le lieu géométrique des
centres des différentes courbures du méridien : elles en font les tangentes
, & par conféquent toutes les hauteurs déterminées par rapport
au niveau de la mer font partie de cette tangente^
IV . Soit ( Fig. I. ) Æ P Q le quart du plan du méridien Q , le
centre de la terre P un des pôles, P Q la moitié de l’axe de la terre,
& Æ Q le rayon de l’Equateur plus grand que la moitié de l’axe
de la terre de 14744 toifes, ou de fix iieues & demie environ (1),/
Æ B G D P un méridien. Les directions de la peianteur étant perpendiculaires
à la furface de la terre dans tous les pays , comme le
prouve la Habilité des eaux qui cherchent continuellement leur
( niveau, ces dire&ions feront pour le point Æ , la tangente Æ Q
de la gravicentrique X Z : pour le point B , la tangente Bb : pour
, le point C , la tangente Ce : pour le point D , Dd : pour P, P Z •
I & la courbe Æ B P repréfente la courbe du méridien, ’ ou la
f ligne de niveau où l’on rapporte toutes les opérations du’nivellement.
Cette ligne eft de fix lieues & demie plus éloignée du centre
de la terre fous l’Equateur en Æ , qu’au pôle P. La vraie hauteur
de la montagne D F, qui eft la perpendiculaire menée de fon fom-
: met à la furface de la terre, eft une partie de la tangente F D d de
la gravicentrique; & cette hauteur eft toujours plus petite I
celle qui feroit partie d une ligne tirée au centre de la terre. Cette
dermere hauteur feroit l’hypothénufe d’un triangle reétangle, dont
r elt un des côtes.
V. Toutes les hauteurs de la route que j’ai nivellée , ont été
determinees par rapport au niveau de l’Océan à Breft ; & j’en fais
(1) Bouguer, Figure de la Terre, page 258.