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très luifantes., & auifi unies que le Verre le mieux poli. On divile
encore aiférrlent un de ces feuillets en trois : ils font alors iî tranf-
parents, qu'ils ne changent que foiblement la couleur des objets
; ils font fi flexibles, qu’on les roule autour du doigt comme du
papier ; & ils reprennent auifi-tôt leur iituation ordinaire. Si l’on
fubdivife encore un de ces feuillets, on n’obtient que des paillettes
qu’un fouffle léger fait voler.
Ce mica eft réfraétaire aux acides & au feu : il n’y décrépite point,
mais on entend un bruit femblable à celui du beurre qui commence
à fondre dans une poêle, & ce bruit paroît produit par les feuillets
qui fe féparent : ce mica acquiert une épaiiTeur de quatre lignes,
au-lieu d’un tiers de ligne qu’il avoir auparavant. On y diftingue
une trentaine de feuillets plus ou moins féparés ; &. quoiqu’on les
rapproche avec les doigts, ils reprennent auffi-tôt leur état naturel.
Ce mica, après avoir rougi au feu, eft encore flexible : il acquiert
une couleur blanche qui a l’éclat de l’argent. Il perd fa tranfparenee
lorfqu’on lui laiiTe fon épaiiTeur d’un tiers de ligne, & il eft demi-
tranfparent lorfqu’il eft divifé en une vingtaine de feuillets. Il fe
fubdivife encore en une infinité d’autres plus ou moins grands, fem-
blables aux feuilles d’argent dont fe fervent les Doreurs. Lorfqu’on
le frotte long-temps dans le creux de la main, il fe réduit en paillettes
qui s’attachent à la peau.
Des différentes Mines Jituées en Sibérie, entre Solikamskaia ê
Ekatérinbourg. Cartes, N°. VIII & XI.
Les glaces & la neige couvrent, la plus grande partie de l’année,
le pays fur lequel j’ai fait les obfervations fuivantes. Les Ruifes nous
le préfentent comme un nouveau Pérou, où abondent les mines
d’or & d’argent, & les pierres précieufes ; c’eft le langage commun
des Ruifes, Quoiqu’il faille prodigieufement rabattre de ce mer-
O b s e r v a t i o n s m i n é r a l o g i q u e s . ¿ 1 7
veilleux, il eft néanmoins confiant qu’on trouve des mines d’or &
d’argent dans lesterreins glacés de la Sibérie, ainfique dans les ter-
reins brûlants de la Zone torride ; mais ces mines, du moins celles
des monts Poïas, ne fe rencontrent jamais dans le fein de ces blocS
immenfes de rochers, dont la continuité forme ces chaînes de montagnes
qui traverfent le Globe dans des diftances immenfes. On
trouve les mines, en Sibérie, dans les plaines fituées fur les montagnes
balTes : elles font à un ou deux pieds de profondeur : leur
étendue, leur difpofition y préfentent un fpeétacle nouveau au
Naturalifte. Les mines de cuivre & de fer y font également inté-
reflàntes. Ces dernieres font par-tout par dépôt, & ne fuivent aucune
loi confiante dans leur fituation. Pour procéder avec ordre
je traiterai de chaque mine en particulier.
Pour remplir cet objet, j’ai rapporté une colleétion nombreufe
de toutes les mines de cette contrée, & des mémoires pour fervir à
leur hiftoire. J’ai fait ces mémoires fur les lieux , & j’en ai recoeuilli
les matériaux dans les fouilles qui avoient été faites pour leur exploitation.
Dans les circonftances où il ne m’a pas été poifible de me
tranfporter fur les lieux, j’ai confulté dans le pays les perfonnes qui
avoient la direction de ces mines : ils m’ont donné les diftances
dont j’a vois befoin pour placer ces pofitions fur la Carte minéralo-
gique que" j’ai dreffée. J’ai encore été aidé dans ce travail par plu-
fieurs Cartes manuferites que je me fuis procurées. De retour en
France, j’ai profité des lumières de M. le Sage, connu par fes talents
dans la Chymie ; & M. Bouchu, Correfpondant de l’Académie
des Sciences, a bien voulu me prêter fon fecours, & fe charger
de tous les elfais des mines de fer.
I. Aimant.
Cette mine de fer entre en général difficilement en fufion ; elle
produit un fer très mauvais, & en petite quantité. L’aimant de
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