fur une diftance de izo lieues environ. Ce plan s’élèveenfuite vers
le Midi, & s’approche du niveau de la mer vers le Nord.
CCCLXXIII. Cette divifion eft conforme, à quelques égards,
à l’idée que les Voyageurs qui m’ont précédé , ont eue du terrein
de la Ruffie. Ils ont tous reconnu qu’il s’élevoit en approchant des
monts Poïas ; mais ils ont tous fuppofé qu’il s’élevoit de même à
l’Eft de ces montagnes : & en attribuant une grande hauteur à ces
différents plans , ils nous ont repréfenté cette Contrée comme la
partie la plus élevée de toute l’Europe. D ’après mon nivellement,
non-feulement ces différents plans font médiocrement élevés, mais
encore le terrein, au-lieu de s’élever à l’Eft des monts Poyas,
s’abaiffe au contraire fur une diftance de près de cent vingt lieües ;
& le niveau du terrein n’eft à Tobolsk que de 68 toifes au-deffus
du niveau de la mer ; ce qui nous donne une idée bien différente
de celle des Voyageurs mes prédéceffeurs t leur autorité & celle des
Phyiiciens qui ont adopté cette opinion, eft cependant fi refpecta-
ble , que j’ai cru devoir ajouter quelques réflexions à' celles que j’ai
déjà rapportées.
Quoique l’opinion de tous les Voyageurs n’eût pour bafe aucune
obfervation publiée dans leurs Ouvrages, cependant l’accord
de leur relation, à cet égard, avoit établi un fi grand préjugé en
faveur de cette opinion, que j’étois perfuadé que cette partie de la
Ruffie étoit prodigieufement élevée ; de forte qu’ayant reconnu,
en réduifant mes obfervations, que mes réfultats éoient abfolu-
ment oppofés à l’opinion reçue , je rejettois cette différence fur mes
obfervations ; je me faifois illufion fur tout ce qui étoit ën leur faveur.
L’erreur étoit pour moi une fource de plaifir ; la vérité parloir
en vain , j’étois lourd à fa voix ; mais elle conferva l’avantage
de jetter tant d’amertume & de dégoût fur ce travail de plus de
deux mois, que j’avois renoncé à publier cette partie de mon voyage,
& au baromçtre pour toujours. Je repris cependant ce travail après
N i v e l l e m e n t d e l a R o u t e . 6oy
plufieurs mois, & me livrai enfin aux feules obfervations. Un premier
calcul fait groffiérement me fit connoître, par l’accord de mes
réfultats, que j’étois fur la bonne voie. J’abjurai un préjug% qui
étoit démenti par toutes mes obfervations ; je ne confultai plus que
les faits.
Isbrants Ides (i) eftime que les montagnes de Werkhotourie ont
y ooo toifes de hauteur ; j’ai déterminé celle deKyria la plus élevée
du Pays, de 4 7 1 toifes au-deffus du niveau de la mer ; & fi on la
confidere par rapport au fol fur lequel elle eft placée, elle n’a que
z86 toifes de hauteur. Cette détermination fondée fur des obfervations
exaiftes, ne peut fouffrir aucune difficulté ; & l’on peut s’en
affurer par les détails qui ont fervi à la déterminer ( Table L V ).
M. Gmelin rapporte des obfervations du baromètre, faites à Ky-
riale 4 Décembre 174Z ( z ) , & à Werkhotourie dans le même
temps ; mais il fe borne à donner ces obfervations fans en déduire
aucun réfultat. Suivant fes obfervations le baromètre fe foutenoit
plus haut à Werkhotourie qu a Kyria, de 17 lignes , qui font égales
à 169 toifes (3).
Le hameau Kyria eft fitué dans une plaine qui fait partie de la
(1) Page lo i , partie hiftorique de mon Voyage.
(i) Voyage en Sibérie de M. Gritelirty édition FranÇoife , page 248 , Tome II. » En
» quittant Werkhotourie > nous voulûmes mefurer, par le moyen du baromètre, la bau-
« teur des montagnes voifines, qu’on nomme Montagnes dé Oural ou Monts Ryphées dans
» le village de’ Kyria qui eft à l’ôuèft de la montagne , mais non pas au iommet. M. Muller
» obferva -, le 4 Décembre ( 1742 ) , que depuis huit heures du matin jufqu’à deux heures
» après midi, la hauteur du baromètre rut de 16 pouces de Paris & de 26 centièmes. Le
» même jour, aux mêmes heures, elle fut à Werkhotourie de 27 pouces 63 centièmes.
(3) Hauteur"du baromette à Werkhotourie • . . .J . . x7 foac'ris
A Kyria . . . . • • * *- ’ * . 1 6 i6
Hauteur relative entre Werkhotourie & Kyria . . . . . 1 37.
Suppofant la hauteur moyenne du baromètre à Werkhotourie de 2 7 .0. 6 (Table
XXVI ) , on trouve ( Table XX) que 1 pouce 37 centièmes, ou 17 lignes, font égales
à z6cj toifeSr