6o$ V o y a g e e n S i b é r i e .
cette aifertion. Elles prouvent qu’en allant des monts Ry pliées vers
l’E ft,le terrein au-lieu de s’élever s’abailfe au contraire depuis cette
chaîne jufqu’à l’Irtyfz, fur une diftance de cent vingt lieues environ
; & l'on peut même s’aifurer de cette vérité indépendamment
de toutes mes obfervations. Il fuffit de jetter un coup d ceufi fur une
Carte quelconque de cette contrée, ou fur les miennes, ( N°. VIII,
X I I , ou XX VII ) , on y reconnoîtra une multitude de rivieres qui
ont leur fource dans les monts Ryphees leur cours a 1 E li, ayant
leur embouchure dans l’Irtyfz, à cent vingt lieues de la chaîne; &
par conféquent on defcend perpétuellement en allant des montsRy-
phées à l’Eft. J’ai déterminé la pente de ces rivieres par des obferva-
tions dont le détail ne laiiTe rien à défirer fur leur exaâitude (Voyez
Table X X V II ); & j’ai reconnu que la pente, depuis les montagnes
jufqu’à Tobolsk , étoit de 107 toifes; la hauteur de l’Irtyfz à
Tobolsk de 68 toifes au-delfiis du niveau de la mer, & de 47 toifes
au-deifus du niveau de la Seine à P iris,
M. de Mairan rapporte encore un paifage dans le meme endroit
de fon Mémoire ( page 2.56 ) : la Géographie de Cellarius, eitee
par ce favant Académicien, donne pour un fait que les monts Ry-
phées font perpétuellement couverts de neige. Ce fait ne feroit pas
une preuve que les montagnes dans les Pays du Nord font très ele-
yées ; maisd ailleurs je nie absolument le fait. J ai traverfe ces mpn-
jagnes à Ekaterinbourg au mois d’Août ; elles n'étoient pas couvertes
de neige : elle difparoît à la fin de Mai ( 1 ) dans les montagnes fie Soli-
kamskaia, quoique plus élevées & plus au Nord que celles d’Eka-
térinbourg ; & file fait rapporté par Cellarius avoit quelque fondement,
il n’auroit pas échappé à MM. Gmelin, Stralembérg, Muller,
& à tant d’autres Voyageurs qui ont parcouru cette contrée.
Quoiqu’il foit démontré par tout ce qui a été dit, que cette
n --—. ' • ^
h ) Partie hiftoriqse de mon Voyage, page Si.
contrée
N i v e l l e m e n t de l a R o u t e . 609
contrée n eftpas auflî élevee qu on 1 a cru : on peut encore confirmer
cette vérité par de nouvelles preuves qui feules décideroient la quef-
tion. •
C C C LX X IV . Tous les Phyficiens favent que les variations
du baromètre diminuent à mefure qu’on s’élève dans l’atmofphere ;
de forte qu a de grandes hauteurs, de fimples obfejrvations du baromètre
, comparées a la hauteur moyenne de cet infiniment au niveau
de la mer, fulfifent pour déterminer la hauteur de ces endroits.
Si l’on fuppofe cette Contrée élevée d’une demi-lieue feulement
au-deflus du niveau de la mer, au - lieu de deux lieues &
demie que M. Isbrants Ides donne à ces montagnes , alors le baromètre
doitfe foutenir plus bas fur ces montagnes de 6 pouces qu’au
niveau de la mer ; & la hauteur moyenne du baromètre ne feroit
dans ces endroits que de z z pouces , le mercure ne monterait jamais
à 13 pouces. Or, j’ai obfervé, dans l’endroit reconnu par
tous les Voyageurs pour le plus élevé de cette chaîne, la hauteur
du baromètre de zy pouces 11 lignes 8 douzièmes, fur le fommet
de la montagne de Kyria, le 4 Avril à huit heures du matin { Table
X X V III) ; & M. Gmelin , dans un endroit un peu plus bas,'
de 26 pouces y lignes ( page 6oy ) le baromètre fe foutenant plus
haut dans ces endroits de 4 pouces environ que la hauteur moyenne
de zz pouces. Çes obfervations démontrent donc que ces montagnes
ne doivent avoir que 400 toiles environ de hauteur, au-lieu
de zy 00 qu’Isbrants Ides leur attribue.
C C C L X X V . Si l’on, examine de la même maniéré toutes mes
obfervations faites en Rulfie, on trouve encore que ce Pays eft plus
bas qu’on ne l’a cru, puifque le baromètre fe fbutenoit par-tout
très haut. Pendant leféjour que j’ai fait à Tobolsk, depuis le Z3
Avril jufqu’au z8 Août; j’ai obfervé le baromètre à 28 pouces
10 lignes4 douzièmes, Je z8 Avril, à-peu-près comme on
1 obferve à Paris; & la plus petite hauteur a été de Z7 pouces
Tomel, Hhhh