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vingt-quatre toifes; & fi l’on prend un milieu entre ces deux réful-
tats, on aura la hauteur moyenne des mines de fer connues de deux
cent vingt-huit toifes au-deiTus du niveau de la mer ; tandis que les
plus hautes montagnes mefarées font de quatre cents foixante-onze
toifes, d’autres de trois cents neuf ; la hauteur moyenne de ces mêmes
montagnes eft de deux cents quatre-vingt-dix, & le fol ou le
plan fur lequel ces montagnes font placées, de cent cinquante toifes,
Les mines de fer fe trouvent, comme on voit parce calcul,
foixante dix toifes environ au-deffus du fol du terrein ou dans les
montagnes les plus baiTes ; ce qui eft parfaitement conforme au local
; on n’en trouve que rarement dans les montagnes élevées Si
dans le milieu de la chaîne,
Toutes ces mines font calcinées à l’air libre avant de les mettre
dans les fourneaux. On en forme des tas de deux pieds d’épaiifeur
fur des bûchers qu’on a difpofés dans des endroits fecs. Les mor.
çeaux de mines n’ont communément que trois ou quatre pouces en.
viron de diametre.
Toutes ces mines produifent du. fer d’une qualité particulière
doux, aigre & caiTant. Celles qui produifent un fer aigre & caiTant,
font communément les plus riches, comme les mines d’aimant
& la plus grande partie de celles des environs d’Ekatérinbourg,
dont la plupart doivent être rangées dans la claife des hématites 3
mais on mêle plufieurs mines de fer, en combinant celles qui font
douces Si liantes , avec celles qui font riches, aigres & caiTantes,
Le fer qui réfulte de cette combinaifon eft parfait & fupérieuf
pour certains ouvrages, 3 celui de Suède & d’Efpagne : il eft doux,
liant, Si conferve cependant une certaine folidité qu’on ne trouve
pas dans le fer d’Efpagne, Ce fer eft tenace à froid & à chaud ; fes
angles font nets. Si onlefrappe avec la partie aiguë d’un marteau, on
y fait une coche comme dans du plomb ; on caiTe à froid très diffi?
çilemenc çç fer, Le grain en eft fi fin, qu’on le diftingue avec peine
O b s e r v a t i o n s m i n é r a l o g i q ü e s. 66}
à la vue fimple : ilreflemble à l’acier dans fa fracture. On en fait
auflï des ouvrages de la plus grande délicateffe. Je pris un jour une
barre de quinze pieds de long fur trois pouces de large Sc fept lignes
d’épaiffeur ; l’ayant placée entre deux branches d’un arbre, je tournai
aifément cette barre autour de cet arbre ; je la retournai enfuite avec
la.meme.facilité, fans qu il fe fit dans les coudes aucune fente ni gerçure.
J’en ai rapporté des échantillons î la bonté de ce fer a étonné
nos ouvriers : il n’eft-pas affez connu en France ; il feroit avantageux
pour les deux Nations qu’il le fût davantage.
On ufe pour 100 poudes(i), ou 3 300 livrespefant de France,
une mefure de charbon de trois archines de hauteur (2,) , trois de
longueur Si deux de largeur ( ou fix pieds fept pouces de hauteur,
fix pieds fept pouces de longueur, Si quatre pieds cinq pouces de
largeur ).
Quelques-unes de ces forges produifent à ceux qui les poffedent
4000 roubles, ou zoooo livres de France, tous frais faits, & zooo
roubles, ou 10000 livres pour le paiement des ouvriers Si les autres
dépenfes.
Ce fer revient a 1 Entrepreneur à 1 1 fous de France le poude :
il fe vend fur les lieux y o fous, Si à Saint-Pétersbourg en gros 80.
On 1 y tranfporte pendant l’Hiver fur les traîneaux , Si pendant
1 Eté en partie fur les rivieres. On le vend aux Anglois, qui en
font le principal commerce (3).
Je n ai vu nulle part de forges de fer mieux montées & mieux entretenues
, que celles qui appartiennent, auprès d’Ekatérinbourg, à M.
le Comte de Woronzof. La perfonne qui en avoitla direction, étoi'c
( 0 Le poude vaut 40 livres pefant de Ruffie , & 3 3 livres pefant de France.
. ^ archine eft égalé à 1 pieds ^ pouces 6 lignes 3 dixièmes de France, mefure du
pied de roi.
(3) Jai eu ces détails à Ekatérinbourg, des perfonnes qui étoient à la tête de ces
mines.