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droit, & par la diftance de l’Obfervateur au point culminant ( i).
Connoiffant dans plufieurs obfervations l’azimuth de 1 éclair Si la
diftance de l’Obfervateur au point culminant, on détermine par
ces données l’efpace parcouru par l’orage fur le globe dans 1 intervalle
des obfervations, & par conféquent fa vîteffe ; car on a un
triangle dont on connoît deux côtés, Si l’angle compris, oppofé
au côté parcouru par l’orage. Cet angle eft la différence d azimuth
au temps des obfervations, & les côtés font les diftances de lOb-
fervateur au point culminant, déterminées dans le même temps.
On pourrait, d’après ces différents réfultats, tracer fur une
Carte la route qu’un orage a parcourue ; Si cette connoiffance
nous mettrait à portée de connoître avec certitude l’influence des
montagnes, des bois, des ri vicies fur les nuées orageufes. Ces vérités,
comparées à celles qui réfultent des autres obfervations, répandraient
le plus grand jour fur cette matière, fur-tout en obfer-
vant avec un éle&rometre les degrés de l’éledricite.
La pofition où je me trouvai à Bitche, ne me permit pas de
faire toutes ces obfervations : elles exigent un endroit d’où 1 on découvre
l’horifon. Je me bornai à obferver la diftance de 1 endroit^
de l’éclair à mon obfervatoire, par l’intervalle compris entre 1 éclair
& le bruit; & dans toutes mes obfervations faites à Paris & a To-
bolsk, j’ai déterminé les degrés de l’éleétricité fuivant la mechode
rapportée par M, l’Abbé Nollet dans les Lettres fur l’Electricice.
Mais la polltion de mon obfervatoire à Tobolsk étant des plus
favorables pour les obfervations que je m’étois propofé de faire, je
n’en négligeai aucune , ainfi qu’on le verra par la fuite.
Il réfulte de mes obfervations ( Chap. II ) que l’interValle entre
( 0 Les quarts-de-cercle portent communément un cercle parallèle à l ’h o r i f o n . avec
une alidade. En difpofant cet inftrument de façon que le point de o foit.dans le plan du
méridien, on détermine l’angle de l’azimuth de l’éclair, pendant qu on obferve fa hauteur.
J’ai toujours eu égard à la réfraétion dans la détermination de 1 angle de hauteur.
l’éclair
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f,éclair & le bruit n’a pas été quelquefois d’une fécondé; Si par con-,
féquent il eft démontré que l’inflammation s’eft faite, dans ces cir-
conftances, à la furfaçe de la terre, aux environs de l’endroit où
j’obfervois, puifqu’il y auroit eu un intervalle de 1", fi la diftance
de l’inflammation avoit été de 175 toifes : aufli j ai vu plufieurs,
fois, à Tobolsk & à Paris, la foudre s’élever de terre. Le 11 Juin,
à Tobolsk, elle partit même de la barre de- fer, pendant que je
faiiois mes obfervations. Le ciel .étoit ce jour-la très fgrein ; néanmoins
tout fembloit annoncer un orage; on relpiroit a peine, quoique
le thermomètre ne fût qu’à 18 degrés. Je navois jamais joui
d’,un temps fi calme : la tranquillité qui régnoit dans la nature,
portoitla trifteffedans lame; tous les animaux fembloient prévoir
cet orage par leur retraite, Un nuage des plus obfcurs parut vers
nfidi à l’horifon : il s’éleva infenfiblcment, & bientôt un bourdonnement
en annonça les approches ; cependant on ne voyoit
point d’éclair, on n’entendoit point le tonnerre. Ce bruit fo.urd
fut fuivi d’un vent impétueux ; il formoit fur la furface du globe,
des tourbillons de pouffiere qui paroifloient au loin, & ptecedoient
la nuée orageufe. Les éclairs ne tardèrent pas a paraître ; les coups
de tonnerre fe fuccédoient avec rapidité ; la lumière du Soleil s afî,
foiblit. A midi z8', je vis très diftinétement la foudre s’élever de
terre fous la forme d’une fuféc ( 1 ), a zy cj 2 toifes de diftance de
l’endroit où j’obfervois, & elle s’éleva juiqua 110 toifes de hauteur
: la barre donnoit alors de foibles marques d.ele£tricité. A
midi 3 s', elle augmenta fi confidérablement qu’on n’ofoit plus
toucher à la barre : on en,tirait des étincelles à la diftance de quatre
pouces, avec du fer attaché à un tuyau de verre. Les éclairs fe multipliaient
; le tonnerre ne çeffoit de fe faire entendre. L eleétri-
Obftyvanons de Tobolsk , Chap. I I , N°. VIII.
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