Les montagnes des Vôges ( Cartes II 8c X , 8c Coupe XIII ) forment
une chaîne du Sud au Nord , attenante dans la Franche-
Comté à la grande chaîne qui part du Nord de la mer en Galice,
traverfe d’Occident en Orient une partie du Globe en paffant de
l’Efpagne par la France, la Suiffe, & s’étend jufqu’àna Chine.
Les Voues doivent donc être coniidérées o comme une branche
de cette grande chaîne, à laquelle elles font preique perpendiculaires
; 8c allant du Sud au Nord, elles féparent la Lorraine de l’Alface,
traverfent une partie du Palatinat, 8c finilfent au-deffous de
Bingen.
Cette chaîne eft a l’occident du Rhin, 8c en eft éloignée de fept
à huit lieues affez conitamment, excepté dans les endroits où elle
fait des angles rentrants.
Si l’on coniidere maintenant les Montagnes Noires fituées à
îorient de ce fleuve à-peu-près à une égale diftance, on trouve que
celles-ci font attenantes à la grande chaîne : qu’après avoir traverfe
une partie de laSouabe &: du Palatinat, elles finiffent comme les
Vôges à Bingen.
Ces deux chaînes enferment ainfi FAIiàce de tous côtés, & une
partie du Palatinat. L'étendue du pays compris entre toutes ces montagnes
offre une plaine de près de foixante - dix lieues du Sud au
Nord, fur feize d’Orient en Occident.
Sil’ on fuppofe une ligne qui traverfe le milieu des Vôges du Sud
an N ord, on trouve que les montagnes les plus hautes fe rencontrent
fous cette ligne, 8c qu’elles diminuent enihite des deux côtés à
mefure quelles s’en éloignent, 8c qu’elles fe rapprochent de la plaine
vers l’Alface & la Lorraine. On remarque encore que du côté de la
Lorraine le terrein s’élève infenfiblement à mefure qu’on approche
des Vôges du côté de l’Alface la chaîne eft prefque coupée
à pic.
Parmi les. montagnes fituées fous la ligne dont on a parlé pli»
O b s e r v a t i o n s u i n è k a l o g r q u E s. 6 i $
haut, il en eft de différentes hauteurs : on en diftingue quatre principales,
qui s’élèvent en cône de 6oo toifes environ au-deffus dil
niveau de la mer. Telles font, le Bon-homme vis-à-vis de Sceleftat
dont il eft éloigné de fept lieues ; lé Dônon où la Satre prend fi
fource; le Pigeonnier auprès de Wiffembourg, 8c leTonnesberg
près dé Falckenftein. Ces quatre montagnes font diftribuées le long
de la chaîne, à-peu-près à égale diftance les urtes des autres, 8C
liées par d autres de toutes fortes de figures. Ces dernieres n’ont
communément que 3 ou 400 toifes de hauteur au-deffus du niveau
de la mer, 8c fe trouvent fous la même ligne que celles ci-deffus..
Les autres montagnes diminuent de côté & d’autre Vers l’Alface
& la Lorraine : elles n’ont que zoo toifes environ au-deffus du niveau
de la mer, avec cette différence qu’elles font plus efcarpées
du côté de l’Alface que du côté de la Lorraine. Il s’en trouve parmi
celles-ci qui font encore bien inférieures, & donc la plus grande
élévation n’eft que de yo à 60 toifes au-deffus de la plaine. Ces
dernieres font les feules qui foient cultivées ; les autres font couvertes
de bois 8s ne paroiffent propres qu’à cette feule produótion ,
foit à caufe du fol du terrein rempli de rochers, foit à caufe de l’ef-
carpement des rampes. C ’eft au bas de celles-ci que l’on trouve' les
bois les mieux venants, les pluies y ayant entraîné une partie des
terres de leurs fommets. On ne voit fur ces cimes que quelques arbres
rabougris de peu de hauteur, 8c le plus communément des rochers
en maffe & à découvert. Quelquefois au-deffus de ces maffes s’élèvent
des groupes d’autres rochers qui ont 40 à y o pieds de hauteur ;
quelques-uns ayant leurs bafes plus étroites que leurs parties fupé-
rieures, & étant de figure irrégulière, ne repréfentenc qu’un afpeéfc
effrayant caufé par leur énormité en groffeur, & redoutable par
leurs fituations inacceffibles. A juger de l-intérieur de ces montagnes
par tout ce qu’on voit d’apparent, elles ne font pas de même
nature à beaucoup près. La plupart, 8c généralement les plus hautes ,