& il éprouvoit dans cet endroit une douleur infupportable : la1 peau
qui le couvroit n’étoit point brûlée, elle étoit feulement bleuâtre.
Le y Août cette partie étoit encore engourdie, ainfi que toutes
celles ou la foudre avoit laifle des marques. Les poils de cet endroit
du corps étoient totalement brûlés, & la peau n’étoit pas endommagée
, exceptédans les endroits oû les poils étoient clairs : les cuiilès
n’avoient pas fouffert. On obfervoit, depuis le jarret jufqu’aux
doigts du pied de la jambe gauche, une trace femblable à celle que
laille une traînée de poudre qui a été enflammée : le petit doigt 8c
•celui du milieu avoient été frappés. La jambe droite ne portoit aucune
marque de la foudre, excepté à la plante du pied :■ on décou-
.vroit fous, le talon une empreinte de la grandeur d’un écu de fisc
livres» Il paroît que cette partie avoit été frappée la première de la
foudre, qui par conféquent avoit eu fon effet de bas en haut : cela
eft d’autant plus vrai-femblable, que ce pay fan. avoit fauté par-deflus
un arbre qui étoit d’un fi gros diametre, que cet homme n’auroit pas
pu paflèr par-deflus, même en fanté, à caufe de fon grand âge. L ’enfant
m’aflura avoir vu la foudre à quelques toifes de l’arbre,. & quelle
lui avoit paru- venir d’en haut; mais le préjugé de cet enfant &
l’obfcurité de lès réponfes- ne me permettent pas d’établir quelque
chofe de polîtif lur fon témoignage.
La première fois que ce payfan reprit connoiflânce, il reflentit
dans tout fon corps un plus grand- froid qn’il n’en avoit éprouvé
dans les plus grands- hivers :: ce froid dura trois ou quatre jourse
après cet intervalle , il ne le fentoit que lorfqu’on lui ôtoit les appareils.
Je demandai à cet homme s’il avoit apperqu la foudre, & quel
léntiment il avoit éprouvé lorfqu’il: en fut frappé : il me répondit
qu’il n’avoit rien vu ni fenti. N ’ayant pu en tirer aucune autre
iéponfe y je le conduits à ma machine éledrique ; je chargeai la
bouteille de Leyde, & lui fis tirer une étincelle à- l’ordinaire •. à
peine' eut-il éprouvé la commotion, qu il s écria que c étoit le tonnerre,
& confefla, fans qu’on l’interrogeât, qu’iléprouvoitlemême
fentiment ; & il en fut fi effrayé que je ne pus le déterminer à réitérer
l’expérience, qu’en faifant un cercle éledrique de plufieurs
perfonnes. Cette fécondé expérience, qui auroit dû le raflurer , lui
fit au contraire une telle impreflion, quil fe fauva fans vouloir
attendre la récompenfe que je lui avois promife ; & depuis ce temps,
quand il me rencontroit dans les rues les jours de marché, il pre-
noir à l’inftant un autre chemin.
L ’obfervation faite à Paris à l’Obfefvatoire, le 6 Août 1767,
éft encore une preuve que la foudre s’élève de la furfaee de la terre.
Le temps avoit été très chaud au commencement de ce mois. Le
thermomètre de M. de Réaumur étoit, le 3 , à £1 degrés-, à trois
heures après midi. La chaleur augmenta chaque jour. Le thermomètre
monta, le y , à z 6 d i ; & il étoit à zydle 6 à trois heures
après midi, le baromètre à a S pouces, & le vent à l’Oueft-quart-
Sud-Oueft.
A y heures du foir, un nuage des plus obfcurs annonçoitdel’o-
rage à l’horifon; le Soleil s’obfcurcic de plus en plus : à 7 heures
environ les éclairs commencèrent à briller, fans qu’on entendît le
bruit du tonnerre; ils augmentèrent à chaque inftant.- Je fus alors
à une fenêtre de la tour occidentale , pour y obièrver plus commodément
cet orage.- Le nuage fe développa. A 8 heures- environ,
il ocCupoit à l’horifon un arc de plus de 110 degrés depuis
l’Oueft jufqu’au Sud-Sud-Eft : la partie orientale du nuage me!
parut à 40 degrés de hauteur, & la partie occidentale étoit fous
l’horifon.
Le ciel étoit tout en feu f â 8 heures troisquarts, les éclairs fe fue-
cédoient avec la plus grande rapidité; leur lumière éclaircit quelquefois
une partie du ciel de plus de 30 degrés parallèlement à l’ho-
ïkbn fur ly & zo degrés de hauteur. Jé navois pas entendu aa