DE L’ÉLECTRICITÉ NATURELL E .
C H A P I T R E P R E M I E R , .
M o N Ouvrage .étant plus étendu que je ne favpis imaginé lort
que j en ai commence 1 impreffion, j ai été obligé de me borner dans
cette partie aux obfervations que j ai faites fur l’éleétricité naturelle.
On 41 y trouvera que quelques réflexions propres à répandre du jour
fur les expériences.
Le tonnerre eft maintenant dans la clalïedes phénomènes électriques
; ceft une vérité conftatée, d’après laquelle il faut partir
dans la recherche des effets de ce météore. J’étois perfuadé, en
i 7J7 j flU-c les nuages orageux çtoient toujours enveloppés d’une
matière électrique, & qu’ils étoient des conducteurs d’où partoient
ces éclats de foudre qui, après avoir traverfé les airs, portent l’effroi
& le defordre fur la furface du globe. J élevai, d’après ces idées,
en plein air une barre de fer, fuivant la méthode ordinaire, dans
le deflein de déterminer 1 étendue de l’atmofphere éleétrique des
nuages, & les rapports des degrés d’électricité analogues aux cir-
conftances & aux différentes diftancès de la barre au nuage où je
fuppofois que ie faifoit l’inflammation. Je reconnus & m’affurai
bientôt que dans prefque toutes mes obfervations, l’inflammation
s etoit faite a la furface de la terre, d’où la foudre s’élevoit, au-lieu
de fe précipiter des nuages. Cette vérité, que je regardois alors
comme une découverte , ne l’étoit cependant pas ; M. le Marquis
<le Mafei, des 1713 (1), en aVoit conçu l’idée , & l’avoit prouvé
[j) Lettres de M. le Marquis de Mafei, imprimées à Vérone en 174-7.
quoiqu’il fût dans l’erreur fur la matière qui compofe la foudre.
Jean-Baptifte Beccari (1) ne confidérant la foudre que comme une
matière éledtrique, s’eft occupé long-temps de ce phénomène, de
a reconnu que la foudre s’élevoit fouvent de la terre. Prefque
tous les Phyficiens font maintenant également convaincus- de cette
vérité. Les moyens dont: j’ai- fait ufage pour la découvrir, font
fimples & de la plus grande évidence.
La Phyfique-détermine la diftance de 1 endroit ou je faifois mes
obfervations, à celui de l’éclair, par 1 intervalle du temps compris
entre fédair & le bruit, en fuppofant-qu’une fécondé répond à 173
coifes. Cette diftance eft. l’hypothénufe d’un triangle re&angle’,
dont un des côtés eft tangente à la furface du globe,- & 1 autre eft
la perpendiculaire abaiffée de l’endroit de l eclair. J appelle 1 endroit
de la terre où tombe cette perpendiculaire, le point culminant ¿ la
tangente exprime la diftance de 1 Obfervateur au- point culminant ,
& l’hypothénufe du même triangle,. la longueur du rayon vifueL'
On détermine facilement, avec un quart-de-cercle, 1 angle a
BObfervateur, compris entre le rayon vifuel & la tangente qui
exprime la diftance de l’Obfervateur au point culminant (2.); &
" alors on connoît tous les éléments-de ce triangle :■ on a par confé-
quent la vraie diftance de l-’Obfervateur au point culminant, qui
eft l’endroit de la; furface du globe d ou 1 etincelle eft partie, & la
hauteur apparente de l’éclair , qu’il faut réduire a-la: véritable (3).
On peut déterminer avec la même facilite, a chaque obferva-
’ don-, farimuth de l’éclair, formé-par la ligne méridienne de l’-enV
(i) Ëetttes-fur l’Eletftrfcité naturelle-, de Jean-Baptifte Beccari-, Profeflèur de ghy*
fiqne expérimentale dans l'yniverfltétoyale de Xurin, imprimées i Bologne en 1758.
(1) Voyez-la Préface , pagexv.
(,) Cette c o r r e é t i o n , indjfpenfable dans lé nivellement, eft de peu de confequence.-
dlns cette circonftance , deui ou trois toifes d’etreut n'influant en tiendans les réfultat»
qu-’on.déduit, deces-oUervations : fy.ai cegendanteu égard.-