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ne font que des rochers rarement par couche ; mais le plus fouvent
la montagne totale n’eft qu’un feul rocher depuis fon fommetjuf-
qu’a fa bafe, où l’on ne remarque aucune couche horifontale. C’eft
dans ces montagnes que l’on trouve les mines de cuivre, de plomb,
d’argent, ainfî qu’à Géromanie & à Sainte - Marie. Elles m’ont
toutes paru depuis cet endroit jufqua Walsbrom de granit & de
roc vif en maife où l’on ne trouve jamais de coquilles.
Les montagnes de la fécondé efpece, que j’ai dit diminuer
depuis le milieu de la chaîne jufque vers l’Alface & la Lorraine,
ne fuivent aucune loi confiante dans leur compofition, fi.
non qu’elles font prefque toutes formées par couches horifontales.'
La plupart font compofées de lits de rochers pofés en quelques endroits
fur du fable, & dans d’autres les couches de rochers foutien-
nent celles de fable. On trouve dans ces montagnes de l’agate, des
coquilles, de la glaife ; d’autres ne font compofées que de pierres de
fable, dune dureté moyenne, pofées par couches de deux pieds
depaifleur, & qui continuent ordinairement depuis le fômmet de
la montagne jufquà fa bafe : la plupart de celles du Comté deBitche
font de cette nature. On n’y trouve pas de coquilles, mais feulement
quelques pétrifications de végétaux. Ces dernieres montagnes contiennent
généralement de la mine de fer, qu’on appelle mine de
roche : elle fe trouve par veine dans la pierre de fable dont nous
avons parlé. Il paroît que le rocher a été formé en partie par le fable
ou le fer avoit été minéralifé. Le produit de cette mine eft très modique.
On en trouve dans tout le Comté de Bitche, fur une furface
de plus de trente lieues quarrées.
Les montagnes qui bordent l’Alface, & qui ne font élevées au-
deifus de la plaine que de 140 toifes environ, font encore en partie
d une nature différente. Plufieurs ne font compofées que de pou-
dingues : telles font celles de Prés, de Vangenmille, de Neuviller &
des environs. Quoiqu on trouve peu de coquilles dans ces dernieres
O b s e r v a t i o n s m i n é r a l o g i qu e s. 6 i f
montagnes, on voit cependant qu’elles doivent leur origine aux
eaux de la mer qui ont couvert cette contrée.
Les coquilles font auffi communes dans les plaines de l’Alface
& de la Lorraine, qu’elles font rares dans les montagnes des
Vôges. On trouve dans ces provinces beaucoup de griphites ,
des cames, des peignes, des entroques, des cornes d’Ammon,
des moules, des huîtres, des poules, & des coqs & poules. Toutes
ces coquilles font difperfées dans l’Alface, dont le fol eft beaucoup
plus bas par la même latitude que le terrein de la Lorraine
&du Wirtemberg ; & l’Alface forme un baffin dont le Rhin
eft l’endroit le plus bas. J’en ai fait la coupe ( N°. XIII) qui démontre
que la plaine de l’Alface a été long-temps couverte des
eaux de la mer, après qu’elle a eu abandonné la Lorraine & le Wirtemberg.
On trouve encore dans la plaine de l’Alface quantité de mines de
fer de différentes efpeces.
On en tire auprès de Mulhaufen , qu’on appelle mine platte à
caufe de fa refTemblance avec des cailloux plats,, dont les plus gros
ont communément fix lignes de diametre, & quelquefois deux
pouces environ. Ceux-ci font irréguliers , & reffemblent à des
ge'odes : ils font la plupart remplis de craie, & on y voit dans
l’intérieur des ramifications fembiables à du fer natif. Cette mine fe
trouve par tas a fept ou huit pieds de profondeur, plus ou moins ,
ainfi que les fuivantes. Le produit de cette mine eft de trente livres
de fer par quintal de matière lavée : le fer qu’elle produit eft aigre ,
&n eft guere propre qu a des boulets & à des tuyaux pour conduire
les eaux; mais alliant cette mine avec d’autres plus douces, il en
ïelulte un fer parfait.
Aldorf, territoire de Neubourg, a dans fes environs de la mine
en grains de figure très irrégulière : les plus gros ont trois ou quatre
ngnes de diametre. Cette mine eft liante & douce : elle produirait